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18 mars 2012 7 18 /03 /mars /2012 07:57

valcerc

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27 novembre 2011 7 27 /11 /novembre /2011 08:26

 

         Dès la révolution, l’armée de terre française comprend l’intérêt de s’élever au-dessus des obstacles.
         L’aviation légère de l’armée de terre tire ses origines de la bataille de Fleurus en 1794, lorsqu’est mis en œuvre le premier aérostat à des fins militaires.
        L’observation aérienne du champ de bataille répond alors principalement aux besoins de l’Artillerie et du commandement.
        Les premiers moyens utilisés par l’armée de terre sont les ballons captifs pouvant emporter deux observateurs.
        Toutefois, le caractère statique de cet observatoire et les difficultés d’emploi dues notamment aux conditions météorologiques, poussent à l’abandon du ballon au profit de l’avion.

        En 1909, six ans après le premier vol des frères Wright, l’Armée française, suivant attentivement les progrès de l’aviation, accueille ses premiers appareils.
        En 1911, chaque régiment d’artillerie est doté d’une section d’avions d’observation .
        En 1914, l’aviation de renseignement et d’observation française est la plus importante du monde avec 156 avions et 78 compagnies d’aérostiers ;La France est la seule à disposer d’une industrie aéronautique (la production atteint plus de 52000 exemplaires en quatre ans de guerre).

        En 1933, les avions quittent l’Armée de Terre avec la création de l’Armée de l’Air qui obtient rapidement une totale indépendance.
        En 1937, l’Armée de Terre crée alors un GOA (Groupe d’Observation d’Artillerie ) qui redonne aux corps d’armée un embryon d’aviation légère.
        A la fin de la guerre, les avions sont regroupés en GAOA (Groupe d’Aviation d’Observation d’Artillerie).

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        En 1948, le général LEJAY commande l’Aviation d’Artillerie.

        Les premiers hélicoptères équipent l’armée française à la fin de l’année 1953. Plus souple d’emploi que l’avion, son aptitude à remplir les missions EVASAN persuade l’état-major de l’Armée de Terre de créer une unité d’hélicoptères.

        Cette compagnie d’hélicoptères légers d’évacuations sanitaires ( des Hiller et Sikorsky ) s’agrandit et devient en 1954 le Groupement des Formations d’Hélicoptères de l’Armée de Terre en Indochine (GFHATI), sous les ordres du commandant CRESPIN.

        En 1952, une décision ministérielle crée l’ALOA (Aviation Légère d’Observation de l’Artillerie ).

        En 1954, l’ALOA est totalement « terrienne » et le béret bleu fait son apparition.

        L’ALAT est créée le 22 novembre 1954 : elle compte 9 GAOA et 2 GH (Groupe d’Hélicoptères).

        Si l’Indochine constitue un excellent banc d’essai pour l’ALAT, c’est véritablement en Algérie qu’elle acquiert ses lettres de noblesse. Les hélicoptères y démontrent l’étendue de leurs capacités et l ‘incomparable aptitude de leurs équipages à travailler avec les troupes au sol.

        Le GH2 (ex GFHATI) débarque en 1955 sous les ordres du LCL CRESPIN.

        Dotée de Sikorsky et de Vertol H-21 - qui reste dans la mémoire de l’Armée française sous le nom de « Banane » -  cette unité ouvre la voie à l’aéromobilité et écrit une page importante de l’histoire de l’ALAT.

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        Limités en capacités d’emport surtout en milieu montagneux, ces hélicoptères sont regroupés en DIH (Détachement d’Intervention Héliporté) pouvant tout de même transporter une compagnie en deux rotations.

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        Bien que l’association fantassins-bananes vole la vedette à son aînée le couple piper/canon, les avions qui sont regroupés dans des pelotons divisionnaires mixtes hélicoptères avions représentent encore l’essentiel du parc aérien de l’ALAT.

        Pour former les équipages, venant de toutes les armes, de ses 394 hélicoptères et 687 avions en 1960, l’ALAT transforme le GH1 en école d’application de l’ALAT à Sidi Bel Abbès.

        A partir de 1961, la composante de combat de l’ALAT est organisée en GALDIV (Groupe ALAT de Division), ces nouvelles unités portent le numéro de leur division et sont généralement composées de 4 escadrilles de 10 aéronefs :
- une escadrille d’avions d’observation, progressivement remplacés par des hélicoptères légers ;
- une escadrille de reconnaissance sur Alouette II ;
- une escadrille antichar dotée des Alouettes III SS-11 d’une portée de 2500 m ;
- une escadrille de transport sur Sikorsky S-55.

 

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        En 1962, l’Armée française retrouve ses quartiers, après 15 ans de campagne en Indochine et en Afrique du nord. L’ALAT doit alors créer son infrastructure. Pour répondre aux besoins des grands commandements, des Groupes ALAT (appelés successivement GALAT puis GALREG et enfin GHL en 1977) sont répartis sur le territoire.
        Ces petites unités, équipées d’Alouette II ont pour missions principales : les liaisons de commandement, les reconnaissances de terrain et l’évacuation sanitaire.

        Poursuivant son évolution, l’ALAT apparaît au niveau corps d’armée avec les GALCA au début des années 1970.

        En 1977, les GALDIV et GALCA sont restructurés en RHC (Régiment d’Hélicoptères de Combat) autour d’une flotte d’appareils performants de construction française : les Pumas succèdent aux Sikorsky et les Gazelles armées de missiles antichar HOT remplacent les Alouettes II et III à partir de 1974.

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        L’avion disparaît pratiquement de l’ALAT au profit de l’hélicoptère, dont la vulnérabilité est compensée par un concept français très novateur : le vol tactique.

        L’ALAT atteint son apogée en 1985 avec la création de la 4° DAM qui devient le fer de lance de la Force d’Action Rapide.
        Lors de la guerre du golfe, cette division engage successivement ses régiments et prouve son efficacité.

       L’ALAT, bien qu’ayant des origines lointaines est une composante jeune de l’Armée de Terre. De part sa spécificité aéronautique importante, son concept d’emploi n’a cessé d’évoluer au fur et à mesure des avancées technologiques et des menaces à traiter. Cette perpétuelle mutation, qui n’est pas prête de s’arrêter, notamment avec l’arrivée du Tigre et du NH90, a donné aux équipages de l’ALAT une remarquable capacité d’adaptation et d’innovation qui fait de l’ALAT un leader mondialement reconnu en matière d’aérocombat.

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18 mai 2011 3 18 /05 /mai /2011 07:46

 

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Allocution du 8 mai 2011 de Jacques Myard, député des Yvelines 

 

Après l’échec de la Luftwaffe contre la Royal Air Force lors de la bataille d’Angleterre à l’automne 1940, Hitler décide le 22 juin 1941 d’attaquer l’Union Soviétique, c’est le plan Barbarossa. 

La décision du dirigeant nazi répond à des motivations idéologiques, à sa volonté d’acquérir « l’espace vital pour le peuple des Seigneurs » dont il fit l’apologie dans « Mein Kampf ».

Les opérations militaires démarrent en trombe. 

L’Etat major allemand lance 800 000 hommes, des milliers de chars, 4000 avions à l’assaut.

L’armée soviétique est mal équipée, son état major désorganisé en raison des purges que Staline lui a fait subir en 1938-1939.

Dans les 15 premiers jours de l’offensive allemande, l’URSS perd plus de 2600 avions.

Le 15 septembre, les armées de Boudienny sont détruites, les Allemands font 700 000 prisonniers.

Après l’opération Typhon, les avant-gardes allemandes sont à Kalinine à Majaïsk et Kalouga, à 100 km de Moscou. Heureusement pour les Russes, des pluies diluviennes font déborder les rivières, des milliers de chars s’embourbent c’est la « Raspoutitza », la saison des mauvaises routes.

 

Staline fait affluer des renforts d’extrême orient et d’Asie centrale. Les divisions sont bien équipées pour l’hiver. Fin novembre le général hiver arrive en renfort avec des températures de –35°C.

L’armée allemande en raison des difficultés de transport n’a pas les équipements pour l’hiver.

Les Soviétiques contre-attaquent, les Allemands tiennent dans des « hérissons » mais devant Moscou, la Wehrmacht connaît à l’hiver 41/42 sa première défaite.

A Londres, le Général de Gaulle décide que la France doit participer aux combats qui se déroulent à l’est. Pour le Général de Gaulle, il ne s’agit pas de conforter Staline. Il est sans illusion sur lui : « Discuter avec les Soviétiques, c’est déjà céder » dit-il. Il ne s’agit pas non plus d’un enjeu militaire, mais d’une raison politique et diplomatique : la France se doit d’être présente à la Victoire sur tous les fronts.

Le 26 novembre 1942, un accord est conclu avec l’URSS, à cette fin, dès le 1er septembre 1942, le Général Valin, commandant des forces aériennes françaises libres, reçoit l’ordre de créer le groupe de chasse N°3, constitué au Liban, il prend le nom de Normandie connu plus tard sous le nom de Normandie-Niemen .

 

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Fin novembre 1942, 60 volontaires pilotes et mécaniciens arrivent à Ivanovo au nord de Moscou.

A leur arrivée les pilotes français s’entraînent sur des Yacks. Les Yacks sont des avions construits par Alexandre Yakovlev. Ils sont équipés de puissants moteurs développés  à partir d’une licence achetée en 1938 à Hispano-Suiza.

En Mars, l’escadrille Normandie est intégrée à la 1ère armée, à la 303 division aérienne du général Zakharov et du Colonel Goloubov.

L’escadrille française est tour à tour sous les ordres des commandants Joseph Pouliquen, Jean Tulesne, Pierre Pouyade et Louis Delfino.

Les 5 et 13 avril 1943, ce sont les premiers engagements , les premières victoires, les premières pertes, 3 pilotes sont abattus.

Le pilote Deville Jacques, saute en parachute, fait prisonnier, il est fusillé par les Allemands sur l’ordre express du Général Keitel de sinistre mémoire.

La 1ère campagne se termine à Sloboda, 70 avions allemands abattus. Mais le bilan est lourd, 8 pilotes sur 14 sont morts au combat.

Les conditions de vie sont terribles. Roger Sauvage décrit leur logement :

« Nous occupons une maison en bois, le côté gauche fait office d’écurie, le côté droit sent la morgue… l’éclairage, c’est un obus rempli d’huile avec une mèche. Rien pour se laver. Notre ordonnance sorti d’un roman de Tourgueniev nous montre une boite de conserve de deux litres ».

A l’hiver 1943/44, l’escadrille va reprendre l’offensive de Smolensk jusqu’en Allemagne.

Le 29 juillet 1944 Staline publie une ordonnance.

« Les troupes du troisième front ont passé le fleuve Niemen… Après trois jours de combats elles ont pénétré de 50 km dans les lignes ennemies. Dans cette bataille pour le passage du Niemen se sont distingués les pilotes du Colonel Pouyade. Pour célébrer la victoire, les unités porteront le nom de Niémen. »

 Le 16 octobre, l’escadrille abat 29 avions allemands en une journée. Le 27 novembre 1944 pour la première fois, l’escadrille se pose en Allemagne. Le 9 décembre 1944, les pilotes de l’escadrille rencontrent le Général de Gaulle. Il les décore.

 « Sur la terre russe martyrisée comme la terre de France, Normandie-Niemen soutient, démontre et accroît la gloire de la France » De Gaulle

 

Après la victoire du 8 mai, l’escadrille rejoint Moscou. Staline offre à chaque pilote son avion, un Yak 3. Le 20 juin 1945, Normandie-Niemen se pose au Bourget.

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Une poignée de pilotes a porté haut la gloire des ailes françaises.

Ils ont effectué :

5 000 heures de vol

Livré 900 combats

Remportés 273 victoires homologuées, 37 probables

Perdu 45 pilotes

Normandie-Niemen est la première escadrille de chasse française.

Gardons en mémoire

-       Marcel Albert, 25 victoires, Compagnon de la Libération, 2ème chasseur français derrière Pierre Clostermann, 33 victoires

-         Roger Sauvage, le Martiniquais, 21 victoires

-         Robert Marchi, l’acrobate, 15 victoires

21 pilotes ont été faits Compagnons de la Libération par le Général de Gaulle.

Les victoires de haute lutte de l’escadrille Normandie-Niemen dépassent largement leur cadre militaire.

Le Général de Gaulle, en envoyant cette poignée d’hommes se battre aux côtés des Russes, savait qu’au-delà de la gangue du communisme demeure le peuple russe qui doit avoir sa place dans le système européen.

La France, même symboliquement, se devait d’être à côté du peuple russe qui a payé un tribut effroyable pour sa liberté en luttant pied à pied contre l’envahisseur nazi : 28 millions de morts.

La vision prophétique du Général de Gaulle trouve aujourd’hui toute sa mesure dans l’entente réelle qui se construit entre Paris et Moscou en passant par Berlin. Les idéologies sont heureusement mortelles, seuls les peuples, les nations demeurent.

Les peuples russes et allemands en ont fait pour notre bonheur la démonstration.

Nul doute que la fraternité d’armes entre Français et Russes a contribué à transcender, à dépasser les idéologies les plus archaïques pour retrouver l’Homme.

De Gaulle n’a-t-il pas confié à Alain Peyrefitte : « la Russie boira le communisme comme le buvard l’encre »

En ce 8 mai, le souvenir nous étreint, mais nous ne regardons pas le passé, nous sommes résolus à regarder vers l’avenir en gardant à l’esprit les leçons de notre histoire, les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets.

Dans ce monde implacable, toute faiblesse dans notre effort de défense est coupable.

 Trop d’hommes sont tombés dans ces combats pour que nous oubliions le sens de leur sacrifice : la défense de la Nation, la défense de notre liberté.

A l’heure où nos troupes sont engagées dans de nombreux théâtres d’opérations extérieures et portent les mêmes valeurs que leurs glorieux anciens des forces françaises libres, soyons déterminés à maintenir la crédibilité de nos forces armées pour que vive la flamme de la liberté.

 

Vive nos Alliés

Vive les Nations européennes réconciliées

Vive la République

Vive la France

 

 

 

Jacques MYARD

Député des Yvelines

Maire de Maisons-Laffitte

La souveraineté de la France est le fondement de notre liberté.

 

 

Voir aussi le site : http://normandieniemen.free.fr/

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10 mai 2011 2 10 /05 /mai /2011 12:24

7 Mai 1954 : La chute de DIEN BIEN PHU

                                     

 « Le Soldat n’est pas un homme de violence. Il porte les armes et risque sa vie pour des fautes qui ne sont pas les siennes. Son mérite est d’aller sans faillir au bout de sa parole tout en sachant qu’il est voué à l’oubli »  (Antoine de SAINT EXUPERY)        

 

dbphuDiên Biên Phu, le « grand chef lieu d’administration frontalière » est habité par les Meos, rudes montagnards qui cultivent le pavot et font commerce de l’opium et par les Thaïs qui travaillent les rizières de la vallée et font du petit élevage. Cette localité, à la frontière du Laos, est reliée au reste du pays par la route provinciale 41 qui va jusqu’à Hanoï située à 250 kms et vers la Chine. C’est une cuvette de 16kms sur 9 entourée de collines de 400 à 550 mètres de hauteur et traversée par la rivière Nam Youm.

Au début de l’été 1953, l’Indochine entre dans sa 8ème année de guerre. Le Vietminh, très mobile, se meut avec facilité sur un terrain qu’il connaît parfaitement. Son corps de bataille est de surcroît numériquement très supérieur à celui du corps expéditionnaire français et bénéficie, en outre, de l’aide sans réserve de la Chine libérée de son action en Corée depuis la signature de l’armistice, le 27 juillet 1953. C’est dans ce contexte, que le 7 mai 1953, le Général Navarre se voit confier le commandement en chef en Indochine en remplacement du Général Salan. Navarre avait un grand principe : « On ne peut vaincre qu’en attaquant » et il décidera de créer à Diên Biên Phu une base aéroterrestre pour couper au vietminh la route du Laos et protéger ainsi ce pays devenu indépendant.

            Quand les responsables français décident d’investir, la cuvette de Diën Biën Phu, ils savent pourtant que des forces régulières vietminh importantes de la division 316 du régiment 148 et du bataillon 910 occupent solidement la région depuis octobre 1952. Qu’à cela ne tienne ! L’endroit paraît idéal au commandant en chef ! Il est un point de passage obligé pour le vietminh qui ne pourra que très difficilement le contourner… De plus, il bénéficie d’un aérodrome aménagé durant la deuxième guerre mondiale par les Japonais tandis que le fond de la cuvette est une véritable plaine de plus de 100km² qui permettra l’emploi des blindés. Par ailleurs, le commandement français considérait en cet automne 1953 que le vietminh, vu l’éloignement de ses bases, à 500 kms de Diên Biên Phu, ne pourrait entretenir dans le secteur que deux divisions maximum… Il en conclut donc qu’il ne pourrait mener que de brefs combats en ne disposant, en outre, que d’une artillerie limitée qu’il sera aisé de détruire par les canons du colonel Piroth, qui s’était porté garant.

            L’occupation de la cuvette fut fixée le 20 novembre 1953. Elle fut baptisée « opération Castor ». Ce sera le plus important largage de parachutistes de toute l’histoire de la guerre d’Indochine. Vers 11 h du matin, les deux premiers bataillons sont largués : Le 6ème Bataillon de Parachutistes Coloniaux du Commandant Bigeard et le 2ème Bataillon du 1er Régiment de Chasseurs Parachutistes du Commandant Brechignac. Puis arriveront : le 1er Bataillon de Parachutistes Coloniaux, deux batteries de 75 sans recul du 35ème RALP, une compagnie de mortiers de 120 et une antenne chirurgicale. Le lendemain, les légionnaires du 1er Bataillon Etranger de Parachutistes sauteront ainsi que le 8ème Bataillon de Parachutistes Coloniaux, des éléments du génie et le PC de l’opération (général Gilles, lieutenant-colonel Langlais avec 25 hommes). Le 22 novembre, le 5ème Bataillon de Parachutistes Vietnamiens est largué à son tour. Au soir du 22 novembre 1953, il y aura 4195 hommes dans la célèbre cuvette.

            Durant près de quatre mois, les soldats français vont aménager la cuvette en camp retranché. Les petites collines entourant le camp prennent le nom de Gabrielle, Béatrice, Dominique, Eliane, Anne-Marie, Huguette, Claudine, Françoise, Liliane, Junon, Epervier et enfin Isabelle.

            L’offensive vietminh débute dans la soirée du 13 mars 1954 par une intense préparation d’artillerie (près de 9000 coups) visant particulièrement Béatrice et Gabrielle. Le combat du tigre contre l’éléphant commençait : Le tigre tapi dans la jungle allait harceler l’éléphant figé qui, peu à peu, se videra de son sang et mourra d’épuisement.

            Le point d'appui Béatrice est écrasé par les obus de canons et de mortiers lourds. Pendant plusieurs heures il reçoit des milliers d'obus. Les abris, n'étant pas conçus pour résister à des projectiles de gros calibre, furent pulvérisés. La surprise est totale dans le camp français. Malgré un combat acharné et sanglant, au prix de lourdes pertes de part et d’autre, Béatrice, tenu par la 3/13ème Demi-Brigade de la Légion Etrangère, commandée par le Commandant Pégot, fut enlevée par les Viets en quelques heures. Un malheureux concours de circonstance favorisa cette rapide victoire vietminh : les quatre officiers dont le lieutenant-colonel Gaucher, responsables de la défense de Béatrice furent tués dès la première heure par deux obus qui explosèrent dans leur abri. En une nuit, c'est une unité d'élite de la Légion qui est supprimée. Nul n'a imaginé un tel déluge d'artillerie. La contre batterie française se révèle inefficace. Le Viêt-Minh utilisant une énorme capacité en bras, a pu creuser des tunnels en travers des collines, hisser ses obusiers et s’offrir plusieurs emplacements de tir sur la garnison sans être vu. Des terrasses furent aménagées et dès que les canons avaient fini de tirer, ils regagnaient leur abri. De ce fait jamais l'artillerie française ne fut en mesure de faire taire les canons Viêt-Minh, pas plus que les chasseurs-bombardier de l'aéronavale.

            Dans la soirée du 14 mars, Gabrielle, défendue par le 5/7 Régiment de Tirailleurs Algériens, subit un intense et meurtrier pilonnage d’artillerie. A 5h, le 15 mars, le vietminh submerge la position, dont les défenseurs ont été tués ou blessés. L’artillerie ennemie –que l’on disait inefficace- fait des ravages parmi les défenseurs sans que l’on puisse espérer la réduire au silence. Conscient de cet échec et de sa responsabilité, le Colonel Piroth, responsable de l’artillerie française se suicidera dans la nuit du 15 au 16 mars en dégoupillant une grenade.

            Cependant, la piste d’aviation, bien que pilonnée quotidiennement -mais aussitôt remise en état- permettait l’arrivée régulière des renforts. Ce pilonnage s’intensifiant, les atterrissages de jour devinrent impossibles et les appareils durent se poser de nuit dans les pires conditions. Bientôt il fallut renoncer complètement et les assiégés se retrouvèrent, dès lors, isolés du reste du monde. A noter que le 28 mars, l’avion devant évacuer les blessés de la cuvette, endommagé au sol, ne put décoller. L’infirmière convoyeuse de l’équipage, Geneviève de Galard, était à bord. Elle restera jusqu’à la fin parmi les combattants.

            Le général vietminh Giap, afin de s’infiltrer plus facilement dans les défenses françaises, fit alors intervenir des milliers de coolies dans le creusement d’un réseau de tranchées, véritable fromage de gruyère, menant aux divers points d’appui. Le 30 mars, après une préparation d’artillerie très intense et l’infiltration des viets par ces tranchées, Dominique 2 et Eliane1 furent prises. Cependant, les parachutages français continuaient encore dans la plus grande confusion. La superficie de la base aéroterrestre ayant été réduite et les liaisons avec les points d’appui encore tenus par les soldats français devenant impossibles, ces « volontaires du ciel » exposés aux feux directs de l’ennemi, connaissaient des fortunes diverses. Certains atterrissaient directement chez l’ennemi, d’autres étaient morts en touchant le sol, d’autres étaient perdus… tandis que le ravitaillement parachuté faisait la joie du vietminh en améliorant son quotidien.

            Du 9 au 11 avril, une nouvelle unité de légion, le 2ème Bataillon Etranger de Parachutistes, est largué dans des conditions déplorables et engage aussitôt une contre-attaque sur la face est. Il est en partie décimé. Les rescapés fusionnent alors avec les restes du 1er BEP reformant une unité sous les ordres du Commandant Guiraud. Le 4 mai, ont lieu les derniers parachutages d’hommes provenant du 1er Bataillon de Parachutistes Coloniaux tandis que les Viets intensifient encore leurs bombardements faisant intervenir les fameuses orgues de Staline, aux impacts meurtrier en rafales, provoquant d’énormes dégâts dans les abris minés par les pluies quotidiennes d’Avril. La cuvette disparaît dans des nuages de boue soulevée par les obus.

            Dans la soirée du 6 mai, c’est le déchaînement de l’artillerie viet et de toutes les armes dont elle dispose. Dans le camp agonisant, c’est l’apocalypse. Tout ce qui est inflammable prend feu ; les abris s’effondrent, les tranchées s’écroulent, la terre se soulève. La mort frappe sans interruption. A 23h, les taupes vietminh, après avoir creusé un tunnel de 47 mètres de long, déposent sous Eliane2 une charge d’une tonne de TNT puis se ruent à l’assaut. La résistance des défenseurs est héroïque ; ils refusent de se rendre et luttent jusqu’à la mort. Une poignée de survivants arriveront à se replier sur Eliane4 afin de poursuivre le combat. A l’aube du 7 mai, Dominique et Eliane sont tombées. Les tranchées sont jonchées de cadavres et de blessés des deux camps. Alors que le Colonel de Castries vient d’être promu général, à 10h du matin, les viets finissent d’investir les Eliane. Du côté Français, il n’y a plus ni munitions, ni réserve d’hommes mais les sacrifices continuent…

            Le Général Cogny adresse un dernier message au Général De Castries, souhaitant qu’il n’y ait ni drapeau blanc, ni capitulation. « Il faut laisser le feu mourir de lui-même pour ne pas abîmer ce qui a été fait » précise-t-il. L’ordre de cessez-le-feu tombe à 17h. Après destruction de tout le matériel et de tout le ravitaillement, le PC de Diên Biên Phu adresse son ultime message à Hanoi à 17h50 : « On fait tout sauter. Adieu ! » Quelques minutes plus tard, les viets font irruption dans le PC du général De Castries. Un drapeau rouge à étoile d’or est planté sur le PC français. Diên Biên Phu est tombé mais n’a pas capitulé.

            Durant cette bataille, le corps expéditionnaire Français comptera 3000 tués et un nombre très important de blessés. 10300 seront faits prisonniers mais les effroyables conditions de détention des camps Vietminh sont telles que seulement 3300 d’entre eux reviendront de captivité. Le 21 juillet 1954, les accords de Genève mettront fin à cette guerre.

 

Ce combattant volontaire était à Dien Bien Phu :

Colonel Pierre JAUZE


 

          

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14 avril 2011 4 14 /04 /avril /2011 08:43

Le rôle des hélicoptères de combat a été déterminant dans le succès de l’engagement français dans le Golfe en 1990-91. Depuis le déploiement dans le sud du Golfe en août 1990 jusqu’à l’entrée en Irak en février 1991, les régiments d’hélicoptère de combat de la 4e DAM ont mobilisé tous leurs moyens humains, innové sur le plan tactique, amélioré l’outil technique et expérimenté des solutions technologiques innovantes. Deux interviews permettront de retracer cette aventure particulière dans l’histoire de Daguet.

 

La première interview est celle du général Georges Ladevèze.

 

Il commandait alors le 5e RHC de Pau, envoyé dès la mi-août aux Emirats arabes unis pour manifester la solidarité de la France avec les pays du Golfe menacés par l’Irak. Son témoignage révèle les aspects politiques et humains de cette projection de force extrêmement rapide, la mise en place, l’expérimentation. Le plus passionnant, c’est la mise au point, face à la menace irakienne, d’une tactique adaptée au désert, inspirée des “rezzous” de l’armée tchadienne, soutenue par l’armée française, contre les incursions libyennes… L’occasion de rappeler qu’il y a plus de vingt ans, l’armée française se battait déjà contre les forces de Kadhafi.

  

Comment s’est fait le départ pour l’Arabie saoudite ?

Général Ladevèze - En réalité la destination initiale n’a pas été l’Arabie saoudite, mais le Golfe. Le 5e régiment d’hélicoptères de combat (5e RHC) a été mis en alerte le 9 août à Pau, et a appareillé le 13 à Toulon, quatre jours plus tard, sur le porte-avions Clémenceau. Le 9, j’étais en permission à Biarritz, il n’y avait pas d’alerte particulière, et on me signale que le président de la république va parler à télévision : je vois François Mitterrand annoncer que, à titre préventif, il a décidé d’envoyer un RHC pour le Moyen-Orient à bord du Clémenceau, dans le cadre de l'opération "Salamandre". J’appelle mon adjoint à Pau pour lui demander si c’était notre régiment, il me répond : « je viens de recevoir l’ordre préparatoire ».

Le temps de rejoindre le régiment, puis de prendre les ordres à Paris, dès le lendemain j’étais en tête des hélicos quittant Pau pour le Luc en Provence où les hélicoptères se sont mis en attente, tandis qu’un de mes adjoints partait avec le convoi routier pour Toulon. Nous avons eu ainsi 42 hélicos au Luc, dont deux escadrilles d’hélicoptères antichar soit 20 Gazelle Hot, et une escadrille mixte d’hélicoptères de reconnaissance et d’appui-protection, soit 10 Gazelle, ainsi que 12 Puma.

 C’était la première projection de force française depuis la crise du 2 août…

- Oui, nous avons apponté avec nos appareils le dimanche 12 sur le porte-avions et, après une visite le lundi matin du chef d’état-major des armées le général Schmitt accompagné de l’amiral Louzeau, le Clémenceau a appareillé le 13 août en fin de matinée, à l’issue d’un embarquement difficile : les hélicos occupaient la quasi-totalité du hangar aviation, la majeure partie de mes véhicules logistiques ont dû être installés sur le pont, mais en laissant libres les surfaces d’appontage et de catapultage pour les quatre Bréguet Alizé de reconnaissance et patrouille maritime – en fait il a fallu laisser une douzaine de camions à quai, ils rejoindront plus tard.

 

Le porte-avions est donc parti pour Djibouti. Nous avons franchi le canal de Suez de nuit, suivis par le croiseur américain USS Wisconsin. Le 5e RHC était complété d’une compagnie d’infanterie du 1er RI dotée de missiles Milan. Pendant la traversée du canal, alors que nous étions escortés sur les rives par l’armée égyptienne, les caméras thermiques des postes de tir Milan nous servaient à surveiller les berges. Elles avaient été installées dans de véritables casemates, montées avec les madriers disponibles à bord.

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Et comment êtes-vous arrivés dans le Golfe ?

- Le 20 août, le groupe a d’abord fait escale à Djibouti, par 50° à l’ombre. Les escadrilles ont été immédiatement desserrées à Arta, grand champ de manœuvres et de tir au bord du golfe de Tadjoura, à 60 km de Djibouti. Le temps d’effectuer une série de tirs missile et canon, et de recevoir la visite du ministre Chevènement et du CEMA. Huit jours d’escale, puis cette fois l’ordre est reçu d’appareiller pour les Emirats arabes unis.

Arrivée à Fujaïrah, où le 5e RHC rejoint les hélicoptères émiratis pour des manœuvres communes. Le porte-avions restait à une vingtaine de nautiques de la côte et mes hélicoptères décollaient chaque jour par pontées de dix pour des exercices avec leurs homologues des EAU, se terminant par des tirs dans des conditions très réalistes sur un champ de tir dans les dunes à proximité d’Abou Dhabi.

 

Ensuite le porte-avions a reçu l’ordre d’appareiller pour le sultanat d’Oman, où mon régiment à réalisé une nouvelle séquence d’exercices communs avec l’armée omanaise, manœuvres, héliportage d’éléments d’infanterie, pendant trois jours.

 

Vous avez donc fait essentiellement de la gesticulation ?

- A ce moment là, oui, le public a d’ailleurs pu voir fréquemment les images du porte-avions avec ses camions sur le pont. C’était le message d’un engagement concret de la France auprès des pays du Golfe. Nous sommes à nouveau repartis au bout d’une grosse semaine sur zone, cette fois à destination de Djibouti pour les réapprovisionnements – on est alors à la mi-septembre, c’est le moment où les Irakiens saccagent l’ambassade de France au Koweït et où le président Mitterrand décide l’envoi de la force Daguet. La journée du départ est animée car au bout de quelques heures on entend le commandant du porte-avions annoncer sur le réseau du bord : « demi-tour, on retourne aux EAU ». Puis quelques heures plus tard, nouveau contre-ordre : cette fois on repart vers Djibouti… mais on ne s’y arrêtera pas. Le point de destination est le port saoudien de Yanbu, où le 5e RHC doit être débarqué avec tous ses moyens. Nous l’atteindrons le 18 septembre.

 

Vous êtes donc sur le théâtre d’opérations, prêts à intervenir ?

- A l’arrivée à Yanbu nous sommes attendus par un petit détachement du 3e RHC d’Etain, envoyé pour nous renforcer en hélicoptères, en fait six Gazelle : au total, le groupement hélicoptère est maintenant fort de 48 appareils. Les hélicos gagnent la terre en vol, mais il faut attendre l’accostage du porte-avions et le débarquement des camions avant de traverser l’Arabie Saoudite pour rejoindre notre zone de déploiement.

 

Vous connaissez alors votre mission en Arabie saoudite ?

- C’est à Yanbu que nous sommes rejoints par le général Roquejeoffre, arrivé quelques jours avant à Riyad. Il me donne alors mon premier ordre graphique rapidement dessiné de sa main, et m’assigne une zone à la frontière koweïto-irakienne, au carrefour stratégique de Hafar al-Batin.

 

Et comment s’est fait ce premier déploiement en territoire saoudien ?

- Il a d’abord fallu attendre que les Saoudiens mettent en place les relais de carburant, des camions citernes sur le parcours pour ravitailler les hélicoptères. Puis le transit aérien de 1.100 km s’est effectué par groupes de dix hélicos, je suis parti en tête avec le Puma PC.

Lorsque je me suis posé au premier point de rendez-vous prévu, pas de camion-citerne. Je garderai toujours en mémoire ma réponse à un brave saoudien venu nous proposer un thé. Je lui ai dit : non, pas du thé, du pétrole, bordel ! Il a paru comprendre et s’est souvenu avoir vu passer la veille un camion allant vers le nord. Nous avons fini par le retrouver dans un village, quarante km plus loin. Mais il y avait un seul camion-citerne avec un seul tuyau, et nous avons perdu beaucoup de temps à ravitailler tous les hélicos un par un. Heureusement le second relais était au bon endroit mais toujours avec un seul camion. A la fin de la journée, après avoir ainsi accumulé les retards aux escales, nous arrivons finalement à King Khaled Military City (KKMC) où nous attendaient les généraux Roquejeoffre et Mouscardès. Comble de bonheur, les dernières escadrilles se sont posées de nuit, dans un sévère vent de sable qui commençait à se lever. J’étais satisfait lorsque le dernier hélico a été parqué et arrimé !

 

L’installation était satisfaisante ?

- C’était plutôt sommaire, sur un vieux terrain abandonné, avec une ancienne piste en dur et un unique hangar en bois, où nous avons stocké nos missiles Hot pour les protéger tant bien que mal de la chaleur. Mon souci principal était que nous nous trouvions à quelque dix minutes de vol de chasseur-bombardier du territoire irakien. Autant dire qu’on risquait beaucoup à garder les hélicoptères groupés. Mon premier réflexe a été de les disperser en quinconce sur trois kilomètres pour diminuer les risques, et d’assurer une veille avec nos radars Spartiate face à la direction dangereuse. Pour ce qui est du logement, nous nous sommes temporairement installés entre la grande caserne de KKMC, le compound de Thomson qui avait l’avantage d’être tout proche des appareils, et le terrain lui-même.

 

La situation militaire était-elle inquiétante ?

- Dès le lendemain de notre arrivée à KKMC, je suis parti effectuer une première reconnaissance de zone avec le général Roquejeoffre, jusqu’à la frontière. C’est là que nous avons constaté que les "olives" figurant sur la carte les unités alliées sur le terrain étaient purement théoriques. En réalité, il y avait encore très peu d’unités déployées, et surtout des espaces vides extraordinaires.

Si l’armée de Saddam Hussein s’était mise en tête à ce moment-là d’avancer dans cette région, il n’y avait que nous pour l’arrêter.

Quelques jours après, le renseignement nous confirmait la présence d’une division d’élite de la garde républicaine de Saddam Hussein en face de nous. Toutefois, les chars paraissaient enterrés selon la méthode défensive soviétique et ne donnaient pas de signes de préparation d’une offensive. J’ai quand même, dans le doute, fait préparer des positions de repli pour les hélicoptères à quatre-vingt kilomètres au sud : en cas d’offensive irakienne, nos hélicos auraient ainsi pu détruire un premier échelon, puis se replier, pour se recompléter en carburant et missiles hors de portée de l’ennemi.

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Donc vous avez beaucoup patrouillé pour déceler cette menace ?

- Tous les vols d’accoutumance ont été en fait des patrouilles de reconnaissance réelles. Dans le même temps, nous avons fait au sol des exercices d’alerte chimique, notamment en utilisant les sous-sols de KKMC. Le jour de l’anniversaire de Saddam Hussein, le 5 ou le 6 octobre, nous avons eu, par le canal des forces spéciales américaines co-localisées avec nous, un message flash annonçant le tir de trois missiles Scud à partir du territoire irakien. Nous avions déjà eu le temps de mettre tout le monde à l’abri dans les souterrains… lorsque nous est arrivé le même message, venant du commandant allié à Riyad. Toujours est-il qu’aucun missile n’est arrivé jusqu’à nous ce jour là, il s’agissait apparemment de tirs d’exercice, les missiles étant tombés finalement en territoire irakien.

C’est vers cette époque que nous avons assisté au déploiement de la Division Daguet fraîchement débarquée, et que nous avons accueilli à KKMC son Groupement de soutien logistique (GSL).

 

Et comment vous-êtes vous entraînés au combat ?

- Après les reconnaissances initiales, l’essentiel était de mettre au point la tactique adaptée à ce terrain extrêmement plat et découvert pour arrêter et détruire les blindés irakiens. Il a fallu largement innover par rapport aux règlements d’emploi, adaptés eux au théâtre Centre-Europe. Dans le désert saoudien, pas question de rester en vol stationnaire derrière un masque. Tout stationnaire était décelable à vingt kilomètres à la ronde en raison de l’énorme nuage de poussière soulevé par le rotor.

Après quelques observations du terrain, je me suis donc inspiré de la vieille tactique des rezzous, remise au gout du jour quelques années auparavant par les forces tchadiennes confrontées aux troupes de Kadhafi dans le Tibesti : attaquer en ligne, en dynamique pour saturer les défenses de l’adversaire.

La seule variante, mais de taille, c’est qu’au chameau et à la jeep Toyota, j’avais substitué un vecteur autrement plus efficace : la Gazelle Hot.

 

Et pour tirer, vous marquiez un arrêt ?

- Non, le tir était effectué à la vitesse de stabilité optimale de la Gazelle, autour de 150 Km/h et en volant entre 3 et 5 mètres du sol, sachant qu’à 5 mètres on avait une visibilité d’environ 5.000 mètres. Or le missile Hot pouvait être tiré à 4.000 mètres, pas plus. Pour tirer à distance utile, c'est-à-dire à portée du missile, mes équipages sont allés jusqu’à découper de minuscules silhouettes en carton, collées ensuite sur le réticule des viseurs, et qui étaient à l’échelle du char vu à 4.000 m. Quand on visualisait un char et qu’il correspondait à cette mire, c’est qu’on était à portée de tir.

 

Donc c’était un tir en ligne d’escadrille…

- On a commencé à voler avec dix Gazelle en ligne, puis on est passés à trente Gazelle, après l’arrivée en novembre des renforcements en Gazelle Hot et Puma qui avaient porté mon RHC à 60 appareils. Avec ces trente hélicoptères déployés en ligne avec une distance de sécurité de 500 m entre chacun d’eux, on avançait en râteau d’environ 15 km de large, soit certainement assez pour localiser et arrêter une division en progression. La prise de dispositif en ligne se faisait à mon commandement, depuis la Gazelle leader, entre vingt et quinze kms avant d’arriver sur les positions estimées de l’adversaire.

 

C’était très visible, de déployer autant d’hélicoptères en ligne ?

- C’est ce que pensaient au départ les pilotes, qui se sentaient vulnérables. Je les ai fait passer par moitié sur le pas de tir où se trouvaient nos cibles d’exercice, pour leur faire apprécier la discrétion du dispositif des Gazelle volant à 3/5 m du sol. A leur grande surprise , ils ne les voyaient pas venir, sauf très furtivement en fin d’esquive, lorsqu’il était trop tard pour l’adversaire. La démonstration était probante et leur a conféré un haut degré de confiance, qui s’est avéré justifié par la suite. De plus, pour mettre toutes les chances de notre coté j’avais placé un Puma juste derrière chaque escadrille Hot, pour le recueil immédiat des pilotes en cas de problème. C’est en fait la première et la dernière fois qu’on a déployé autant d’hélicoptères d’attaque en ligne en opérations réelles !

 

Au-delà de la tactique, les matériels étaient satisfaisants ?

- Nous n’étions pas alors équipés de la caméra Viviane et les Gazelle ne pouvaient donc tirer le Hot qu’en plein jour mais l’adversaire n’était pas réputé très performant de nuit. Par ailleurs, les Gazelle 341 à canon de 20 mm, avec leurs munitions, les réserves de survie, etc. était limitées en puissance et en autonomie, alors que la Gazelle 342, celle équipée du missile Hot, avait une turbine plus puissante.

En fait on a vu arriver progressivement des matériels, pas tous ceux qu’on avait commandés et certains qu’on n’avait pas commandés du tout, mais on s’est accommodés de la situation. C’est ainsi qu’on n’avait pas de GPS au départ, et que l’on a pu scotcher sur le tableau de bord ceux que l’on a reçus ensuite.

Nous avons vu également arriver le prototype du radar Horizon (ci-contre), mis en œuvre par la STAT, dont la commande était pratiquement abandonnée alors. Grâce à la guerre du Golfe, cinq ont finalement été réalisés et nous ont rendu d’excellents services au Kosovo dix ans plus tard, mais ceci est une autre histoire.

 DSTORM5.jpg

Et les équipages, étaient-ils à la hauteur ?

- C’était même au-delà de ce que j’imaginais. D’abord parce que les hommes ont manifesté une résistance et un enthousiasme qui m’ont rempli d’admiration. J’essayais certes de les tenir le plus informés possible de la situation et des prévisions, mais tous ont fait preuve d’un moral remarquable, ne serait-ce que par stimulation réciproque.

Ensuite, et c’était sans doute une erreur dont nous avons par la suite tiré les leçons, parce que nous avions dès le départ, ne connaissant pas la durée prévisible de l’opération, constitué un Régiment de marche, sur le noyau dur du 5e RHC, en ponctionnant les équipages les plus qualifiés et expérimentés de la 4e Division Aéromobile. En conséquence, les deux régiments qui m’ont relevé ont dû aligner des équipages beaucoup plus jeunes.

Depuis, nous nous efforçons de respecter la structure organique des unités pour faire face à des opérations moins paroxystiques mais plus longues.

Mais je ne me plaindrai pas de ce cas exceptionnel et désormais révolu, qui m’a donné l’occasion de commander de tels hommes, de tels équipages !

 

Au bilan, qu’avez-vous gardé de cette expérience unique ?

- J’ai surtout retenu la remarquable faculté d’adaptation de notre outil de combat, avec un esprit de débrouillardise et d’astuce très français. J’ai admiré la prouesse des mécanos qui ont maintenu des disponibilités maximales dans des conditions très précaires.

Quant à nos équipements, même moins sophistiqués que ceux des Américains, ils se sont pourtant avérés très performants pour l’époque.

Je retiens aussi la fantastique mobilisation de toute l’armée française, tout

le monde voulait nous aider et notre succès a ainsi été une très belle

aventure collective!

 

Propos recueillis par Pierre BAYLE

Source : http://www.amicale-daguet.com/

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30 mars 2011 3 30 /03 /mars /2011 15:28

Le mardi 5 avril à 16h, salle Maurice Pic au conseil général de la Drôme, le général (2S) Paul Bonnet prononcera une conférence sur le thème "La légion d'honneur, de 1804 à nos jours"

 

"Cette conférence retrace l'histoire de la Légion d'Honneur depuis sa création par le 1er Consul Bonaparte le 19 mai 1802. Après avoir évoqué les fondements de la création de ce premier ordre, je parlerai de ses évolutions au cours de plus de deux cents ans. Il a donc traversé deux empires, trois royautés et des quatre Républiques. En particulier j'évoquerai les réformes initiées par le Général  Charles de Gaulle, en 1962, pour rendre à la Légion d'Honneur son prestige de premier Ordre National, mais également celles plus récentes, en 2008, mises en place par le Président Nicolas Sarkozy.

J'aborderai également plusieurs  sujets  comme les maisons d'éducation de la Légion d'Honneur, les femmes et la légion d'Honneur, les droits et devoirs des membres de l'Ordre de la Légion d'Honneur..."
 

Signé : Paul Bonnet



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2 février 2011 3 02 /02 /février /2011 18:35

ely-20110119Le 18 janvier 1911, l’aviateur américain Eugene Ely réussissait un exploit qui apparaît (presque) banal de nos jours : celui de poser un avion sur le pont d’un navire, en l’occurrence, l’USS Pennsylvania.

Quelques semaines plus tôt, le 14 novembre, le même pilote avait accompli réalisé une autre première mondiale, en faisant décoller son avion Curtiss depuis une plate-forme installée sur le croiseur léger USS Birmingham. Cette expérience avait failli mal tourner pour Eugene Ely, qui fut contraint d’atterrir en catastrophe sur une plage.

Mais lors de sa tentative réussie d’appontage, le jeune pilote américain enchaîna sur un décollage depuis l’USS Pennsylavania, ouvrant ainsi la voie au développement futur des porte-avions et de l’aéronavale. Sa vie se termina tragiquement le 19 octobre 1911, dans un accident d’avion, alors qu’il se rendait à Macon, en Georgie.

Le premier pilote français ayant réussi un décollage depuis un navire, le Foudre, a été René Caudron avec le Caudron C2, le 8 mai 1913, en rade de Fréjus. Et il faudra attendre le 20 octobre 1920 pour qu’un premier essai d’appontage soit réalisé en France par le lieutenant de vaisseau Teste, avec un Hanriot HD2, sur la plate-forme du Béarn, en rade de Toulon.

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7 janvier 2011 5 07 /01 /janvier /2011 13:19
250px-Bundesarchiv Bild 146-1979-013-43, Wilhelm CanarisPour votre agenda : Le général (2S) F. Mestrallet prononcera une conférence le 8 février 2011 à 16H00 au Conseil Général de la Drôme, salle Pic sur le thème "L'Amiral Canaris" ou l'Abwehr contre Hitler.
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11 octobre 2009 7 11 /10 /octobre /2009 09:48

Jean Étienne Vachier, dit Championnet, général français, est né à Alixan, près de Valence, dans la Drôme, le 13 avril 1762. Il est décédé le 9 janvier 1800 à Antibes.

Il était le fils naturel de Madeleine Collion, et de son employeur Étienne Grand (avocat). Sa mère, pour ne pas compromettre le père de l'enfant, déclare comme patronyme à l'état civil celui de sa propre grand-mère, Vachier. Il existe deux actes d'état civil relatant cette naissance, strictement identiques, sauf les dates : l'un est daté du 13 avril, l'autre du 14. Son père le surnomme Championnet, tiré de « Champ de Pionnet », nom d'une de ses propriétés valentinoises où l'enfant a certainement été conçu. À la mort de son père, Jean Étienne Vachier prendra le nom de « Grand-Championnet », puis, à partir de 1792, parce que les noms nobles ou composés deviennent fort mal vus, il ne signera plus que sous le nom de Championnet.

Il entre fort jeune au service de la patrie et doit à sa valeur un avancement rapide. Membre de la garde nationale dès sa création en 1789, il prend une part importante dans le mouvement révolutionnaire.

Il sert quelque temps en Espagne. Quelques railleries sur l'illégitimité de sa naissance l'ont forcé à s'expatrier. Rentré en France en 1791, il continue la carrière militaire et fut nommé chef du 6e bataillon de la Drôme. Il est nommé adjudant-général en 1792. En mai 1793, il est chargé de juguler et neutraliser la révolte des Girondins du Jura, ce qu'il accomplit sans bain de sang.

Sous le commandement de Pichegru, il prend part à la campagne du Rhin, puis à Wissembourg et dans le Palatinat, et gagne l'estime de Lazare Hoche. Il est nommé colonel après le combat d'Arlon, et général de brigade en 1793.

A la bataille de Fleurus, le 26 juin 1794, assailli par des forces quatre fois supérieures en nombre, il repousse le prince Charles et culbute la cavalerie de Kaunitz. Par son combat appliqué au centre du champ de bataille, il contribue grandement à la victoire de Jean-Baptiste Jourdan; puis, s'élançant à la suite des vaincus, les taille en pièces à Marbas et leur enlève, après un combat sanglant, les hauteurs de Clermont.

Dans les campagnes suivantes, il commande l'aile gauche des armées françaises du Rhin entre Neuwied et Düsseldorf, et son action est décisive dans les succès ou les échecs des expéditions vers le Lahn et le Main. Wurtzbourg, Altenkirchen sont témoins de sa valeur et de son habileté.

Les préliminaires de Leoben viennent arrêter ses succès de ce côté ; mais, chargé du commandement d'un corps d'armée dans le nord, il bat, en 1798, à Blankenberge, les Anglais venus pour bombarder Ostende. Il réussit plusieurs actions d’éclat, au point que Hoche dira de lui : « La division Championnet demande où est l’ennemi, elle ne s’informe jamais du nombre ! »

En 1798, Championnet est nommé commandant en chef de l'armée de Rome, chargée de protéger la jeune république contre la Cour de Naples et la flotte britannique. Censée être de 32 000 hommes, l'armée n'en compte que 8 000 en état de combattre, avec à peine 15 cartouches par homme.

L'armée de Rome doit se replier devant les 60 000 hommes que le général autrichien Karl Mack pousse devant lui; 7 000 Anglais, débarqués à Livourne, sont dispersés ; bientôt il rentre en vainqueur à Rome, fait investir Capoue et s'empare de Gaeta. Capoue ayant capitulé le 10 janvier 1799, il entre à Naples le 23 janvier 1799, en chassant les Britanniques et les troupes royales. Il organise la République parthénopéenne qui devait durer si peu.

Ces succès lui suscitent de solides inimitiés qui entraînent sa destitution et son remplacement par Macdonald le 13 février 1799 puis son arrestation le 24 février, par ordre du Directoire, à la suite d'un démêlé qu'il a eu avec un commissaire du gouvernement, et son jugement pour abus de pouvoir. Le général en chef Championnet est traduit devant un conseil de guerre, traîné de brigade en brigade jusqu'à Grenoble, où il est incarcéré jusqu'à la révolution du 30 prairial an VII.

Après le coup d’État du 18 juin 1799 qui ramène les Jacobins au pouvoir, Championnet est libéré et reprend de l'activité au commandement de l'armée des Alpes, qu'il doit réorganiser tout entière. Mais, à la tête de soldats trop peu nombreux, démunis et affaiblis par une épidémie de typhus, il échoue dans sa mission de défendre les frontières des Alpes. Chargé de remplacer Joubert, tué à la bataille de Novi, il s'établit sur la rivière de Gênes et s'y trouve bientôt acculé dans la position la plus difficile, sans munitions, sans argent, en face d'un ennemi nombreux; il est défait par les Austro-Russes à Genola, le 4 novembre 1799. Heureusement le retour de Napoléon Bonaparte vient relever son courage. Il envoie sa démission au Directoire dans une lettre où il signale le jeune général comme le seul homme qui puisse sauver l'Italie.

Après le coup d'État du 18 brumaire, Championnet demande et obtient son remplacement. Il tombe malade du typhus et s'éteint à Antibes le 9 janvier 1800, à l'âge de 37 ans. Il est enterré au Fort Carré.

Son cœur, suivant son désir, fut déposé, à Valence, dans la chapelle Saint-Ruf, utilisée comme temple de la Raison et devenue aujourd'hui Temple Protestant. L'urne funéraire contenant son cœur, offerte par Napoléon Bonaparte, s'y trouve dans un monument élevé au fond de l'abside.

Sa statue par le grenoblois Victor Sappey est élevée sur le Champ de Mars à Valence en 1848. Son nom figure sur l'Arc de Triomphe à Paris.

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10 octobre 2009 6 10 /10 /octobre /2009 20:57
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