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27 octobre 2011 4 27 /10 /octobre /2011 14:29

26 octobre 2011 – 11:38

Le budget opérationnel de programme de l’armée de Terre (BOP Terre) devrait diminuer de 9% en 2012 par rapport à l’année précédente, ce qui représente 789 millions d’euros en moins, notamment en raison d’une réduction prévue de plus de 16.000 postes.

Mais pour le général Ract-Madoux, le chef d’état-major de l’armée de Terre (CEMAT), les moyens alloués aux forces terrestres ont atteint un minimum. « J’estime pourtant que les ressources strictement indispensables à la préparation des opérations et à la conduite de la réforme ont aujourd’hui atteint un niveau plancher qui peut menacer à court terme la préparation opérationnelle de nos forces » a-t-il affirmé devant les députés de la Commission de la Défense, le 19 octobre dernier.

Par ailleurs, le CEMAT se dit « préoccupé par les contraintes pesant sur le programme 146 portant sur l’équipement des forces et, comme les années précédentes, par les ressources attendues du programme 212 pour les infrastructures », malgré les « efforts notables de cette législature pour préserver les budgets de la défense ».

Normalement, et avec le début du retrait des forces françaises d’Afghanistan, il devrait y avoir moins de militaires engagés dans des opérations extérieures à partir de l’an prochain. Et pour le général Ract-Madoux, cela aura deux conséquences.

D’une part, selon lui, « l’allègement des opérations engendre mécaniquement une diminution du nombre de jours d’activité opérationnelle (JAO) sur les théâtres et une certaine perte de savoir-faire ». Il faudra donc augmenter les journées de préparation opérationnelles (JPO), autrement dit l’entraînement, pour compenser afin de maintenir les forces à niveau.

Or, le nombre de jours de préparation et d’activités opérationnelles sera en diminution en 2012, passant de 116 à 111, avec le risque qu’il atteigne 105 l’année suivante. D’après le CEMAT, l’on « s’éloigne ainsi de la cible des 120 JPAO qui est le niveau adéquat pour la préparation opérationnelle et qui faisait, jusqu’à présent, consensus ».

« Cette question de l’entraînement est pour moi un sujet particulièrement préoccupant car elle a un impact direct sur l’intérêt, l’attractivité même du métier et partant de là, sur la fidélisation » a souligné le général Ract-Madoux.

La seconde conséquence de la baisse des effectifs projetés en opération extérieure concerne la Politique d’emploi et de gestion des parcs (PEGP). D’après le CEMAT, « si nous procédons au rapatriement de matériel depuis les théâtres d’opération, ce matériel devra dans un premier temps être remis en état et ne sera donc pas instantanément disponible pour permettre l’instruction et l’entraînement de nos forces. »

Et la question des équipements est l’autre préoccupation du général Ract-Madoux. Si l’armée de Terre poursuit le renouvellement de ses matériels avec l’arrivée dans les unités des système FELIN, des VBCI (véhicule blindé de combat d’infanterie), des PVP (Petit Véhicule Protégé), des hélicoptères Tigre et NH-90 et des missiles Javelin, il n’en reste pas moins qu’il reste encore des efforts à accomplir pour que tous les régiments concernés soient dotés comme prévu.

A cela s’ajoute la nécessité de remplacer les Véhicules de l’avant-blindé (VAB) par le VBMR (Véhicule blindé multirôles), ainsi que les chars légers AMX-10 RC et les ERC-90 Sagaie par l’EBRC (engin blindé de reconnaissance et de combat), dans le cadre du programme Scorpion.

Aussi, tout en soulignant que le niveau des crédits alloués à l’armée de Terre pour l’acquisition d’équipements majeurs est « toujours resté en déçà de la barre des 20% » sur la période 2005-2012 et que l’effort recommandé par le Livre blanc sur la Défense et la sécurité nationale sa faveur a été « lissé » alors qu’elle représente 50% des effectifs des forces armées et 80% des personnels déployés en opération extérieure, le général Ract-Madoux a estimé que la « loi de programmation militaire en cours, censée porter l’effort pour les forces terrestres, n’aura finalement fait qu’initier la modernisation de l’outil de combat aéroterrestre ».

« Si cette tendance se confirme, cela pourrait signifier que la France renonce à une partie de son ambition pour l’armée de terre. Il faut donc que son budget conserve la place qui lui revient raisonnablement » a-t-il affirmé.

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27 octobre 2011 4 27 /10 /octobre /2011 14:25

Puisque "la menace d'attaques organisées contre la population civile a disparu", comme l'a déclaré, lundi, le général canadien Charles Bouchard, qui dirige l'opération Protecteur unifié depuis Naples (Italie), le dispositif militaire allié va être revu à la baisse.

L'EMA a ainsi annoncé un "redéploiement des moyens français en France, où ils restent en alerte, prêts à être réengagés dans les opérations en Libye en cas de besoin." Selon les éléments diffusés par l'EMA (cliquer ici pour aller le site de l'EMA), le dispositif militaire français s'articule désormais autour :

-  d'un dispositif sur zone :

  • 16 aéronefs déployés à La Sude (6 Mirage 2000D et 4 Mirage 2000N) et à Sigonella (5 Rafale et un drone Harfang) ;
  • un bâtiment engagé au sein de la force navale de l'OTAN.

-  d'un dispositif d'appui et de soutien qui opère depuis la France (E3F et C135F) ;

-  d'un dispositif en alerte en France :

  • une force navale, la TF 473, avec son état-major, le BPC Tonnerre, un groupe aéromobile, un plot RESCO, deux frégates, un SNA et un bâtiment de soutien ;
  • un détachement de Mirage 2000D et un détachement de Mirage 2000N ;
  • un ATL2.
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10 octobre 2011 1 10 /10 /octobre /2011 14:35

Le budget de la Défense défie la crise, écrivait ce matin, un de mes confrères de la Tribune. Le budget pour 2012, présenté ce mercredi en Conseil des ministres, est effectivement en légère progression (+ 1,6%). La hausse doit atteindre 480 millions d'euros, à 30,63 milliards d'euros (hors pensions), en conformité avec la Loi de programmation militaire (LPM) 2009-14. Le ministère de la Défense a notamment obtenu un abondement de 100 M€ lié à la hausse des cours du pétrole. Il devrait bénéficier aussi de 1,09 milliard d'euros de recettes exceptionnelles (1,02 md l'an dernier), à la faveur des cessions de fréquences aux opérateurs de téléphonie mobile de quatrième génération (900 M€) et d'actifs immobiliers (160 M€.

"Fin août, François Fillon a annoncé un effort budgétaire d'un milliard d'euro supplémentaire pour 2012 (dans le cadre du plan de rigueur), et nous serons vraisemblablement sollicités", reconnaît le ministère.

La stratégie globale de maîtrise des dépenses. La Défense souligne la poursuite des efforts: 7.500 postes doivent être supprimés en 2012, tandis que le redéploiement territorial donnera lieu à la suppression ou au transfert de 184 structures. Cinq régiments et quatre bases aériennes seront ainsi dissous, avant un net ralentissement en 2013.

Les opex. Il apparaît un net souci de stabilisation du surcoût des opérations extérieures, à la faveur notamment du début de retrait d'Afghanistan et la poursuite du retrait en Côte d'Ivoire. Ce surcoût des opex a explosé en 2011, à 1,2 milliard d'euros, du fait principalement de l'opération "Harmattan" en Libye, estimée à près de 350 millions d'euros (il y a quelques jours Gérard Longuet parlait de 330). Les discussions sont en cours avec Bercy et Matignon pour que l'ardoise liée aux surcoûts (550 millions d'euros au total) soit intégralement prise en charge par la réserve interministérielle. François Fillon s'est engagé à mobiliser cette réserve interministérielle mais le ministère de la Défense pourrait ne pas récupérer l'intégralité des 550 M€ de surcoût en 2011, du fait de discussions sur l'appréciation du niveau des stocks de munitions. En outre, par définition, il doit lui-même participer à la constitution des réserves interministérielles. Cette question doit être réglée d'ici fin octobre-début novembre, date à laquelle un rapport d'exécution de la LPM est attendu au Parlement.

Priorité aux équipements. Avec une enveloppe de 16,5 milliards d'euros contre 16 mds en 2011, les montants sont "très supérieurs à la moyenne de la LPM 2003-08", assure le ministère. Doivent notamment être livrés en 2012 une frégate multi-missions Fremm, un bâtiment de projection et de commandement (le Dixmude) ainsi que 11 Rafale.

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5 octobre 2011 3 05 /10 /octobre /2011 09:37

A l’occasion du 14 juillet 2011, un détachement du 1er Régiment d’Infanterie de Marine (RIMa) d’Angoulême est allé à la rencontre des habitants du 18ème arrondissement de Paris en disposant quatre véhicules sur la place de la mairie. Ce genre de manifestation permet ainsi de maintenir le lien entre la nation et son armée.

"Colonialisme, militarisme et prosélytisme religieux" du 1er RIMa selon les Verts

Seulement, cela n’a pas été du goût des élus Europe Ecologie/Les Verts (EE/LV) du conseil municipal du 18ème arrondissement. Dans leur ligne de mire, les traditions du 1er RIMa, et plus généralement, celles des Troupes de Marine.

Or, il se trouve que ces dernières ont changé plusieurs fois d’appellation. En 1900, alors qu’elles dépendaient du ministère de la Marine, elles furent rattachées à celui de la Guerre. Conséquence, elles prirent le nom de Troupes coloniales, étant donné qu’elles servaient principalement dans les colonies françaises.

Par la suite, et après la fin de l’Empire français, elles retrouvèrent leur appellation d’origine, tout en gardant certaines traditions, comme celle consistant à lancer un « Et au nom de Dieu, vive la Coloniale » (les marsouins et les bigors ayant pour saint patron, Dieu lui-même, les cavaliers se référant à Saint-Georges, les parachutistes à Saint Michel, les artilleurs à Sainte Barbe ou encore les transmetteurs à Saint Gabriel).

Voilà donc ce qui a provoqué l'ire des élus écologistes : cette référence à Dieu (contraire à la laïcité selon eux) et à la Coloniale, laquelle a été perçue, par extension, à une improbable propagande en faveur du « colonialisme ». D’où le dépôt, à l’initiative de Pascal Julien, professeur d’histoire de son état, du voeu n°31 au conseil d’arrondissement du 19 septembre 2011, dont voici le texte :


« Le 14 juillet dernier, à l’initiative personnelle du Maire du 18e, des éléments du 1er Régiment d’infanterie de marine (Rima) basé à Angoulême a stationné avec quatre véhicules militaires sur le parvis de la Mairie.

Créé en 1822, le 1er Rima est le plus ancien régiment des troupes de marine. Il a participé aux principales conquêtes coloniales puis à la première guerre mondiale. Détruit par l’offensive allemande de 1940, il est recréé le 8 mai 1945 pour participer aux guerres de défense de l’empire colonial. Depuis la chute de l’empire français, il a été au cœur de différentes opérations militaires en Afrique.

Le 14 juillet 2011, quelques officiers et sous-officiers répondaient aux questions des passants qui pouvaient aussi, par exemple, s’installer dans les véhicules ou se faire photographier avec leurs enfants en position de tir.

Une brochure de 53 pages (en couleur et en papier luxueux non-recyclé) du 1er Rima était à cette occasion largement et gratuitement distribuée au public.

Intitulée « 1er de Marine, année 2009-2010 », elle présente notamment l’état-major, les escadrons et l’amicale du régiment. Une page centrale, détachable pour en faire un poster, reprend le titre de la couverture : « Un seul objectif, faire but ! »

Plusieurs articles insistent sur la nécessité de « maintenir la tradition ». Quelle est cette tradition ?

P 3 : le chef de bataillon signe « 1er Rimacolonialement » P 4 : le Président des sous-officiers conclut son article par « Et au nom de Dieu, vive la Coloniale » P 18 : le capitaine du 2e escadron : « Debout les hommes et sonne le clairon, À l’assaut Marsouin, pour la France en danger » P 34 : titre de l’article : « Nous sommes de la Coloniale » P 38 : Le capitaine du EEI 3 conclu ainsi : « Fiers de porter l’Ancre d’Or comme les couleurs de sa nouvelle brigade, sous toutes les latitudes, les éclaireurs de marine repartent de plus belle pour de nouvelles aventures »

Estimant que la colonisation n’a pas été une aventure, qu’elle fut contraire au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, qu’elle ne devrait pas faire l’objet d’une célébration patriotique,

Estimant que l’invocation de Dieu est incongrue dans une brochure présentant au public l’armée laïque de la République,

Estimant que le militarisme n’est pas une valeur de la République française,

Pascal JULIEN et les élu-e-s EELV demandent au Maire de veiller à ce que désormais les unités militaires qu’il invite personnellement le 14 juillet s’abstiennent de toute propagande à caractère religieux, colonialiste et militariste. »

Rejeté une première fois lors du Conseil d’arrondissement, ce voeu a été nouvelle fois présenté à l’occasion du dernier Conseil de Paris du 26 septembre dernier, par l’écologiste Sylvain Garel, colistier de Pascal Julien, également professeur d’histoire lui et accessoirement critique de cinéma. Au cours de son intervention, cet élu a dénoncé «l’idéologie que véhicule ce régiment (ndlr, le 1er RIMa)».

Mais là encore, le texte a été repoussé, après une brillante intervention, par ailleurs pleine d’humour, de Mme Odette Christienne, correspondante Défense et membre du Groupe PSRGA (Socialistes, Radicaux de gauche et apparentés). Comme elle l’a fait remarquer, l’expression utilisée par les aviateurs, « Et à la Chasse bordel ! » n’est « pas une incitation à fréquenter certains lieux », comme « Et au nom de Dieu, vive la Coloniale » n’est pas du prosélytisme religieux.

Source : Zone Militaire

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15 septembre 2011 4 15 /09 /septembre /2011 17:16
L'engagement des hélicoptères français en Libye, à partir du 3 juin 2011, a joué un rôle déterminant dans la campagne contre les forces pro-Kadhafi.

Les services de renseignement en ont pris conscience lors du huitième raid - fin juin - lorsque ils ont intercepté les communications des militaires libyens qui juraient contre "ces chiens de Français". Pour la première fois, les Libyens enrageaient vraiment de prendre des coups très durs, qui les démoralisaient. L'effet militaire des frappes du Groupe aéromobile (GAM) de l'aviation légère de l'armée de terre (Alat) a également été psychologique, brisant peu à peu la volonté de combattre des troupes ennemies. C'est ce qu'on appelle produire un effet stratégique.

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La nécessité d'engager les hélicoptères a été très vite estimé indispensable par l'état-major des armées, au vu de la géographie de la Libye, un pays dont toute l'activité se concentre sur le rivage. Le GAM pouvait donc être déployé à bord d'un BPC (Bâtiment de projection et de commandement) - qui trouve là sa véritable vocation de combat - et ce, d'autant plus que la France en possédant deux (Tonnerre et Mistral), il était possible d'assurer des relèves. Ce qui a été fait en 24 heures - et le sera de nouveau la semaine prochaine.

Cette action "aéroterrestre" à partir de la mer a été appuyée en permanence par des moyens navals. L'artillerie (100 mm et 76 mm) des frégates appuyait lesraids d'hélicoptères en détruisant les menaces sol-air ennemies lorsque'elles se démasquaient. Pour ce faire, les frégates ont dû s'approcher très près des côtes parfois à moins de dix kilomètres. C'est au cours de ces actions que l'essentiel des feux de l'artillerie (3000 obus) ont été employés.

Cette action combinée est une première militaire française : jamais de tels raids d'hélicoptères n'avaient été conduits à partir de la mer et avec un soutien d'artillerie navale. Les armées ont montré dans cette affaire à la fois une grande maîtrise technique et un caractère guerrier. Cela laissera des traces.

Les raids se composaient d'une dizaine d'hélicoptères (Gazelle, Tigre et Puma) et ils étaient commandés depuis un PC volant. Un Puma embarquait systématiquement une équipe de commandos de l'air (CPA 30) pour aller récupérer immédiatement les équipages qui auraient été abattus. Alors qu'au début de l'opération, certains estimaient que chaque raid se traduirait sans doute par la perte d'un hélicoptère, tous sont rentrés. Aucun personnel n'a même été blessé.

Le défense libyenne n'est pourtant pas restée inerte. Très bien camouflée, les forces pro-Kadhafi ont riposté vivement avec des missiles portables SA-7 ou des canons de 23 mm ou de 14,5 mm. Les hélicoptères français ne sont intervenus que par nuit noire et en volant à très très basse altitude. Des années d'entraînement au vol tactique ont ainsi été mises à profit au grand dam des troupes de Kadhafi .

Les forces pro-Kadhafi ont été harcelées de manière impitoyable, comme en témoigne le nombre de munitions utilisées à chaque raid : une quinzaine de missiles HOT,  environ 150 roquettes et autant d'obus de 30 mm. Les raids n'étaient pas des hit and run (tire et part) mais des actions dans la durée puisque la proximité du BPC permettait aux hélicoptères d'aller se ravitailler et de revenir plusieurs fois...

Si les hommes et le matériel ont donné pleine satisfaction, les militaires engagés dans ces opérations ont toutefois regretté l'absence d'un drone MALE qui leur aurait fourni un renseignement constant sur la zone.

L'action des Français a été très différente de celles de leurs homologues de la British Army. Ceux-ci avaient déployé quatre Apache sur un porte-hélicoptères, mais semblent ne jamais en avoir engagé plus de deux simultanément. Les Apache "travaillaient" comme des avions de combat, tirant leur missiles Hellfire sur des objectifs programmés depuis une altitude élevée. Rien à voir avec "ces chiens de Français"...

Source : Jean Dominique Merchet - Secret Défense

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31 juillet 2011 7 31 /07 /juillet /2011 09:02

Article du monde du 27 juillet 2011 ( cliquez sur le texte pour l'agrandir)

 

tigre libye

 

bpctigre

bpc

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29 juillet 2011 5 29 /07 /juillet /2011 18:48

Célébration du 19 juillet 2011 aux Invalides

Homélie de Monseigneur Luc Ravel, évêque aux armées

(1. Le flot de nos sentiments)

C’est du coeur que partent nos paroles. Laissons notre coeur marquer d’abord nos paroles avec les sentiments qui l’habitent.

Parmi ces sentiments, il y a bien sûr une peine immense : comment ne pas être profondément et personnellement atteint par la disparition de 7 jeunes hommes et derrière eux 63 autres, fleurons de notre nation, fils de nos familles, camarades de nos unités ?

Mais dans cette peine se glissent d’autres sentiments. Car la tristesse n’arrive pas seule quand nous sommes en face de ces cercueils recouverts de notre drapeau. La douleur n’étouffe pas la palpitation de la fierté : une sobre mais grande fierté nous habite parce que ces hommes là ne sont pas décédés par accident ou de maladie. Ils sont morts pour la France. Notre admiration pour leur courage se transforme en fierté d’appartenir à ce peuple, à ce grand corps aux mille visages dont les membres sont capables de donner leur vie pour ceux qu’ils aiment. Nous avons raison d’être fiers quand notre équipe nationale triomphe sur les stades. Mais nos joueurs n’y risquent que leur réputation. Ici, nos soldats jettent leur vie devant nous. C’est là leur noblesse de soldat, c’est là notre grandeur de français.

(2. Etre militaire)

Cette noblesse du soldat nous invite à redire ce que signifie être militaire : être militaire, ce n’est pas d’abord être disponible ou même porter les armes. Etre militaire, c’est avant tout ne plus s’appartenir, ni même appartenir à sa propre famille : j’ai conscience de la dureté de ces propos en présence de nos familles éprouvées par le deuil. Etre militaire, c’est appartenir à la Nation. Exister et agir pour elle. Vivre et mourir pour elle. Et ceci nous renvoie à notre histoire.

En 1919, une énorme question c’était posée : devions-nous enterrer nos morts ensemble dans des cimetières nationaux ou rendre aux familles les corps identifiés ?

La polémique fit rage. Le père Doncoeur militait avec d’autres pour que restent ensemble ceux qui avaient péri ensemble. Dans un texte intitulé « Champ d’honneur », il écrivait cet émouvant appel aux mères et aux veuves :

« Il est mort au champ d’honneur,

Vous l’enlevez du champ d’honneur

Vous lui ravissez sa gloire

Et vous vous décevez. » (Paul Doncoeur Aumônier militaire, éditions de la Loupe, pages 179)

En 1920, la France va finalement rassembler ses morts dans d’immenses mausolées dignes de l’héroïsme de ces fils. Nous ne sommes plus en 1920, mais nous restons de ces hommes fixés sur l’éternel militaire : vivants ou morts, nous appartenons à notre Patrie plus qu’à nos proches. Etre soldat ne relève pas de la sphère privée même si à la base il y a un choix personnel.

Alors que certains s’interrogent sur l’opportunité d’aller mourir pour les Afghans voire pour rien nous répondons inlassablement : c’est pour la France que nous mourons. Ici ou au bout du monde : ce n’est pas la première fois que nos soldats meurent pour la France ailleurs qu’en France.

(3. C’est un oiseau qui vient de France)

Puis-je justement illustrer ce propos avec une chanson créée en 1885 et intitulée : « C’est un oiseau qui vient de France » ? Ce chant raconte l’histoire d’un oiseau qui « dans une bourgade lointaine, vint montrer son aile d’ébène. » Le voyant virevolter au-dessus d’un territoire ennemi et dangereux, l’enfant, le vieillard puis la fillette, tous trois aux coeurs palpitant d’espérance, s’écrient successivement : « sentinelles, ne tirez pas. C’est un oiseau qui vient de France. » Ils ne seront pas entendus ainsi que le dit le dernier couplet :

« Il venait de la plaine en fleur

Et tous les yeux suivaient sa trace,

Car il portait nos trois couleurs,

Qui flottaient gaiement dans l’espace.

Mais un soldat fit feu,

Un long cri part et l’hirondelle,

Tout à coup refermant son aile,

Tombe expirante du ciel bleu. »

Et le refrain conclut :

« Il faut au coeur une espérance,

Rayon divin qui ne meurt pas,

Mais l’oiseau qui chantait là-bas,

Mais l’oiseau qui chantait là-bas,

Ne verra plus le ciel de France. »

« Il faut au coeur une espérance. » Sinon comment résister ?

L’espérance est à portée de main : sachons la cueillir au bord de notre route. Elle porte en elle la certitude de la vie qui traverse, transperce et exténue la mort. L’Espérance chrétienne, nous l’avons dans l’exacte mesure où nous sentons en nous une vie que rien ne peut arrêter, pas même la mort. Et cette espérance ne trompe pas car le Christ est ressuscité d’entre les morts.

Alors pour tous ceux qui ne verront plus le ciel de France, tenons ferme la force de l’espérance.

Amen.

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21 juillet 2011 4 21 /07 /juillet /2011 18:35

| 20.07.11 | 13h29 • Mis à jour le 20.07.11 | 13h32

Le 14 juillet au matin, le second maître Benjamin Bourdet, du commando Jaubert, est mort au combat dans la province de la Kapisa, en Afghanistan. Dans la journée, on entendait les commentaires de nos concitoyens, et certains d'entre eux estimaient que le sacrifice de Benjamin Bourdet, comme celui des autres militaires français tués le jour précédent, était inutile.

Ce jugement est insupportable et erroné. Il est insupportable pour les commandos de marine que je commande, les militaires engagés sur les théâtres d'opérations, il est insupportable pour leurs familles et leurs proches. Il est erroné : il procède d'une confusion entre les objectifs politiques d'une guerre et le sens de l'engagement militaire. C'est une confusion assez "française" que l'on perçoit beaucoup moins dans les pays anglo-saxons, par exemple, où les valeurs militaires sont reconnues et distinguées en tant que telles. Sens et utilité

Un commando de marine tué au combat n'est pas mort pour l'Afghanistan, les droits de l'homme ou des intérêts stratégiques. Il est mort pour la France. Un militaire français qui meurt au combat meurt toujours pour la France, quel que soit l'endroit où il perd la vie. La valeur de son sacrifice n'est pas liée aux objectifs politiques poursuivis.

Nous votons, nous élisons nos dirigeants politiques. Ils débattent, ils décident l'engagement des armées, ils en rendent compte à la nation. C'est la démocratie. A la suite de ces décisions politiques, ouvertes, débattues, approuvées, les commandos de marine reçoivent des missions, ils ne les discutent pas, ils les exécutent. Toujours au péril de leur vie. C'est ce qu'on attend d'une force militaire dans une démocratie : l'obéissance du militaire à la décision politique et la poursuite de l'objectif au péril de sa vie. La valeur de son sacrifice n'a pas de relation avec la victoire ou la défaite. Il y a des victoires, il y a des défaites, des hommes tombent au champ d'honneur, ils sont également considérés et honorés. A Douaumont, en 1984, François Mitterrand et Helmut Kohl se sont donné la main pour honorer vainqueurs et vaincus, tous militaires qui ont accompli leur devoir sur le champ de bataille de Verdun.

On peut discuter de notre engagement militaire en Afghanistan, les parlementaires l'ont fait.

On peut estimer qu'il n'atteindra pas les objectifs initiaux, malgré l'engagement admirable de nos soldats. On peut l'estimer inutile, ce que je ne crois pas. Pour autant ces jugements politiques et critiques n'enlèvent pas une once de sens et d'utilité à la mort au combat d'un militaire, fidèle jusqu'au bout à son engagement envers son pays et ses concitoyens, fidèle jusqu'au bout à ses frères d'armes aux côtés desquels il s'est battu, dans les bras desquels il est mort.

Distinguer la légitimité d'une fin et les vertus des moyens est une des qualités fondamentales d'une démocratie. Au nom de cette qualité, que mes concitoyens honorent le sacrifice de mes camarades pour ce qu'il est et ne le jugent pas pour les fins qu'il sert.

Christophe Prazuck, contre-amiral, commandant la force des fusiliers marins et commandos

Le Monde . Article paru dans l'édition du 21.07.11

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14 juillet 2011 4 14 /07 /juillet /2011 16:39

Un nouveau soldat français a trouvé la mort en Afghanistan ce jeudi matin. Il s’agit d’un commando marine lorientais qui participait avec des policiers afghans à une opération de contrôle dans la vallée d’Aalasay, en Kapisa. Il a trouvé la mort au cours « d’un accrochage », précise l’Elysée dans un communiqué. Selon nos informations, il aurait été tué par une balle en tir direct. Le jeune homme appartenait au commando Jauber, basé à Lorient (Morbihan).

Le commando marine français a été tué par un tir d'arme légère, au cours d'un accrochage dans la zone de Chekut, au milieu de la vallée d'Alasay, a expliqué le lieutenant-colonel Éric de Lapresle, porte-parole de l'armée française en Afghanistan. "Il prenait part à une opération mixte franco-afghane comprenant des membres des forces spéciales françaises et des policiers afghans", a-t-il ajouté, précisant que cette opération s'inscrivait "dans le cadre des missions habituelles de l'armée française en Afghanistan". Les commandos marine font partie des forces spéciales françaises.

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14 juillet 2011 4 14 /07 /juillet /2011 08:09

Cinq militaires français et un interprète afghan ont été tués dans ce qui semble être un attentat-suicide en Afghanistan. Quatre autres militaires sont blessés, dont un très grièvement, ainsi que trois civils afghans Les cinq militaires tués sont un lieutenant et un sous-officier du 1er Régiment de chasseurs parachutistes de Pamiers, deux adjudants du 17 ème régiment du génie parachutiste de Montauban - dont l'un appartement au Groupement des commandos paras et un caporal, photographe, du Sirpa-Terre de Lyon. Il s'agit du lieutenant Thomas Gauvin (1er RCP), de l'adjudant Emmanuel Techer (17 RGP), de l'adjudant Laurent Marsol (1er RCP), de l'adjudant Guéniat (17 RGP) et du caporal-chef Sébastien Vermeille (Sirpat).

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