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24 mars 2011 4 24 /03 /mars /2011 13:37

Alors que le ministère français de la Défense doit trouver 3,6 milliards d’euros d’économies afin de participer à l’effort de réduction des dépenses publiques, l’on peut s’interroger sur le coût de missions actuellement menées dans le cadre de l’opération Harmattan et de son impact sur le budget alloués aux forces armées.

Ainsi, il est estimé qu’une heure de vol d’un Rafale coûte environ 39.000 euros. Pour les autres appareils engagés (Mirage 2000, AWACS, C135FR, sans oublier les avions de transport), il faut compter entre 15.000 à 30.000 euros de l’heure. La mobilisation du porte-avions Charles de Gaulle et de son groupe aéronaval a aussi son prix, qui est plus compliqué à évaluer. A cela s’ajoute le coût des munitions : le tir d’un missile (A2SM) revient à 250.000 euros, ce qui est à comparer aux 650.000 dollars d’un Tomahawk américain.

Pour le moment, les opérations en cours n’auront pas – ou peu – d’incidences sur les moyens des armées françaises. Seules les munitions qui ont été tirées devront être remplacées. Pour le reste, l’on peut considérer que les missions au-dessus de la Libye sont en un entraînement grandeur nature. Cependant, il ne faudrait pas que cette situation s’inscrive dans la durée… Or, une zone d’exclusion aérienne s’imposera tant qu’une solution à la guerre civile libyenne n’aura pas été trouvée. Et au vu de la détermination du colonel Kadhafi à rester au pouvoir et aux difficultés des insurgés à prendre le dessus militairement, c’est bel et bien ce qu’il risque de se passer.

Le coût des opérations en Libye est aussi une préoccupation outre-Manche, à l’heure où Londres impose des réductions drastiques (8% d’ici 2015) des moyens alloués à ses forces armées, avec des déficits capacitaires à la clé. Certains commentateurs n’ont d’ailleurs pas hésité à mettre en lumière la contradiction à tailler dans les dépenses militaires tout en s’engageant sur un nouveau front.

Avec un coût horaire des Eurofighter deux fois plus important que celui des Rafale et un heure de vol d’un Tornado estimée à 35.000 livres sterling, sans oublier le prix des missiles utilisées – 800.000 livres l’unité – le Royal United Services Intitute (RUSI) estime que l’opération Aube de l’Odyssée devrait coûter environ 115 millions d’euros pour 4 à 6 semaines de missions.

Cette évaluation a été toutefois minorée par le ministère britannique de la Défense (MoD), qui parle de dizaines de millions de livres, lesquels devraient être ponctionnés sur le budget prévu pour les « imprévus ».

 

 

 

Commentaire du président des combattants volontaires de la Drôme:

Les heures de vol ne coutent rien de plus par rapport à ce qui avait été budgetisé pour l'entraînement des forces aériennes ( en fait les heures de vol auraient de toute façon été réalisées). Même chose concernant le déplacement du porte avion Charles de Gaulle , à quoi servirait il si il restait à Toulon. Le coût de l'opération n'est donc que le coût des munitions tirées ( et encore il faut bien en tirer pour s'entraîner), le coût destiné à recevoir de manière non prévue les avions sur les bases aériennes étrangères et inversement et, esperons que cela ne se produira pas, le coût des avions perdus au combat.

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9 mars 2011 3 09 /03 /mars /2011 19:06

vaptop-20110309En janvier 2009, l’armée de Terre déployait en Afghanistan ses premiers Véhicules de l’Avant Blindé équipés d’un tourelleau téléopéré (VAB TOP). Ces derniers avaient été modifiés dans le cadre des « urgences opérations » (UO), dont l’objectif était d’améliorer la protection des combattants.

Le tourelleau téléopéré, développé en l’occurrence par la société norvégienne Kongsberg, permet de protéger le servant de la mitrailleuse 12,7mm fixée sur le VAB étant donné que cette arme est mise en oeuvre depuis l’intérieur du blindé grâce à un « joystick ». Ce système est complété par un télémètre laser et deux caméras.

Mais à l’avenir, ces VAB TOP seront dotés d’une nouvelle capacité avec le système PILARw, développé par la société 01dB-Metravib. Il s’agit d’un dispositif qui permet de détecter et de localiser automatiquement des tirs d’armes légères, de mortiers et de lance-roquettes RPG. L’emplacement du tireur s’affiche alors en 3D et quasiment en temps réel, ce qui améliore la capacité de riposte.

Ce système PILARw sera intégré sur 80 VAB TOP par Renault Trucks Defense (RTD) dans le courant du second semestre 2011.

Par ailleurs, les premiers VAB FELIN ont été livrés par RTD au 13ème Bataillon de Chasseurs alpins de Chambéry. Près de 200 véhicules adaptés au système de Fantassin à Equipements et Liaisons Intégrés seront prochainement livrés. Leur particularité est de permettre aux combattants de pouvoir recharger les batteries de leur équipement à partir du réseau électrique du blindés.

Source : Zone militaire

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7 mars 2011 1 07 /03 /mars /2011 21:59

image00271L'aéronautique navale disposera bientôt de deux hélicoptères de type Dauphin en Polynésie française. Le premier appareil est attendu vers la mi-2011 à Tahiti, tandis que le second hélicoptère devrait lui arriver en Polynésie au cours du premier semestre 2012.

Produit par Eurocopter, l'appareil de l'aéronavale sera différent des Dauphin de service public à bien des égards.

En effet, il disposera notamment d'une "avionique plus moderne", d'une "motorisation optimisée", avec également "un pilote automatique numérique de dernière génération", souligne le magazine Mer et Marine.

Le financement de ce programme a fait l'objet d'un achat groupé interministériel entre la Défense, les Finances, l'Intérieur et l'Outre mer (rattaché à l'Intérieur depuis la signature du contrat de vente), précise le magazine.

Ces appareils auront des missions multiples: action de l'Etat en mer, dont le secours maritime, mais aussi missions de sauvetage et d'évacuation médicale à terre, y compris en montagne, opérations humanitaires, repérage de feux de forêt, ou encore lutte contre les trafics illicites et transport de forces.

Entrée en service des deux appareils en deux phases

Afin d'optimiser les coûts, précise encore Mer et Marine, ces appareils, qui n'ont pas vocation à embarquer sur les navires de la Marine nationale, verront une partie de leur entretien confiée à une entreprise privée.

L'autre partie de la maintenance, ainsi que les opérations, seront assurées par une équipe réduite de seulement 18 militaires. Ce détachement comprendra, en tout, 6 pilotes, 3 treuillistes, 3 plongeurs et 6 techniciens.

Le détachement de cette unité, la 35F, sera créé à Faa'a en juillet prochain pour une "prise d'alerte progressive" à compter du mois d'octobre, selon Mer et Marine.

La pleine capacité du détachement est programmée pour le mois de juin 2012, peu après l'arrivée en Polynésie du second appareil.

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3 mars 2011 4 03 /03 /mars /2011 15:48

Mercredi 16 février 2011 -

Intervention du Vice-amiral Michel Olhagaray, président de l'Association nationale des officiers de carrière en retraite (Anocr).

 

 

Les 10 000 adhérents de l'Association Nationale des Officiers de Carrière en Retraite (ANOCR), appartenant aux trois armées, à la gendarmerie et aux différents services du ministère de la défense, sont très attachés aux valeurs de cohésion nationale, qui sont toujours modernes ; ils sont, eux aussi, bien dans leur époque.

Ils déplorent le délitement de l'esprit de défense - qui fait partie d'un délitement général des valeurs - et du sentiment d'attachement de la Nation à son armée.

 

Ils forment la chair de cette cohésion : ils ne demandent pas que l'on s'intéresse à eux, mais qu'on les intéresse, eux, à l'avenir de la défense et de notre armée dans la Nation. Ils réclament qu'une action d'envergure coordonnée soit entreprise dans ce domaine afin de contribuer au redressement de l'esprit de défense. Aucun outil n'a véritablement remplacé le service national. Les gouvernements successifs ne s'attaquent pas vraiment à ce problème : il est du devoir de la représentation nationale de le faire de manière globale, au-delà des actions ponctuelles qui ont pu être conduites.

 

J'assistai récemment à l'Assemblée nationale à un colloque sur le soldat dans la Nation :nous avons bien vu parmi vos représentants l'absence d'une vraie volonté, d'une vraie prise de conscience.

Un tel projet conditionne le dynamisme de la Nation et la confiance qu'elle a en elle. La situation actuelle se traduit assez couramment par une sorte « d'ignorance ordinaire » envers le fait militaire et l'esprit de défense. La faiblesse du soldat, a dit récemment un ancien chef d'état-major, c'est d'obéir : cela est vrai dans certains domaines.

 

Nos chefs d'état-major constituent une force de propositions, mais on ne les entend pas : on ne peut les voir s'élever contre une mesure ; ils ne peuvent mettre leur képi au vestiaire.

Donc le militaire obéit sans qu'on lui demande son avis. Ainsi, des décisions sont prises en matière de retraite sans que les militaires ou les états-majors le sachent : certains amendements du Sénat ont été présentés sans que nul ne soit informé - à l'exception, au dernier moment de l'état-major des armées - puis examinés dans les mêmes conditions en commission mixte paritaire, avec au bout du compte, une mesure préjudiciable.

 

Nous ne sommes pas intéressés par le combat catégoriel, mais par la méthode, qui peut parfois s'apparenter à un certain dédain : on fait des militaires ce que l'on veut, on n'en parle pas ; ils ne sont pas des partenaires.

 

Nous souhaitons au contraire que les militaires qui peuvent s'exprimer soient considérés comme des partenaires de défense : ils le désirent, comme l'attestent mes rencontres dans le cadre des 55 assemblées générales de notre groupement. Devant nos adhérents, nous disons ce que nous demandons et la façon dont nous sommes entendus ; nous dirons aussi les résultats qui ont été obtenus.

 

Les retraités militaires sont 650 000 en France, dans une tranche d'âge comprise entre 60 et 90 ans : ils feront entendre leur voix.

 

Il faut donc une volonté nationale de redressement, un plan d'action cohérent, et que les associations, qui font partie de la chair de la cohésion nationale, soient parties prenantes et considérées comme de vrais partenaires de défense, comme il existe des partenaires sociaux.


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3 mars 2011 4 03 /03 /mars /2011 06:36

gerard-longuet-ministre-defenceAprès les déboires tunisiens de Michèle Alliot-Marie, le maire de Bordeaux a été désigné pour lui succéder au Quai d’Orsay. Ce scénario était dans l’air depuis quelques jours et ne constitue donc pas une réelle surprise et l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac retrouve ainsi des fonctions qu’il avait occupées entre 1993 et 1995.

Alain Juppé parti au ministère des Affaires étrangères, restait à lui trouver un successeur à l’Hôtel de Brienne. Deux noms ont circulé : ceux de Brice Hortefeux et de Gérard Longuet.

Et finalement, c’est le président du groupe UMP au Sénat qui sera le prochain ministre de la Défense. Par ailleurs, les gendarmes changeront aussi de « patron » puisque Brice Hortefeux va laisser la place à Claude Guéant au ministère de l’Intérieur pour occuper un poste de conseiller à l’Elysée.

Né le 24 février 1946, Gérard Longuet a commencé ses activités politiques en participant à la création de l’organisation Occident, proche de l’extrême droite, dans les années 1960. Il y côtoie alors Alain Madelin et Patrick Devedjan. Cet activisme lui vaudra d’être condamné à une peine de prison et à 1.000 francs d’amende pour « complicité de violence et voies de fait avec armes et préméditation ».

Admis à l’Ecole nationale d’administration (ENA) en 1971, il devient directeur des cabinets préfets de l’Eure, puis de la Somme avant d’entamer une carrière ministérielle auprès de Jacques Dominati, alors secrétaire d’Etat auprès du Premier Ministre, qui était à l’époque Raymond Barre.

Député et Vice-président du Conseil général de la Meuse en 1982, il est nommé secrétaire d’Etat en charge des Télécommunications, puis ministre délégué du gouvernement Chirac en 1986.

Président du Parti républicain de 1990 à 1995, Gérard Longuet devient président du Conseil général de Lorraine en 1992, puis retrouve un portefeuille de ministre à la faveur de la seconde cohabitation, trois ans plus tard.

Mis en cause pour une affaire de financement illicite du Parti républicain et celui de la construction de sa villa, il démissionne dugouvernement Balladur en octobre 1994. Plus tard, il sera également mis en cause dans l’affaire des marchés publics d’Île-de-France. Il sera finalement relaxé de toutes les accusations qui ont été portées contre lui.

Elu sénateur en 2001, Gérard Longuet revient sur le devant de la scène politique en obtenant la présidence de l’Association des régions de France (ARF). Cependant, en mars 2004, il est battu lors des élections régionales et perd ainsi la direction de la région Lorraine.

Quant à son passé militaire, et d’après son site Internet, l’on sait seulement qu’il est lieutenant de réserve après avoir effectué son service national dans un régiment d’artillerie en 1970-1971.

Source : Zone Militaire

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28 février 2011 1 28 /02 /février /2011 11:37

 

Défense info : 27/02/2011

 

 

Le secrétaire d'Etat à la Défense, Robert Gates, était à West Point, vendredi, pour la remise des diplômes aux cadets de la célèbre école militaire. Son discours a, je l'espère, tenu éveillés les futurs officiers de l'armée de terre US, tant il prenait à rebrousse-poil les habitudes de penser institutionnelles. L'intégralité de ce discours (en anglais) est à lire ici. Mais, pour faire gagner du temps aux plus pressés et à ceux dont l'anglais est un peu hésitant, en voici les points essentiels et les phrases les plus décisives.

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Des guerres imprévisibles
Gates a mis l'accent sur les guerres "complexes, imprévisibles et déstructurées" qui attendent les futurs officiers. Rien de nouveau, sauf une petite phrase sur le manque de clairvoyance américain en matière d'anticipation sur la nature et la localisation des prochains conflits: "Pas une seule fois, nous n'avons anticipé avec justesse. Nous n'avions aucune idée, un an avant les conflits récents, de ce qui nous attendait".

La fin de la "Grande armée" (Big Army)
"Selon moi, si un futur secrétaire d'Etat à la Défense conseillait au Président d'envoyer une force terrestre lourde en Asie, au Moyen-Orient ou en Afrique, il devrait être interné".
"L'armée de terre va devoir justifier le nombre, la taille et le coût de ses formations lourdes".

Faire carrière? Une notion à réviser
- "L'armée ne sera plus capable de vous entraîner et de vous former pour que vous disposiez de toutes les réponses appropriées"
D'où un premier conseil:
"Poursuivez vos études, enseignez dans des universités, passez du temps dans des think tanks, faites un séjour dans les services du Congrès ou dans une autre agence gouvernementale, devenez des spécialistes de la politique étrangère, maîtrisez les langues étrangères et apprenez à connaître les cultures étrangères".
- L'avenir de l'Institution militaire après 2014 n'est ni défini ni définitif.
D'où un second conseil: l'armée du temps de paix ne pouvant pas garder tout le monde, ne comptez plus trop sur des promotions automatiques ou des postes dans l'administration, les ressources humaines et le soutien.
Et Gates de poursuivre en martelant qu'il ne faudra pas tomber dans le piège de la routine qui est le fait de la bureaucratie de temps de paix: "Il est temps de traiter la constipation institutionnelle et bureaucratique de la "Grande armée". En clair, il faut faire de la place, voire le vide!

Au final?
Robert Gates a donc annoncé que la fin des opérations de combat en Irak et en Afghanistan va devoir provoquer une fonte des budgets et un changement de culture chez les militaires US. Les effectifs ne pourront jamais rester au niveau où ils sont; seuls les plus brillants et les plus polyvalents des cadres seront conservés, les autres n'auront plus la possibilité de pantoufler dans des états-majors et des services.

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27 février 2011 7 27 /02 /février /2011 20:54
Au-delà des communiqués, la réalité. Qu’éprouvent nos soldats ? Quelles peurs ? La hantise : tomber sans combattre, soufflé par un de ces engins indétectables après avoir mille fois observé le bout de ses rangers, le petit mètre de piste jusqu’à la prochaine pose de pied et répéter cette observation des milliers de fois. Terrible tension.

Ces engins explosifs artisanaux sont l’angoisse de nos soldats. Sur une piste, au détour d’un chemin, entre les murs d’une bergerie que l’on fouille, sur le dos d’un âne, dans le fardeau d’une paysanne, là où on si attend le moins, ils explosent, emportent jambes et bras ; évident le cerveau et projettent vers le néant, temporaire ou définitif. Et si vous avez de la chance, le pire est devant vous.

Le soldat foule le sol et ses yeux doivent radariser le haut, l’horizon, le bas, le sol et recommencer. Les yeux piquent sous la sueur chaude et froide, la pression est extrême. En Afghanistan, l’armée de terre « déguste », directement confrontée, et c’est la seule, à l’immédiateté de la sanction. L’aviateur dans le cockpit de son Rafale donne le feu à distance, le marin du porte-avions ne souffre que de l’éloignement, mais le fantassin, dans l’action du feu, reste le plus vulnérable. Il ne s’agit pas d’opposer le fantassin à ses frères d’armes aviateurs ou marins mais bien de comprendre, d’expliquer et d’admettre que les missions terrestres exposent le plus nos soldats à la mort et que la campagne double offerte par Alain Juppé à nos soldats en Afghanistan pourrait comporter un petit bonus supplémentaire pour les patrouilleurs.

Imaginez

Votre regard scrute les cicatrices du sol et seul un bout de terre ou de sable fraîchement remué peut révéler l’emplacement d’un de ces engins. Si votre pied se pose au mauvais endroit l’engin explose. Vos poumons éclatent. Vos yeux explosent. Votre tête, votre corps s’emplissent d’une brûlante douleur que rien ne calmera. L’âme et le corps sont atteints à jamais. Il va falloir vivre avec son handicap de guerre et même réapprendre à vivre pour les cas les plus graves. De salle d’opération en salle d’opération votre vie deviendra un enfer.

Le problème majeur de ces bombes artisanales c’est qu’elles sont quasi indétectables, souvent de l’explosif sans enveloppe ni projectiles métalliques pour un effet tueur maximal ; des centaines de soldats de l’OTAN ont été estropiés par ces engins. Les moyens mis en œuvre pour les détecter et les neutraliser ne sont pas encore opérationnels. Il faut y penser et soutenir nos soldats même si nous ne sommes pas d’accord avec cette guerre. Nos soldats agissent là-bas, en Afghanistan, pour que ces bombes ne sautent pas dans nos villes, ils font leur devoir, n’oublions pas le notre...

Defense info

 
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26 février 2011 6 26 /02 /février /2011 17:23

Le rapport de mission de l’abbé Benoït Jullien de Pommerol, padre du 2ème Régiment Etranger Parachutiste lorsque cette unité a été déployée en Afghanistan au cours du premier semestre 2010, a fait beaucoup de bruit dans la blogosphère de défense (et moins dans les médias généralistes…).

Dans son compte-rendu, le prêtre critiquait avec force la « déférence » de l’armée française à l’encontre de l’Islam, au point, selon lui, d’oublier ses propres valeurs. Et de prendre l’exemple de l’obligation faite par un officier à un personnel féminin de porter un voile dans l’enceinte d’une camp français ou encore le silence de la hiérarchie face au comportement irrespectueux d’autorités locales afghanes lors de cérémonies rendant hommage à des militaires français tombés au combat.

Bien évidemment, la diffusion de ce rapport, qui était destiné à un usage interne, a fait tousser en haut lieu. Et la question du maintien de l’abbé Jullien de Pommerol au sein de l’armée s’est posée. Finalement, et comme l’a révélé Secret Défense, ce prêtre « fana mili » quittera le 2ème REP pour être affecté dans le Pacifique, après s’être occupé de l’organisaiton des prochaines Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ) en Espagne.

Mais si le « Padre » est resté dans l’institution militaire, c’est apparemment grâce au soutien apporté par l’Evêque aux armées, Mgr Ravel. Lors d’un entretien publié par La Nouvelle République, ce dernier a affirmé que l’abbé Jullien de Pommerol « n’avait pas à être sanctionné ». « Et ce n’est pas lui qui a mis son rapport sur Internet » a-t-il insisté.

Quant au contenu du rapport, Mgr Ravel a estimé qu’il reflète le « ressenti du prêtre ». Pour autant, l’évêque aux armées n’entend pas en rester là puisqu’il a « demandé à l’autorité militaire d’enquêter sur certains faits qui, soit découlent de directives – et c’est inquiétant -, soit sont de mauvaises interprétations de consignes, et cela mérite d’être corrigé. »

Concernant l’attitude que doivent avoir les militaires français en Afghanistan, Mgr Ravel a mis en avant la difficulté « d’avoir le comportement juste », c’est dire de « respecter la culture et la réligion afghanes sans pour autant se mettre en position d’apostasie, ce qui ne nous ferait pas grandir aux yeux des musulmans ». « Je peux vous affirmer que la présence de nos aumôniers en Afghanistan est perçue comme un signe positif par bon nombre d’Afghans qui ont plus de respect pour les croyants que pour des gens sans Dieu » a-t-il ajouté.

 

http://www.opex360.com/

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21 février 2011 1 21 /02 /février /2011 16:35
couv575Refonte de la carte militaire, réorganisation des états-majors, budgets de plus en plus « serrés », réduction constante des effectifs, vieillissement du matériel… Près de quinze ans après l’entrée en vigueur de la professionnalisation des armées, près de deux ans après la réintégration de la France dans l’Otan, la « grande muette » est inquiète. Elle s’interroge non seulement sur ses moyens, mais aussi sur la finalité, devenue floue, de ses missions. A quelle logique politique et stratégique obéit-elle ? Et au-delà, quelle peut être, aujourd’hui, la place de la fonction militaire dans une société régie par les seules « valeurs » marchandes, piétinant chaque jour les vraies valeurs, celles du service, du devoir et du sacrifice, que le soldat incarne dans toute leur quintessence ?

Lancinante comme la douleur d’une vieille blessure, l’image, imposée en 2008 par le général Jean-Claude Thomann, revient spontanément au détour des conversations entre militaires, sans parler des forums de discussions qui fleurissent sur Internet : au rythme où vont les réductions d’effectifs, l’armée de terre tiendra bientôt tout entière dans le Stade de France. Enfin presque, rectifient les plus optimistes puisque ses 81338 places seraient insuffisantes pour accueillir les 88000 combattants qui, au terme du dernier Livre blanc de la défense (2008) constitueront le fer de lance de nos effectifs en 2014. Mais les pessimistes remarquent aussitôt qu’en annexant la pelouse de ce mê
me stade, on pourrait y ajouter sans mal les 6000 militaires non opérationnels et les 9000 civils de l’armée de terre, soit, en tout, 103000 hommes. 

L’armée de la troisième puissance militaire mondiale réduite au public d’un stade, fût-il le plus grand de France : le raccourci parle à tout le monde… Et pour ceux qui n’ont pas la mémoire courte, elle évoque bien pis : les 100000 soldats accordés à la Reichswehr de 1918 par le traité de Versailles et les 100000 autres concédés à Vichy, en 1940, aux termes de l’armistice négociée avec le IIIe Reich. La vaine poussière d’armées vaincues tout juste autorisées à maintenir l’ordre. Bref, à tirer sur la foule, en cas de besoin… Mais en aucun cas à s’opposer à l’invasion du territoire.

S’exprimant le 22 octobre 2010 à l’occasion des Journées des présidents des officiers de Coëtquidan, le chef d’état-major de l’armée de terre, le général Elrick Irastorza lui-même n’a pas lésiné sur la pédagogie pour faire comprendre le caractère « particulièrement compliqué » et « anxiogène » des réformes mises en place à partir de 2011 pour réduire le format de nos armées.

« En 1914, nous disposions de deux mille bataillons d’infanterie, de quoi mettre un fantassin tous les cinquante centimètres entre Nice et Dunkerque. Aujourd’hui avec nos vingt bataillons, nous avons de quoi en faire autant entre la porte Maillot et celle de la Villette ; 1724 canons français s’opposaient à Verdun à 2200 canons allemands. Il nous en reste aujourd’hui 128, réduction acceptée, je le rappelle, parce qu’elle devait être compensée par la mise en service du LRU [lanceroquettes unitaire, dont l’entrée en service est repoussée à 2014 et qui figure sur la liste des matériels en suspens, si de nouvelles coupes budgétaires devaient être opérées] dès 2012. »

Certes, depuis 1960, le maintien de l’intégrité du sol national repose sur la dissuasion atomique. Autrement dit, sur des « armes d’épouvante » susceptibles de faire subir à un ennemi plus fort que nous de tels dommages qu’il en perdrait tout intérêt à nous détruire. Née de la guerre froide, et toujours d’actualité face à d’autres puissances nucléaires, cette « assurance contre l’imprévisible » comme la nommait le général Gallois, vaut-elle encore s’agissant d’un agresseur asymétrique utilisant des armes conventionnelles et qui, de surcroît, déclencherait un conflit depuis l’intérieur même du territoire ? Evidemment non. Conçue pour réduire à néant un bassin industriel ou une métropole majeure à des milliers de kilomètres de nos frontières, l’arme nucléaire, même tactique, ne serait d’aucune utilité pour s’opposer à la constitution d’une enclave indépendante sur le territoire de la République, type Kosovo, ou au débarquement, pacifique ou non, sur les côtes de la Méditerranée, de centaines de milliers d’hommes chassés par la misère ou par l’instabilité politique – l’hypothèse du Camp des saints, chère à Jean Raspail, dont ce roman magistral de 1973 est réédité ces jours-ci.

Quant à la menace majeure qu’est devenu le terrorisme, irréductible, par définition, aux catégories guerrières traditionnelles, ce n’est pas à coups de missiles qu’on la dissipera. Ce qui dissuade d’agir un Etat, dont les intérêts vitaux sont bien identifiés, ne dissuade pas une nébuleuse infra-étatique, sans territoire ni structure politique afférente, et dont le seul intérêt « vital » réside dans l’accomplissement de ses buts de destruction ou de déstabilisation, forcément contingents. On le voit bien au Niger où les intérêts français, directement menacés, ne peuvent être efficacement protégés que par le déploiement de forces classiques, et rien d’autre…

Inquiets de voir nos trois armes réduites à un format décidément incompatible avec les missions d’une grande puissance (moins de cent mille militaires en armes en 2014, une force aérienne de combat ramenée à trois cents appareils et une marine à moins de trente grandes unités navales dont un seul porte-avions), les militaires ne sont pas pour autant rassurés sur le maintien d’une dissuasion efficace. C’est-à-dire, fondamentalement indépendante. Ou encore, pour reprendre l’expression consacrée par le général de Gaulle, capable de garantir à la nation que, si la France doit faire la guerre, ce sera vraiment « sa guerre ».

Le postulat du Livre blanc de 2008 est en effet sans équivoque : « sauf exception, lit-on page 201, toutes nos opérations militaires se dérouleront dans un cadre multinational. Celui-ci peut être préétabli, dans le cas de l’Alliance atlantique ou de l’Union européenne, ou ad hoc, dans le cas de coalitions de circonstance. » Peut-on prendre plus intégralement le contre-pied du premier Livre blanc, celui de 1972, rédigé sous l’autorité de Georges Pompidou et de Michel Debré, alors ministre de la Défense : « Pour un peuple libre, la sécurité se confond avec la sauvegarde de cette liberté fondamentale qui est la première de toutes les autres et qui s’appelle l’indépendance de la nation. »

Il est vrai qu’entre-temps, la France – que le général de Gaulle avait fait sortir, en 1966, du commandement intégré de l’Otan – est revenue au sein de cette organisation et qu’au fil des traités européens qu’elle a signés depuis 1992, ses gouvernements successifs ont considéré, à rebours de vingt siècles de pensée politique, que la souveraineté n’était plus un absolu et pouvait sans inconvénient, être transférée. Ce qui, d’Aristote à Carl Schmitt, et des légistes de la monarchie à ceux de la Révolution française, s’appelle une aliénation…

Plus de moyens, de moins en moins d’autonomie… Comment s’étonner que le moral des militaires soit au plus bas ? Leur inquiétude est d’autant plus forte qu’elle se double d’une cruelle déception : la dernière grande réforme de notre défense nationale – la transformation, en 1996-1997, sous l’égide de Jacques Chirac, de l’armée de conscription en armée professionnelle – devait avoir pour corollaire un accroissement considérable de nos moyens. L’échange, en quelque sorte, de la quantité pour la qualité…

Treize ans plus tard, on sait ce qu’il est advenu de cette promesse : beaucoup moins d’hommes – c’était prévu – mais aussi, et surtout, moins de matériels et des capacités d’intervention drastiquement réduites – ce qui ne l’était pas ! Le « format » rêvé pour l’horizon 2015 – 434000 hommes, toutes armes confondues, dont trente mille projetables à huit mille kilomètres pendant un an, appuyés par soixante-dix avions et deux porte-avions (pour qu’un soit disponible en permanence) – est devenu une peau de chagrin : déjà réduite, en 2010, à 305732 éléments, dont 240996 militaires (source : Observatoire social de la défense), l’armée ne devrait pas en aligner plus de 225000 en 2014. Ce qui introduit un doute légitime sur le maintien d’une force « projetable » autonome et renforce l’inquiétude des militaires sur la perte de notre indépendance matérielle et, partant, décisionnelle.

Le 10 juillet dernier, dans Valeurs actuelles, Frédéric Pons résumait ainsi la situation : « Les armées pourraient se rabattre sur le format des unités d’intervention interarmées de 5000 hommes, projetables en permanence dans un cadre national ou multinational… La réintégration dans l’Otan plaide en ce sens, même si, à terme, ce processus risque de faire de l’armée française un simple supplétif des Américains. »

Maître mot de Nicolas Sarkozy, « l’inter-opérabilité » de nos forces a un avantage : permettre à la France de maintenir l’aguerrissement de ses troupes, en étant présente sur des théâtres majeurs. Mais, ajoutait Frédéric Pons, « les inconvénients sont nombreux : la réduction du format devrait dégrader, ipso facto, les missions et les ambitions géopolitiques de notre pays, et le recours aux capacités alliées – le culte de la mutualisation, prétexte à beaucoup de renoncements – entraînera la perte de capacités pointues, au détriment direct de la France [et de l’Europe]. Ce “décrochage” technologique devrait bénéficier aux seuls Etats-Unis. Cette évolution est préoccupante : dans le monde, l’Europe désarme, tandis que l’Amérique et l’Asie ne cessent d’augmenter leurs budgets militaires. »

Dans chaque arme, de fait, c’est une hécatombe de moyens. L’armée de terre, qui devait disposer de 770 chars, dont 420 lourds (le Leclerc), selon le schéma 2015 arrêté sous Jacques Chirac, ne devrait pas en aligner plus de 500 en tout en 2014. L’aviation perdra 24 % de ses effectifs, la marine 11 %. La déflation des crédits est plus préoccupante encore : les baisses induites par les préconisations du Livre blanc, rédigé juste avant la crise financière, ont été aggravées par elle. Aux termes du Livre blanc, mais aussi de la loi de programmation 2009-2014, l’objectif initial était de consacrer en tout 377 milliards d’euros à la défense. Il pourrait n’en rester, au bout du compte, que 340…

Pour s’instruire du détail, il n’est que de prendre connaissance des auditions de nos généraux par la commission de la défense de l’Assemblée nationale dans le cadre de la préparation du budget 2011 (lire encadré, pages 34-35). Et malheur à ceux qui prennent moins de gants ! Le 5 janvier dernier, le Canard enchaîné révélait que l’un de nos meilleurs officiers, le général Desportes, ancien patron de l’Ecole de guerre, réputé pour la qualité de sa réflexion stratégique, manquait non seulement sa quatrième étoile, mais avait été placé sur écoutes téléphoniques par la DCRI (le contre-espionnage français, issu de la fusion, en 2008, de la DST et des Renseignements généraux). Sa faute : avoir critiqué, dans un entretien au Monde, daté du 2 juillet 2010, la stratégie choisie par les Etats- Unis en Afghanistan (« Elle ne semble pas fonctionner, factuellement, la situation n’a jamais été pire ») et de l’assujettissement des Français à celle-ci (« C’est une guerre américaine… Il n’y a pas de voix stratégique des alliés »). Surtout, le général Desportes est soupçonné d’avoir été l’un des auteurs, sinon l’inspirateur – ce qu’il dément formellement –, de la tribune parue le 18 juin 2008 dans le Figaro, sous le pseudonyme de Surcouf, et dénonçant une foncière inadéquation entre les orientations du Livre blanc et les intérêts de la France.

Ce texte, approuvé en privé par beaucoup de militaires d’active, soulignait en effet quatre incohérences majeures :

1. Une incohérence logique : « Alors que les crises se multiplient, l’Europe en général et la France en particulier diminuent leur effort de défense au moment même où chacun les augmente (les dépenses militaires mondiales ont progressé de 45 % en dix ans). »

2. Une incohérence doctrinale : « Le paradigme de la “guerre industrielle” (entre arsenaux étatiques) ayant été remplacé par celui de la “guerre bâtarde” – le plus souvent “au sein des populations” –, ce dernier exige à la fois des forces terrestres plus nombreuses, une capacité de projection aérienne et navale plus affirmée, une réorientation des programmes en conséquence […] Nous en sommes, nous, à la diminution des effectifs de l’armée de terre et au “report” de la décision de construire le deuxième porte-avions, qui signe une rupture capacitaire majeure. »

3. Une incohérence politique : «Nous revenons dans l’Otan, avec une capacité militaire affaiblie, et tout en y revendiquant des postes de commandement […]. Nous baissons la garde au moment où nous souhaitons entraîner nos partenaires vers un renforcement de la défense européenne… »

4. Une incohérence tactique, enfin, « par rapport à la seule certitude que nous ayons : celle de nous engager vingt fois en Afrique dans les années qui viennent, pour y éviter des catastrophes humanitaires ou assurer l’évacuation de nos ressortissants. Si nous pouvons le faire aujourd’hui, c’est parce que notre réseau de bases nous confère une efficacité d’autant plus unique que l’ensemble des pays africains refuse le déploiement de l’US African Command (commandement américain en Afrique) sur le sol africain. Pour gagner […] trois mille postes budgétaires, nous affaiblissons de manière définitive notre positionnement, avec ce paradoxe que nos abandons vont conduire mécaniquement à un accroissement du nombre de crises que nous ne pourrons plus prévenir et dans lesquelles nous ne pourrons intervenir qu’à un coût incomparablement plus élevé. » 

Trois ans après, cette dernière remarque apparaît prémonitoire : fermée en 2010, la base de Djibouti, où stationnait la Légion ne serait-elle pas des plus utiles aujourd’hui pour combattre la mainmise d’Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique) qui a déclaré la guerre que l’on sait aux intérêts français en tuant ou enlevant nos ressortissants ?

Las ! Le Livre blanc est passé par là, anticipant d’un an le ralliement de la France à « l’arc stratégique » exclusif de l’Otan, de l’Atlantique à l’océan Indien. Le «Great Middle East », cher aux Anglo-Saxons, qui contourne superbement l’Afrique intérieure et, partant, les intérêts français… mais privilégie le golfe Persique. Abou Dhabi, par exemple, où l’armée française s’installe, à deux cent cinquante kilomètres des côtes iraniennes.

A l’inquiétude sur le dépérissement de nos moyens, s’ajoute donc, chez les militaires, une angoisse sur les buts de guerre de la France. Voués par nature au sacrifice, les soldats n’ont-ils pas le droit, après tout, de s’interroger sur le sens de leur engagement dès lors que leur mission de défense de la patrie ne leur apparaît pas dans toute sa clarté ? Quel qu’il soit, le « format » d’une armée s’articule à une finalité. Et quand cette finalité devient floue, comment s’étonner que le doute s’installe chez ceux à qui l’on demande tant avec toujours moins de moyens ?

C’est aussi qu’en s’estompant dans les méandres du dro i t international, la distinction ami/ennemi chère à Carl Schmitt n’affaiblit pas seulement l’esprit de défense : elle soumet le militaire à un ordre international abstrait qui, non seulement peut l’envoyer risquer sa vie pour des causes qu’il n’entrevoit pas comme vitales pour son pays, mais peut aussi, à l’inverse, le transformer en accusé devant un tribunal. Les anciens de l’opération « Turquoise », au Rwanda (1994), en savent quelque chose, comme l’a relaté le Spectacle du Monde du mois de novembre…

Dans son essai de 1931, le Fil de l’épée, le colonel de Gaulle remarquait que si la « mélancolie du soldat » était de toutes les époques, surtout en temps de paix, où triomphent d’autres valeurs que l’abnégation et l’héroïsme, l’ordre militaire n’avait été réellement attaqué à la racine qu’au début du XXe siècle. Quand la SDN, au prétexte de mettre la guerre hors la loi, l’avait simplement « déterritorialisée » en faisant des militaires, non plus les défenseurs de leur patrie, mais les agents d’un ordre juridique abstrait rompant tout lien organique entre le soldat et sa terre natale.

Quatre-vingts ans et une guerre mondiale plus tard, les choses n’ont fait qu’empirer au détriment du soldat. A-t-il jamais existé, dans l’histoire, autant de disproportions entre ce qui est demandé aux militaires, qu’on voit, pêle-mêle, risquer leur vie pour séparer des belligérants, nettoyer les plages souillées par le pétrole, charrier les monceaux d’ordures provoqués par la grève des éboueurs marseillais, et ce qu’on attend des civils ? Entre ceux qui « servent » la collectivité sans rien attendre en retour et ceux qui « se servent », le fossé, de fait, n’a jamais été aussi béant.

Nul n’est jamais entré dans l’armée pour s’enrichir, mais jamais, non plus, la notion de service n’aura été tant piétinée que par le triomphe des « valeurs » marchandes au terme desquelles tout a un prix. Tout, sauf le désintéressement dont la cote est décidément au plus bas. Sous Napoléon, déjà, l’officier désargenté considérait sans aménité le fourrier aux armées devenu un prince du faubourg Saint-Germain. Mais le cœur du pauvre «Marie-Louise » – ces soldats de la fin de l’Empire enrôlés par un décret de conscription signé de la main de l’impératrice –, même devenu demi-solde et parfois clochard avec la Restauration, s’était réchauffé pour l’éternité au « soleil d’Austerlitz ». Et cela suffisait à l’équilibre d’une société où la gloire comme la réussite matérielle pouvaient cohabiter, chacune à sa place.

Peut-on en dire autant du sous-officier de 2011, payé 2500 euros par mois pour risquer sa vie en Afghanistan et découvrant qu’en quelques clics, un trader peut gagner pour lui-même plusieurs dizaines de millions et, en prime, déstabiliser des Etats, cependant que la Marseillaise, qu’on ne chante plus guère que dans les stades, honore en priorité les vedettes éructantes du ballon rond, couvertes d’or et de scandale ? La différence avec 1815, et même 1914, c’est que la gloire a déserté l’esprit de sacrifice pour s’investir tout entière dans le monde des affaires, dont fait aussi partie le sport. C’est là sans doute qu’en dernière analyse, il faut chercher la cause du grand malaise de la fonction militaire. Et de quelques larmes secrètes, quand il est demandé à des chefs d’économiser encore, d’économiser toujours, pour que vive la France.

 

Le spectacle du monde, février 2011  

http://www.lespectacledumonde.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=369&Itemid=55R

 


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19 février 2011 6 19 /02 /février /2011 08:34

DRONEDans le projet de loi de finances 2012, le Pentagone souhaite passer commande de 48 Reaper (voir la photo ci-dessus) et 36 Gray Eagle (deux types de drones armés), 3 Global Hawk (pour des missions ISR: Intelligence, Surveillance, Reconnaissance) et 1 272 Raven (des mini-drones mis en oeuvre par les troupes au sol pour des missions ISR également). Pour un coût total de 4,5 milliards de dollars (un montant en baisse puisque 5,2 milliards avaient été budgetés dans la loi de finances 2011).

Ces propositions tombent alors que l'offensive américaine contre des cibles terroristes au Pakistan ne perd pas en intensité. Le site Long War Journal (www.longwarjournal.com) tient la comptabilité des raids (avérés) de drones: 1 en 2004, 1 en 2005, 3 en 2006, 5 en 2007, 35 en 2008... Depuis l'arrivée de Barack Obama, le rythme s'est accéléré: 53 en 2009, 117 en 2010 et déjà 9 entre le 1er et le 23 janvier. Cette offensive contre des chefs talibans et des cadres des réseaux terroristes est décrite dans un récent article du magazine Newsweek (cliquer pour lire l'article qui est intitulé "Inside the Killing machine"). Lecture instructive.

 

SUR MER EGALEMENT

 

Information venue de Brest, sous la plume de mon collègue Olivier Melennec.
Le démonstrateur de drones Sterenn Du poursuit son évaluation. Je l'avais présenté, lors de sa mise à l'eau à Auray, le 8 décembre (voir mon post du 9/12/2010).

 DRONEM

Une coque de catamaran, un camouflage qui ne laisse aucun doute sur son caractère militaire. Depuis quelques jours, le port militaire de Brest accueille le Sterenn Du (Etoile noire en breton), un navire démonstrateur qui préfigure le futur système français de lutte contre les mines sous-marines. Particularité : il s'agit d'un engin piloté à distance, un drone. Long de 17 mètres, large de 7,5 mètres, il a un déplacement de 25 tonnes.

Essais en 2011 et 2012

DCNS a sous-traité la construction de Sterenn Du auprès du chantier naval Pech'Alu, installée à Lorient. Huit mois ont été nécessaires pour construire ce navire, dont la coque est en aluminium. Des essais en 2011 et 2012, menés au large de Brest, permettront de tester les capacités d'un navire sans pilote à mettre en œuvre de manière automatique un sonar remorqué et différents types d'engins sous-marins chargés de repérer ou de détruire les mines. Cette étude a été confiée au groupement d'industriels DCNS, Thales et Eca.

Ce concept de drone  porte-drones vise à mener des opérations de déminage sans exposer la vie des équipages et des plongeurs démineurs. Aujourd'hui, la destruction des mines se fait soit par des plongeurs, soit au moyen d'un engin télécommandé par fil, le poisson autopropulsé PAP 104, opérant relativement près du navire chasseur de mines.

Bateau-mère

Si les essais se révèlent concluants, la prochaine génération de chasseurs de mines sera bien différente de l'actuelle. Deux drones de surface comme Sterenn Du seraient embarqués à bord d'un bateau-mère long d'une centaine de mètres et d'un déplacement de 2 000 à 3 000 tonnes. C'est-à-dire d'une taille très supérieure aux chasseurs de mines actuels, qui mesurent 51 mètres pour un déplacement de 600 tonnes. 

 

ET SUR TERRE

talon-20110211Les forces terrestres américaines déployées en Afghanistan mettent en oeuvre plus de 2000 robots, d’après le lieutenant-colonel des Marines Dave Thompson, le responsable du Robotic Systems Joint Project Office.

Ces machines sont utilisées principalement pour neutraliser des munitions et des bombes artisanales. Mais, selon l’officier, d’autres applications inattendues ont été trouvées par les soldats américains mais la plupart d’entre elles restent confidentielles.

Ainsi, des robots peuvent être utilisés pour surveiller des points de contrôle et, avec leurs capteurs et caméras, permettent ainsi à l’opérateur de vérifier les véhicules avant qu’ils ne s’approchent de trop près.

Un autre emploi consiste à envoyer un robot à l’avant d’un convoi pour ouvrir les itinéraires. L’officier a cité le cas d’un M160, un engin destiné au déminage et conçu pour résister aux explosions avec un taux de fiabilité de 90%, qui a ainsi sauvé la vie aux occupants d’un véhicule blindé Husky.

Reste que ces engins ne sont pas toujours faciles à manoeuvrer, notamment en raison de la nature des terrains sur lesquels ils sont utilisés. A cela s’ajoute des soucis d’autonomie. Cela étant, et comme l’a souligné le lieutenant-colonel Dave Thompson, un robot qui revient endommagé signifie que des vies ont été sauvées.

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