Si le milieu d’évolution de l’aviation légère de l’armée de Terre (ALAT) est la troisième dimension, son milieu d’intervention est incontestablement le milieu terrestre. Dès son origine, l’ALAT a été conçue par l’armée de Terre pour être intégrée à la manœuvre terrestre et a su évoluer pour s’adapter au cadre des engagements actuels.
Créée en 1954 après avoir au départ mené des missions d’hélitransport et d’évacuation, l’ALAT après l’Algérie, grâce aux importants progrès technologiques, a développé ses compétences dans l’ensemble des domaines d’action des armées de la fonction « contact », devenant une des composantes majeures de la manœuvre aéroterrestre et l’arme de la surprise, de l’initiative et de l’action.
Pion de la manoeuvre, dotée de capacités de commandement et de coordination permettant des bascules d’effort en conduite ou le cloisonnement de zones d’opérations, l’ALAT est capable de réversibilité à l’instar de l’infanterie et de la cavalerie avec lesquelles son action est toujours combinée.
Elle mène, de jour comme de nuit, l’ensemble des missions offensives, défensives, de sécurisation, d’assistance et de la sauvegarde terrestre dévolues à la fonction contact. Elle permet aux troupes au sol auxquelles elle est intimement liée grâce à une culture, une formation et des systèmes d’information et de communication communs, de bénéficier de la combinaison des feux et de la mobilité en complément des moyens interarmes. C’est l’objectif du CCA (Close Combat Attack) désormais maitrisé par l’ensemble des chefs de section, pelotons et chef de groupe de l’armée de Terre, qui permet, grâce à l’intégration des hélicoptères à la manoeuvre terrestre, à une unité au contact de bénéficier d’un appui feu effectué dans l’urgence (ou planifié) tout en laissant aux équipages l’initiative de manoeuvres complémentaires.
L’exemple afghan
L’Afghanistan illustre bien l’évolution de l’ALAT: la mission initiale centrée sur l’évacuation sanitaire ou la récupération d’équipages s’est progressivement transformée en mission d’aérocombat avec la création du BATHELICO, troisième pion tactique aux coté des deux Groupement tactiques interarmes (GTIA) au sein de la Task Force La Fayette. Regroupant toutes les composantes aéromobiles (reconnaissance, attaque et manoeuvre), les missions en Kapisa et Surobi sont exécutées par des patrouilles mixtes en fonction de l’effet tactique recherché. La complémentarité de tous ces moyens, valorisés par l’arrivée du Tigre, permet d’effectuer du CCA, véritable manœuvre aéroterrestre de l’échelon tactique à laquelle les unités au sol s’entrainent pendant toute la mise en condition opérationnelle.
L’ALAT, premier opérateur d’hélicoptère des forces armées
Au sein des forces armées, l’ALAT est de loin le premier opérateur d’hélicoptères avec 355 machines réparties en 185 Gazelle, 23 Tigre, 129 HM et 18 Fennec, ce qui représente plus de 68% de la flotte des hélicoptères des forces armées, l’armée de l’Air ayant 81 hélicoptères et la Marine 82. (pour mémoire, la gendarmerie a 54 machines et la Sécurité civile 36).
Proportionnellement, l’ALAT est aussi l’opérateur le plus fortement engagé en opérations extérieures.
Un plan de stationnement rationnalisé
Afin de sauvegarder l’espace aérien, faciliter la préparation opérationnelle (20.000 mouvements aériens / an / plateforme), rationnaliser le soutien et disposer de la réserve foncière suffisante à l’accueil des hélicoptères de nouvelle génération, l’ALAT s’est regroupée sur trois plateformes (Phalsbourg, Etain, Pau) qui, d’ici à 2011, auront toutes une structure identique:
• Un bataillon d’appui aéromobile (BAA): UCL (unité de commandement et de logistique), contrôleurs aériens,
PRB (peloton de reconnaissance et balisage)
• Un bataillon d’hélicoptères de reconnaissance, manœuvre et d’assaut (BHRA)
• Un bataillon d’hélicoptères de manoeuvre (BHMa)
Ces bataillons d’hélicoptères entrainés selon les standards OTAN fourniront l’ossature des groupement et sousgroupement aéromobiles requis par chacun des engagements définis par le contrat opérationnel.
Des logiques d’emploi très similaires d’un pays à l’autre
Au sein de l’Union européenne, aucune organisation de l’ALAT n’est comparable : si les Britanniques ont fait le choix d’un commandement interarmées pour les hélicoptères en créant en 1999 le Joint Hélicopter Command (JHC) au sein du HQ Land, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne ont conservé une ALAT avec un commandement au sein de l’armée de Terre et des brigades ou des régiments subordonnés regroupant HA (hélicoptères d’attaque) et / ou HM (hélicoptères de manoeuvre). Les Allemands ont interarmisé le soutien et les Italiens la formation.
Les retours d’expérience de l’armée britannique en Irak et en Afghanistan confirment leur difficulté, malgré la création du JHC, à entrainer et engager conjointement au sein de la manœuvre aéroterrestre, de façon optimale, leur HM (armée de l’Air) et leur HL (armée de Terre) par absence de culture commune.
Création du Commandement interarmées des hélicoptères
(CIH) en 2009
Créé pour rationaliser et optimiser l’emploi des moyens lors de missions communes, interarmées, voire interministérielles, le CIH, avec qui l’armée de Terre collabore étroitement, conseille le CEMA et les chefs
d’état-major d’armées sur les « problématiques hélicoptères ». Il est l’interlocuteur privilégié du Centre de préparation et de conduite des opérations (CPCO) mais aussi de l’autorité de coordination et de standardisation
du domaine des hélicoptères.
En définitive, « seule une manoeuvre combinée entre forces au sol et hélicoptères peut permettre d’emporter la décision.
L’ALAT est plus que jamais l’arme de la surprise tactique au ras du sol. L’aérocombat et le combat terrestre sont donc aujourd’hui nécessairement confondus. La troisième dimension tactique est non seulement consubstantielle à l’efficacité des forces terrestres mais elle est consubstantielle à l’armée de Terre »
(général d’armée Elrick IRASTORZA, chef d'état-major de l'armée de terre).