EUFOR TCHAD/RCA : le devoir accompli

L’opération militaire de l’Union européenne au Tchad et en République centrafricaine (Eufor Tchad/RCA) a achevé son mandat. Ce 31 mars , le général Georgelin, chef d’état-major français, reçevait le général irlandais Patrick Nash, commandant l’opération EUFOR Tchad / RCA, pour dresser un bilan d'une année d'intervention.

Du 15 mars 2008 au 15 mars 2009, cette opération militaire de transition, conformément au mandat de la résolution 1778 du Conseil de sécurité de l’ONU, a peu fait parler d’elle. Dans l’ombre d’événements plus “spectaculaires” : théâtre afghan, retour de la France dans l’Otan...

Or, comme le soulignait en coulisse de l’université d’été de la défense, à Saint-Malo, l’ambassadrice Claude-France Arnould (Consilium de l’UE), il serait spécieux de vouloir dresser une échelle de comparaison entre des moments internationaux qui n’ont aucun rapport. Eufor Tchad/RCA, opération la plus importante de l’UE en Afrique, a montré un certain savoir-faire de l’UE. 

Elle a associé 24 membres de l’UE et trois Etats tiers, dont la Russie, sixième contributeur avec 98 hommes. La France représentant la moitié du dispositif humain, tout en étant nation cadre du soutien logistique global de la force commandée par le général français Jean-Philippe Ganascia. L’opération étant placée sous la direction du général irlandais (l’Irlande est le deuxième contributeur en hommes) Patrick Nash.

Côté français (1 600 hommes), le retour d’expérience tactique est globalement positif. Avant leur déploiement, les unités s’étaient vraisemblablement nourries de notes en tous genres sur la situation instable de la région, déjà bien connue des militaires dans le cadre d’Epervier. Certaines analyses de l’état-major des armées insistaient sur la mission définie par la résolution 1778 : protection des civils et des populations réfugiées, faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire, protéger l’action des Nations unies, préparer un déploiement sécurisé de la Minurcat.

D’autres fiches évoquaient la dangerosité du théâtre. Le Darfour, “pays des Fours” (population éponyme du Darfour), occupe le cinquième de la superficie du Soudan avec 500 000 km2 pour une population estimée à un peu plus de 5 millions d’habitants. La guerre déclenchée en 2003 a provoqué l’exode de centaines de milliers de réfugiés qui se sont entassés à la frontière entre le Soudan et le Tchad, où ils furent traqués par les milices Janjawid (hommes à cheval, voire selon les traductions, diables à cheval armés). Eufor Tchad/RCA devant sécuriser la zone. 

En arrivant sur le terrain, les Français pouvaient donc s’attendre à faire la guerre au milieu de nulle part. Compagnies d’infanterie, escadrons de Sagaie, compagnies antichars, mortiers lourds étaient du voyage. Mais ni les Janjawid ni aucun autre groupe blindé du Soudan n’est venu défier les Français, qui ont dû rapidement s’adapter à leur mission de sécurité combinée aux actions civilo-militaires. Non sans une bonne rusticité (cantonnement sous tente en se contentant de rations de combat dans les six premiers mois).

Les unités se sont transformées en groupe de reconnaissance mobile appuyé par le couple des véhicules VLRA / P4. Les sorties, souvent effectuées de nuit, ne se faisant jamais sans les Sagaie pour dissuader les éventuelles ardeurs d’un ennemi jusque-là matérialisé par des truands de quartier et des coupeurs de route.

Parmi les points négatifs : le renseignement (il semble que les unités furent trop souvent livrées aux rumeurs colportées par la population...), malgré certains moyens comme le drone CL289, et la coordination avec les forces spéciales créant parfois des situations d’insécurité. Un constat qui rejoint celui de quasiment tous les autres théâtres. La balle est maintenant dans le camp de la Minurcat (Mission des Nations Unies en République Centrafricaine et au Tchad) : saura-t-elle être aussi efficace que la force européenne ?