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11 novembre 2011 5 11 /11 /novembre /2011 07:33

374164 2116069902109 1256574082 31809242 290436884 nIl y a quatre-vingt-dix ans, au petit matin du 28 janvier 1921, dans un silence qui incarnait à lui seul le deuil de tout un peuple, le Soldat inconnu était inhumé sous l’Arc de Triomphe. La République consacrait le monument élevé aux victoires de la Révolution et de l’Empire à la dépouille d’un simple soldat tombé au cours du conflit le plus meurtrier de toute notre Histoire.

À travers lui, la France rendait donc hommage à tous ceux qui, comme lui, avaient sacrifié leur vie sur tous les champs de bataille de la Grande Guerre.

Chaque jour, depuis, le ravivage de la Flamme du Souvenir est là pour perpétuer cet hommage et rappeler l’immensité, aujourd’hui presque inconcevable, du sacrifice.

Au fil du temps, les morts de la seconde guerre mondiale, d’Indochine et d’Afrique du Nord furent à leur tour honorés sous l’Arc de Triomphe, mais le 11 novembre est resté une journée consacrée au seul souvenir des soldats tombés au cours de la guerre de 14-18.

La disparition du dernier combattant du premier conflit mondial, le 12 mars 2008, et la perspective des manifestations qui commémoreront, dans deux ans, le centenaire de la Grande Guerre, impliquaient de faire évoluer la portée symbolique de la journée nationale du 11 novembre.

La pérennité du culte qui est rendu quotidiennement sur la place de l’Étoile au souvenir du Soldat inconnu, incarnation même du sacrifice du combattant, permet d’établir une filiation directe entre les différentes générations du feu. C’est le même sang, celui d’un même peuple, qui a été, à chaque fois, versé pour la France et ses valeurs. Que nos soldats soient nés sur le sol de notre pays ou aux confins de nos anciennes colonies, ils sont les enfants d’une même France, les soldats d’une même République à laquelle ils ont fait le don ultime, ce don sur lequel personne ne peut jamais revenir, celui de leur vie.

Ces vies ont été données pour que la France demeure et pour que la République perdure. Quel que soit le lieu, quel que soit le moment de notre Histoire, ce don est sacré et il mérite le même hommage, la même reconnaissance, la même ferveur. La mort au service de la France ne fait pas de différence. Le champ d’honneur est de toutes les guerres et de tous les conflits qui ont impliqué notre pays.

C’est pour cette raison que désormais, chaque 11 novembre, tous ceux qui ont donné leur vie pour la France, que ce soit pour la défense de la Patrie ou lors des opérations extérieures auxquelles notre pays participe, seront également associés à cet hommage solennel de la Nation.

Aujourd’hui, en ce début de XXIe siècle, nos troupes sont engagées en Afrique, au Proche-Orient, en Afghanistan et des soldats continuent à tomber sous le drapeau français pour que notre drapeau, lui, jamais ne tombe.

Il est juste et légitime que ces soldats rejoignent désormais dans la commémoration ceux qui les ont précédés dans le sacrifice au cours du XXe siècle, au service de notre destin et de nos valeurs, pour que vive la République et que vive la France.

Nicolas Sarkozy


 

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8 novembre 2011 2 08 /11 /novembre /2011 17:52

Une information importante et très attendue vient de me parvenir. Les préfets auraient reçu une circulaire du Secrétaire d’Etat  auprès du ministre de la défense et des anciens combattants avec un message du Président de la République qui devra être lu lors des cérémonies de vendredi. Il leur demande également de diffuser ce message à tous les maires de leur département.

Ce message insiste sur la signification nouvelle que revêtira désormais la journée du 11 novembre, dédiée à tous les Morts pour la France depuis la Grande guerre 1914-1918 jusqu’à aujourd’hui.

Pour information également, notre Président aurait été interviewé aujourd’hui par un journaliste de France-Inter (la diffusion de cet interview est prévue vendredi) et par un journaliste de La Croix. 

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23 octobre 2011 7 23 /10 /octobre /2011 21:44

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Le 23 octobre 1983, 6h30 du matin : un double attentat frappe la Force multinationale de sécurité à Beyrouth. En quelques secondes, 241 marines américains et 58 parachutistes français sont tués. Le poste Drakkar, occupés par les paras du 1er RCP, vient de subir  la frappe la plus terrible contre l'armée française depuis les affrontements de la décolonisation. 

Bruno Racouchot était alors officier au 6e RPIMa. Il nous a aimablement autorisé à reproduire le texte d'hommage en annexe, initialement paru dans le cadre du très confidentiel "Club des chefs de section paras au feu". Qu'il en soit ici remercié. 

 

 

 

23 octobre 1983, Beyrouth, 6h30 du matin, Drakkar est rayé de la carte 

Le 23 octobre 1983, les parachutistes français présents à Beyrouth dans le cadre de la Force Multinationale de Sécurité, étaient victimes d'un attentat. 58 d'entre eux devaient trouver la mort dans l'explosion du poste "Drakkar". Le texte d'hommage qui suit a été publié dans le cadre du Club des chefs de section paras au feu, qui compte quelques anciens de cette mission sanglante, depuis le Général François Cann, alors à la tête de la force française, et le Général Paul Urwald, qui commandait alors le 6e RIP, jusqu'au benjamin du Club, Bruno Racouchot, officier-adjoint d'une des quatre compagnies déployées à Beyrouth-Ouest. Plus particulièrement en charge de la section de protection du PC du 6e RIP, Bruno Racouchot décrit la configuration extrêmement délicate et sanglante dans laquelle furent alors plongés les parachutistes français.

 

Rappel du contexte historique 

En juin 1982, Israël lance l'opération "Paix en Galilée", envahit le Sud-Liban et entreprend fin juin-début juillet l'assaut de Beyrouth-Ouest où les Palestiniens sont encerclés dans une nasse, les Syriens refusant de les accueillir sur leur territoire. Un cessez-le-feu est appliqué début août. La communauté internationale, soucieuse d'éviter des affrontements sanglants, décide d'intervenir. Sous la protection des parachutistes français, soutenus par les soldats américains et italiens, les forces palestiniennes sont exfiltrées en douceur. De 500.000 à 600.000 Palestiniens restent dans les camps. 

Le 23 août, Béchir Gemayel est élu Président du Liban. Le 15 septembre, il est assassiné. Israël investit Beyrouth-Ouest. Du 16 au 18 septembre ont lieu les massacres de populations civiles dans les camps de Sabra et Chatila, où des centaines de civils palestiniens sont tués. Le 21 septembre, Amine Gemayel, frère aîné de Béchir, est élu président. Le 24 septembre, pour répondre à une opinion internationale scandalisée par les tueries dont les Palestiniens ont été victimes, une Force Multinationale de Sécurité à Beyrouth est créée, intégrant des contingents français, américains, italiens et une poignée d'Anglais. 

Dès lors, au Liban, la situation ne cesse de se dégrader. Massacres de populations civiles et attentats se multiplient. Les soldats de la Force Multinationale sont victimes d'innombrables attaques et de bombardements. Si les Américains sont cantonnés à l'aéroport et les Italiens en périphérie de la ville, si les Anglais se contentent de mener des missions de renseignement avec un escadron spécialisé, les Français, eux, reçoivent la mission la plus délicate, au cœur même de Beyrouth. 

Tous les quatre mois, les contingents sont relevés, souvent avec des pertes sévères. En septembre 1983 a lieu la relève pour les légionnaires français installés à Beyrouth, remplacés par les parachutistes de la 11e Division parachutiste. C'est l'opération Diodon IV, qui deviendra l'engagement le plus sanglant pour l'armée française depuis les guerres coloniales. Le 3e RPIMa s'installe en secteur chrétien, dans la perspective d'une offensive face au "Chouf", pour pacifier la montagne où les Druzes s'en prennent violemment aux chrétiens. Des éléments du GAP, 1er RHP, 17e RGP, 12e RA, 35e RAP, 7e RPCS et le commando marine Montfort sont également à pied d'œuvre. 

Le secteur le plus dangereux, celui de Beyrouth-Ouest, est dévolu à un régiment de marche, le 6e RIP, Régiment d'Infanterie Parachutiste, qui a pour mission principale la protection des populations civiles palestiniennes traumatisées des camps de Sabra et Chatila. Ce régiment, placé sous le commandement du colonel Urwald, a été formé spécialement pour cette opération, et est constitué de quatre compagnies de parachutistes : deux compagnies du 6e Régiment de Parachutistes d'Infanterie de Marine basé à Mont-de-Marsan, une compagnie du 1er Régiment de Chasseurs Parachutistes basé à Pau, une compagnie du 9e Régiment de Chasseurs Parachutistes basé à Pamiers.

 

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Le quotidien d'un chef de section para au feu 

C'est une vraie leçon de vie dont vont bénéficier les jeunes chefs de section plongés dans la fournaise de Beyrouth. Les Américains sont à l'époque encore sous le coup de la chute de Saïgon survenue à peine huit ans plus tôt. Ils sont repliés sur l'aéroport, ne sortant quasiment pas de leurs abris, usant de M113 pour traverser le tarmac de l'aéroport. Sous des tirs d'artillerie incessants, en septembre 1983, nos jeunes paras ont remplacé les légionnaires. A la différence des professionnels du 3e RPIMa, d'où viennent-ils ces jeunes du 6e RIP ? Ce sont pour la plupart des appelés, d'un genre un peu particulier cependant. Volontaires TAP, volontaires outre-mer, volontaires service long, pour beaucoup d'entre eux, ils ont déjà bénéficié d'une solide formation et ont effectué des "tournantes" hors métropole. 

Mentalement et physiquement préparés, ils pressentent cependant dès leur arrivée que cela va être dur, très dur même. Mais ils vont faire front et s'adapter. Avec modestie, calme, détermination. Certes, en débarquant, chacun d'entre eux éprouve l'étrange picotement qui monte le long de la colonne vertébrale. Heureusement, ils ont à leurs côtés les "anciens", à peine plus âgés qu'eux, qui ont "fait" le Tchad, la Mauritanie, le Zaïre, Djibouti, et pour certains déjà, le Liban… Tous ces noms de TOE lointains les ont fait rêver à l'instruction, quand ils n'avaient déjà qu'un souhait, se montrer à la hauteur de ceux qui les avaient précédés sous le béret rouge. Aujourd'hui, le rêve se trouve enfin confronté brutalement à la réalité. 

Beyrouth est un piège monumental. On a beau avoir bourlingué, on a beau avoir entendu tirer à ses oreilles, quand on est un jeune chef de section, débarquer dans un tel univers constitue une épreuve d'ordre quasiment initiatique. On n'ose pas le dire, mais on le ressent d'emblée jusqu'au tréfonds de soi. Avec la secrète question qui taraude et que l'on n'ose pas exprimer : saurai-je me montrer digne de mon grade et de mon arme ? Ce sont d'abord les missions ordinaires, protection des postes, ravitaillement, reconnaissance, tâches d'entretien peu glorieuses mais tellement nécessaires, que l'on accomplit sereinement parce que même si le contexte est moche, on leur a appris à être beaux. Les jeunes paras mûrissent vite. Les visages se creusent, le manque de sommeil se fait vite sentir. Paradoxalement, les relations soudent les esprits et les corps. De secrètes complicités se nouent. Plus besoin de longs discours, les ordres s'exécutent machinalement, avec un professionnalisme qui prouve que, par la force des choses, le métier des armes entre dans la peau de chacun. 

 

L'ennemi est partout et nulle part 

Le jeune chef de section apprend très vite à connaître son secteur. Il a la chance d'avoir à ses côtés des hommes décidés encadrés par des sous-officiers d'élite, totalement dévoués à leur tâche. Il rôde, de jour comme de nuit, pour imprimer dans ses neurones les itinéraires, les habitudes, les changements de comportements. Rien n'est anodin. Il sait qu'il lui faut lier connaissance, observer, échanger, parler, surveiller, lire, écouter… Pas de place pour la routine. Plus que jamais, il faut faire preuve d'initiative, agir à l'improviste, sortir des postes, aérer les périmètres de sécurité, ne pas céder à la tentation mortelle de se recroqueviller dans les postes, derrière les sacs de sable et les merlons de terre. Des milliers d'yeux observent les paras français depuis les tours qui encerclent les positions. Ici, l'aspect psychologique est capital. On est en Orient. Il n'est pas permis de perdre la face. Les Français ont des moyens dérisoires en regard de leurs adversaires potentiels ou des grands frères américains, qui peuvent d'un simple appel radio, déclencher la venue de norias d'hélicoptères. En revanche, les Français savent s'immerger dans la population. Ils mangent comme le Libanais de la rue, se mélangent aux civils qui déambulent dans des marchés grouillants. Savoir se faire apprécier, c'est se faire respecter. Un sourire généreux sur une face de guerrier, c'est rassurant. Ça prouve la force plus que les armes. C'est cette stature des paras français qui fait très vite leur réputation dans la population. 

Ce profil si particulier des soldats français, ce sont les chefs de section et les sous-officiers qui l'impriment à leurs hommes. Quels que puissent être les risques, ils ne changeraient leur place pour rien au monde. Ils savent qu'ils vivent une aventure inouïe, où chacun va pouvoir aller à l'extrême limite de ses possibilités. Le chef de section para a beau n'avoir que vingt-cinq ou trente ans, il sait qu'il passe là une épreuve pour laquelle il s'est préparé depuis des années ou depuis toujours, celle du feu. Il devine intuitivement qu'il va peut-être lui être donné d'accéder à une autre forme de connaissance de la vie, qu'il va opérer une mue intérieure subtile que seuls "ceux qui savent" et les anciens comprendront. Il sait qu'il reviendra de Beyrouth, "pareil sauf tout"… Ceux qui ont lu Ernst Jünger savent ce qu'il entend quand il parle de "La Guerre, Notre Mère"…. Drakkar va littéralement "sublimer" cet état d'esprit. 

 

L'épreuve 

Deux jours avant Drakkar, le 21 octobre 1983, je suis désigné pour conduire, avec le capitaine Lhuilier, officier opération du 6e RIP, un entraînement commun de la Compagnie Thomas du 1er RCP avec les marines américains à l'aéroport. Il faut bien que la connaissance de la langue de Shakespeare serve à quelque chose… Lhuilier est une figure des paras-colos. Il a eu son heure de gloire avec le 3e RIMa au Tchad quelques années avant, où coincé dans une embuscade, il a fait monter sa compagnie à l'assaut des rebelles, baïonnette au canon, en chantant "La Marie"… Dans l'épreuve qui se profile à l'horizon, il va se révéler un roc inébranlable. 

Marines et paras français au coude à coude à l'entraînement… Comment imaginer en voyant tous ces grands gaillards crapahuter dans la poussière et se livrer à des exercices de tir rapide, que la plupart d'entre eux reposeront bientôt dans un linceul de béton ?... Mis en alerte le samedi soir, nous dormons tout équipés sur nos lits de camp, l'arme à portée de main. On entend bien des explosions, des tirs d'artillerie sporadiques. Des rafales d'armes automatiques titillent les postes. Mais va-t-on s'inquiéter pour si peu ? 

Dimanche 23 octobre 1983, 6h30 du matin. L'aube se lève. D'un coup, une explosion terrible, une lourde colonne de fumée qui s'élève plein sud dans le silence du dimanche matin. L'aéroport et les Américains sont mortellement touchés. Puis une minute après, encore une autre, plus proche cette fois, d'une puissance tout aussi ahurissante. On entend en direct sur la radio régimentaire que Drakkar a été rayé de la carte. Ce poste était occupé par la compagnie du 1er RCP commandée par le capitaine Thomas, dont heureusement un détachement était de garde à la Résidence des Pins, le QG français. Bilan des deux attentats : 241 marines et 58 paras français sont tués, sans compter d'innombrables soldats grièvement blessés, évacués en urgence en Europe. 

Dès la première explosion, chacun a bondi à son poste. On comprend d'emblée que c'est terrible. Les ordres fusent à toute vitesse. Des équipes partent pour le lieu de l'attentat, les autres sécurisent les postes. Chacun sait ce qu'il a à faire. On est sous le choc, mais le professionnalisme l'emporte. La mécanique parachutiste, répétée inlassablement à l'entraînement, montre ses vertus en grandeur réelle. On va faire l'impossible pour sauver les camarades. Malheureusement, beaucoup sont déjà morts, déchiquetés, en lambeaux, que l'on ramasse jour après jour, nuit après nuit. On a entendu certains d'entre eux râler sous les ruines, alors que nous étions impuissants à les dégager des amas de gravats. Ils sont là, pris dans l'étreinte mortelle de l'acier et du béton, ceux pour lesquels nous sommes arrivés trop tard, ceux avec lesquels hier on riait, on plaisantait, on rivalisait. Aucun des paras qui va relever ses camarades en cette semaine d'octobre n'oubliera ces pauvres corps, "tués par personne", nobles et dignes jusque dans la mort, magnifiques soldats équipés et prêts pour le combat, parfois la main crispée sur leur Famas. Sans doute est-ce parce qu'ils ont rejoint les légions de Saint-Michel que leur souvenir semble éternel. Le mythe para en tous cas l'est. Maintenant plus que jamais. Et tous, nous communions alors dans une espèce de rêve étrange et éveillé, où la mort étonnamment proche se mêle inextricablement à la vie, en un jeu dont les règles nous échappent. Un nouveau jalon funèbre est posé après les combats des paras de la Seconde Guerre mondiale et bien sûr ceux des grands anciens d'Indochine et d'Algérie.

 

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Le piège fatal 

En signe de solidarité avec nos hommes, le Président de la République, François Mitterrand, vient rendre un hommage aux morts le 24 octobre. Les paras savent déjà qu'ils sont pris dans un traquenard monstrueux. Jour après jour, ils sont victimes de nouveaux attentats, dans un secteur totalement incontrôlable, où pullulent les milices, les mafias et les "services". Personne ne sait réellement qui fait quoi, les informations sont sous influence, rien n'est sûr, tout est mouvant. Sans ordres ni moyens légaux, les paras sont contraints de se battre au quotidien pour assurer la survie de leurs postes et continuer à protéger les populations. Aucun renfort notable n'est envoyé de métropole, hormis une compagnie de courageux volontaires du 1er RCP venus prendre la place de leurs prédécesseurs. En dépit des nombreux morts et blessés qu'ils vont relever dans leurs rangs, les paras ne doivent compter que sur leur savoir-faire, leur calme et leur professionnalisme pour se défendre tout en évitant de répondre aux provocations, refusant parfois de tirer pour préserver les civils. A ce titre, la mission aura certes été remplie, mais nombreux sont les soldats français qui reviendront avec l'amer sentiment d'avoir perdu leurs camarades sans les avoir vengés. 

Chacun sait alors que nous vivons un moment unique de notre vie, dont l'intensité et la profondeur nous bouleversent. L'aumônier, le père Lallemand, a le don de savoir parler aux soldats. Que l'on soit croyant pratiquant ou athée, agnostique ou païen, il sait trouver les mots qui apaisent et réconfortent. Paradoxalement, Drakkar ne va pas briser les paras, mais les souder. Les semaines à venir vont être infernales. Et cependant, tous font face avec une abnégation sublime. Le plus humble des parachutistes joue consciencieusement son rôle dans un chaudron où se multiplient les attentats. Bien des nôtres vont encore tomber, assassinés lâchement la plupart du temps. Mais tous accomplissent leur devoir avec fierté et discrétion. Nous recevons des mots et des cadeaux de métropole, comme ces Landais qui nous envoient du foie gras à foison pour Noël, ou encore ces enfants qui nous dédient des dessins touchants. Les paras sont soudés, et même la mort ne peut les séparer. 

Dans la nuit du 25 décembre, les postes de Beyrouth-Ouest devenus indéfendables dans la configuration géopolitique de l'époque sont évacués. Fin janvier-début février, les paras  exténués sont rapatriés sur la France. Le contingent de "Marsouins" qui les remplace ne restera pas longtemps. Américains et Italiens quittent le Liban fin février. En mars, le contingent français rembarque, ne laissant sur place que des observateurs. 

 

Les enseignements à tirer 

Jeune ORSA à l'époque, ayant la volonté de préparer l'EMIA, je décide cependant de quitter l'armée. Cinq années de boxe intensive et à bon niveau m'ont appris qu'un coup encaissé doit toujours être rendu, au centuple si possible. Déphasage. Je ne me sens pas l'âme d'un "soldat de la paix". Mais les paras vont rester ma vraie famille. Depuis, j'ai fait le tour du monde, connu d'autres aventures. J'ai passé des diplômes, "fait la Sorbonne", créé une entreprise. Mais rien n'a été oublié. Mes chefs d'alors sont devenus des amis. Nous avons eu des patrons magnifiques, Cann, Urwald, Roudeillac, des commandants de compagnie qui étaient des meneurs d'hommes, de vrais pirates pour lesquels on aurait volontiers donné sa vie, des sous-officiers et des soldats avec des gueules sublimes. Tout cela, mon ami le journaliste Frédéric Pons l'a mis en relief avec brio dans son livre "Les Paras sacrifiés" publié en 1993 et réimprimé en 2007 sous le titre "Mourir pour le Liban". Il faut dire qu'à la différence de bien d'autres, Pons sait de quoi il parle. Ancien ORSA du 8e RPIMa, il a vécu l'une des premières missions de la FINUL au sud-Liban au tout début des années 80. 

En novembre 2007,  j'ai été invité à prononcer une courte allocution à Coëtquidan, devant les élèves de l'EMIA qui avaient choisi pour parrain de leur promotion le Lieutenant de La Batie. J'avais connu Antoine quand il était à Henri IV, je l'avais ensuite revu lors de l'entraînement commun à l'aéroport le 21 octobre 1983… puis mort quelques jours après. Ayant quitté l'armée française comme lieutenant, j'ai donc souhaité parler à ces élèves officiers comme un vieux lieutenant à de jeunes lieutenants. Il faut savoir tirer le meilleur de toute expérience, surtout quand elle s'est révélée tragique. Bref, savoir transformer le plomb en or. Il fallait leur dire ce qu'une OPEX comme celle-là nous avait appris concrètement, nous fournissant des enseignements qui nous servent au quotidien dans la guerre économique. 

Avec le recul, ce qui demeure certain, c'est que, sans en avoir eu alors une pleine conscience, Beyrouth anticipait le destin de l'Occident. Le terrorisme est devenu une menace permanente, y compris au cœur de notre vieille Europe. Mais en ce temps-là, nous autres, modestes chefs de section, n'étions pas à même d'analyser les basculements géopolitiques en gestation. Plus modestement, Beyrouth nous a révélé la valeur des hommes. Beyrouth nous a enseigné bien des sagesses. Pour ceux qui surent le vivre avec intelligence, Beyrouth fut une épreuve initiatique au sens premier du terme, qui nous a décillé les yeux sur nous-mêmes et sur le monde. Ce que les uns et les autres avons appris dans ce volcan, aucune école de management, aucun diplôme d'université, ne nous l'aurait apporté, ni même l'argent ou les honneurs. Nous avons appris le dépassement de soi pour les autres, la valeur de la camaraderie, la puissance des relations d'homme à homme fondées sur la fidélité, la capacité à transcender sa peur, la reconnaissance mutuelle, l'estime des paras pour leur chef et l'amour fraternel du chef pour ses paras… Des mots qui semblent désuets dans  l'univers qui est le nôtre, mais qui reflètent cependant un ordre supérieur de connaissance des choses de la vie. Cette richesse intérieure acquise, nous en ferons l'hommage discret à tous nos camarades tombés en OPEX le 23 octobre prochain, lorsque, à 6h30 du matin, nous penserons à ceux du Drakkar. Comme nos grands anciens, montera alors de nos lèvres vers le ciel la vieille chanson : "j'avais un camarade…"


 

Bruno Racouchot

Ex-Lt 6e RPIMa

bruno@comes-communication.com  

 

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IN MEMORIAM

  • capitaine Thomas Jacky
  • capitaine Ospital Guy
  • lieutenant Dejean de La Bâtie Antoine
  • sous-lieutenant Rigaud Alain
  • adjudant Bagnis Antoine
  • adjudant Moretto Michel
  • sergent Dalleau Christian
  • sergent Daube Vincent
  • sergent Lebris Jean-Pierre
  • sergent Longle Yves
  • sergent Ollivier Gilles
  • caporal chef Bensaidane Djamel
  • caporal chef Beriot Laurent
  • caporal chef Carrara Vincent
  • caporal chef Duthilleul Louis
  • caporal chef Grelier Xavier
  • caporal chef Loitron Olivier
  • caporal chef Margot Franck
  • caporal chef Seriat Patrice
  • caporal chef Vieille Hervé
  • caporal Girardeau Patrice
  • caporal Hau Jacques
  • caporal Jacquet Laurent
  • caporal Lamothe Patrick
  • caporal Lepretre Dominique
  • caporal Leroux Olivier
  • caporal Muzeau Franck
  • caporal Thorel Laurent
  • parachutiste de 1ère classe Gasseau Guy
  • parachutiste de 1ère classe Gautret Remy
  • parachutiste de 1ère classe Julio François
  • parachutiste de 1ère classe Pradier Gilles
  • parachutiste de 1ère classe Tari Patrick
  • parachutiste de 1ère classe Théophile Sylvestre
  • parachutiste Bachelerie Yannick
  • parachutiste Bardine Richard
  • parachutiste Caland Franck
  • parachutiste Chaise Jean-François
  • parachutiste Corvellec Jean
  • parachutiste Delaitre Jean Yves
  • parachutiste Deparis Thierry
  • parachutiste Di-Masso Thierry
  • parachutiste Durand Hervé
  • parachutiste Guillemet Romuald
  • parachutiste Kordec Jacques
  • parachutiste Lastella Victor
  • parachutiste Ledru Christian
  • parachutiste Levaast Patrick
  • parachutiste Leverger Hervé
  • parachutiste Meyer Jean-Pierre
  • parachutiste Porte Pascal
  • parachutiste Potencier Philippe
  • parachutiste Raoux François
  • parachutiste Renaud Raymond
  • parachutiste Renou Thierry
  • parachutiste Righi Bernard
  • parachutiste Schmitt Denis
  • parachutiste Sendra Jean
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22 octobre 2011 6 22 /10 /octobre /2011 15:34

 

gabyNé à Toul en 1916, le général Bigeard est décédé dans sa ville le 18 juin 2010.

Il souhaitait qu‘elles soient larguées au-dessus de Dien-Bien-Phu, là où reposent ses camarades tombés pendant la guerre d’Indochine. Les cendres du Général Marcel Bigeard seront finalement déposées aux Invalides aux côtés des gouverneurs, des maréchaux de France et des plus illustres chefs militaires de la nation.

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Le ministre de la Défense, Gérard Longuet, a en effet proposé cette option à la fille du Général, Marie-France Bigeard, dans une lettre datée du 18 octobre arrivée à son domicile de Toul avant-hier. « Une très bonne nouvelle », selon l’avocate Anne-Marie Quenette. Cette proche amie de la famille ne tient cependant pas à commenter davantage cette décision qui n’est encore qu’officieuse : « C’est au ministre qu’il revient de l’annoncer. » Contacté hier après-midi, ce dernier n’était pas joignable.

Sans attendre, le cabinet de Nadine Morano, la ministre chargée de l’Apprentissage et à la Formation professionnelle qui a été élue députée à Toul dans la même circonscription que Bigeard, a fait savoir en début de soirée que l’État et la famille étaient parvenus à « un accord de principe » : « Gérard Longuet s’est engagé pour que ça aille au plus vite », explique l’attaché spécial de la ministre. « Le choix des Invalides est à la hauteur de l’homme. »

Le sentiment est partagé par Christian Piquemal. « Les cendres se trouveront ainsi à côté de celles des maréchaux Lyautey, Foch, Leclerc, Juin, et de Rouget de Lisle », écrit le président de l’Union nationale des parachutistes dans un message envoyé à toutes ses sections, hier. « Cet hommage hors du commun rendu enfin au général Bigeard est la plus belle reconnaissance de son parcours exceptionnel. »

Depuis le décès de Marcel Bigeard, le 18 juin 2010, trois ministres successifs — Hervé Morin, Michèle Alliot-Marie et Alain Juppé -, ont tenté de négocier le dépôt d’une urne au pied de la stèle du souvenir situé au milieu de l’ancien champ de bataille sans parvenir à convaincre les autorités vietnamiennes. Au printemps dernier, le ministère de la Défense a proposé de transférer les cendres au Mémorial des guerres en Indochine de Fréjus, dans le Var ; une proposition saluée sans grand enthousiasme.

L’intervention personnelle du Lorrain Gérard Longuet semble avoir permis de débloquer la situation. Pas encore officiellement annoncé, le choix des Invalides est déjà applaudi. Une grande cérémonie devrait être organisée à l’occasion du transfert des cendres de la Lorraine vers Paris.

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20 octobre 2011 4 20 /10 /octobre /2011 18:19

Allocution du général COMALAT à l’occasion de l’inauguration du monument aux morts de l’ALAT au Cannet des Maures le 2 mai 2011

 

 

cerem5a thumbL’ALAT se devait d’avoir un lieu de mémoire pour ses frères d’armes disparus en service, lors d’opérations ou accidentellement dans l’exercice de leur activité et je tiens pour commencer par remercier le général de la Motte et surtout le colonel Salva, chef de corps de la base école général Lejay pour avoir eu cette initiative.

 

 

En effet, comment une Arme comme la nôtre, aujourd’hui comme hier présente sur tous les théâtres d’opération extérieurs mais aussi en soutien de nos concitoyens sur le territoire national, comment une Arme aussi importante pour l’armée de Terre et les armées pouvait ne pas avoir un monument destiné à rendre hommage au sacrifice de tous ceux qui ont permis son existence au fil des années depuis sa création. J’ai d’ailleurs une pensée à cet instant pour chacun d’entre eux, « petit » ou plus grand acteur de notre histoire.

 

Ce lieu a existé à Nancy qui a longtemps été le cœur opérationnel de notre ALAT, avec son célèbre CISALAT bien sûr, mais évidemment aussi la non moins célèbre 4ème division aéromobile à laquelle avait succédé la brigade. Mais aujourd’hui avec la nouvelle évolution que nous venons de connaître avec la dissolution de la BAM et le départ définitif des bérets bleus de Nancy, il nous fallait trouver un endroit pérenne et symbolique où nous aurions régulièrement l’occasion de venir et d’honorer nos camarades.

 

Assez logiquement c’est le site de la base école général Lejay qui est apparu car, bien que dans les cœurs, mais aussi dans les faits, celle de Dax demeure toujours quelque part notre « maison mère », celle de nos premiers pas pour beaucoup d’entre nous, le Cannet des Maures devient tous les jours un peu plus le centre de l’aérocombat, avec bien sûr l’EALAT, mais aussi l’EFA et maintenant le CFIA NH 90.

C’est tellement vrai que depuis quelques années la cérémonie d’ouverture du cycle annuel de formation, à l’origine spécifiquement à l’usage de l’école, est devenue au fil du temps la cérémonie annuelle de l’ALAT, le grand rendez-vous de l’Arme rassemblant tous ses emblèmes, personnel d’active et Vétérans.

Nous pourrons ainsi, tous les ans dans le cadre de cette cérémonie, rendre un hommage à tous ceux qui ont perdu la vie pour notre Arme et celles de la France.

 

Ce superbe monument est symbolique bien sûr de l’ALAT, avec ses 3 pales d’hélicoptère aux couleurs de notre Etendard. Mais je voudrais rappeler à cette occasion que l’ALAT c’est aussi des voilures fixes qui ont constitué le gros de ses rangs au début de son histoire et continuent encore aujourd’hui à voler au sein de l’escadrille avion de l’armée de Terre de Rennes et de l’escadrille de transport et de convoyage du matériel de Montauban.

Je voudrais aussi rappeler que l’ALAT ce n’est pas seulement des pilotes, qui, je le souligne, ne représentent qu’une petite partie de son effectif. Non, l’ALAT c’est bien sûr aussi des mécaniciens, ces « petits gris » sans lesquels les pilotes ne pourraient pas voler. Et l’ALAT c’est aussi des contrôleurs de la circulation aérienne, qui se sont dernièrement distingué lors de la bataille d’Abidjan.

 

 

C’est encore des membres d’équipage de soute sur nos HMA, des instructeurs simulation de plus en plus indispensables et incontournables dans notre ALAT de 4ème génération, des météorologistes, des pompiers, du personnel chargé de la sécurité et du soutien en général. L’ALAT c’est tout cela et la vocation de ce monument est de rendre hommage à tous ceux qui ont conduit l’ALAT là où elle est aujourd’hui, reconnue par tous comme l’experte de l’aérocombat.

 

Enfin, ce magnifique monument dédié aux morts de l’ALAT vient compléter l’ensemble des symboles constitutifs encore une fois d’une des Armes à part entière de l’armée de Terre. Aux cotés de son Musée, de son chant, de sa Sainte patronne, de ses emblèmes et de ses traditions en général, il doit contribuer à affermir notre cohésion et à cultiver le devoir de mémoire dont nous sommes chacun dépositaire.

 

Je suis donc très heureux d’avoir inauguré officiellement ce monument aux morts en présence, là encore toute symbolique, de nos jeunes camarades en formation qui vont faire l’ALAT de demain, de leurs instructeurs et de l’encadrement qui sont l’ALAT d’aujourd’hui et de nos Vétérans sans qui, encore une fois, nous ne serions pas là.

 

Merci donc encore au colonel Salva et à tous ceux qui ont conçu et édifié Notre monument aux morts de l’ALAT.

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17 octobre 2011 1 17 /10 /octobre /2011 13:13

Compte-rendu de réunion avec M. Henri Guaino, conseiller spécial du Président de la République le 10 octobre 2011

 

Ce rendez- vous, initié par le comité d’entente qui réunit 42 associations d’anciens combattants, avait pour objet de rappeler au Conseiller spécial du Président de la République l’argumentaire que nous avons développé en faveur de l’institution du 11 novembre comme journée commémorative de tous les morts de tous les conflits y compris les opex.

La pièce jointe est la présentation de nos réflexions et son historique présenté par le Général Delort, président du Comité d’Entente.

M. Henri Guaino nous a assuré que le 11 novembre 2011 prendrait une connotation particulière et que notre  démarche avait été entendue par le Président de la République .Celui-ci fera une annonce qui confortera notre position et la création d’une journée nationale pour les morts de tous les conflits, à partir du 11 novembre 2012.

Il faut, a-t-il dit, en finir avec les commémorations aseptisées, où il n’est plus question de sacrifice pour la patrie, de sang et de larmes, mais de cérémonie pour la paix. Le 11 novembre est la commémoration du souvenir de tous ceux qui se sont sacrifiés pour leurs enfants, pour leur engagement exemplaire pour leur pays. Tous ceux qui sont tombés représentent notre honneur, dans une époque où tout ce qui n’a pas de prix n’a pas de valeur.

Nous devons soutenir nos héros et leur engagement et non des victimes, comme certains se plaisent à présenter notre histoire.

Lors des questions posées, la position de la France vis-à-vis du président Kagamé a été évoquée.

M.Guaino a affirmé que la France n’a jamais approuvé les propos de M. Kagamé, président du Rwanda. En revanche, la raison d’état commande de reprendre des relations diplomatiques avec son pays, tout comme la France a repris des relations diplomatiques avec l’Allemagne après la deuxième guerre mondiale.

Le 10 octobre soir ont été présentés au Ministre de la Défense les projets pour un monument des tués des OPEX à Paris par le Général Thorette en charge du dossier .Parmi les sites proposés :La cour des Invalides, le Champ de Mars à la place du monument de la Paix, Balard au nouvel emplacement du ministère de la Défense.

 

Général(2s) Charles-Henri de Monchy

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14 octobre 2011 5 14 /10 /octobre /2011 17:50
La marche en avant …

Paris le 14 octobre 2011



Dans le cadre du projet soutenu par le Comité d’entente élargi, les 42 présidents ont rencontré, lundi 10 octobre, Monsieur Henri Guaino, Conseiller spécial du Président de la République, à la Grande chancellerie de la Légion d’honneur. Vous trouverez ci-dessous le discours introductif du président du Comité d’entente, le Général Dominique Delort.

« Monsieur le Grand chancelier, Monsieur le Conseiller spécial, MM les présidents,

Après ce mot de bienvenue du Général d’armée Jean-Louis Georgelin pour ouvrir cette réunion exceptionnelle, exceptionnelle par son motif et aussi disons le aussi par ses participants, je voudrais remercier Monsieur le Grand chancelier de la Légion d’Honneur. En effet par son immédiate compréhension de l’importance de notre projet il a facilité l’exposé des motifs auprès du conseiller spécial du président de la République et nous accueille tous aujourd’hui. Je veux remercier Monsieur Henri Guaino pour son invitation à nous rencontrer ce soir afin de poursuivre la réflexion entamée.

Dans cette rotonde sont réunis tous les présidents de 42 associations. Toutes ces associations  sont respectables et respectées. J’y reviendrai.

Si vous le permettez il me parait nécessaire de faire une rapide synthèse de la naissance et du développement du projet de commémorer le 11 novembre tous les morts pour la France et dans tous les conflits. 

Notre réflexion est née il y a 10 mois au sein du Comité d’entente lorsque nous avons examiné les termes d’un discours de l’UFAC prononcé le 11 novembre 2010 en province, y compris devant des troupes. Ce discours avait entraîné la réaction immédiate de 5 associations d’anciens élèves des grandes écoles. Au delà de l’examen des propos, il était ressorti qu’il était temps maintenant de demander qu’un hommage solennel soit rendu à tous les morts pour la France et ceci le 11 novembre. Cette date  nous est apparue comme la plus exemplaire pour illustrer  le sacrifice des Français tombés les armes à la main pour défendre le territoire de la France ou pour remplir à l’étranger les missions confiées par ses autorités légales et légitimes. Notre démarche est aussi guidée par la volonté de rassembler tous les Français autour de notre drapeau et de rappeler aux jeunes le sens de notre histoire fondée sur notre attachement à la Patrie.

Nous avions noté qu’il ne pouvait être question de supprimer des cérémonies existantes et donc que cette commémoration nationale ne s’apparentait pas à un mémorial Day. Attaquer le projet sous cet angle me paraît relever de la mauvaise foi.

C’est tout naturellement qu’au nom d’un nombre croissant d’associations j’ai écrit en décembre au ministre de la défense et des anciens combattants.   Sa réponse a provoqué d’autres réunions et une nouvelle lettre, à son successeur, où nous répondions que le rapport Kaspi faisait une proposition centrale exactement dans le même sens que notre projet.

Dans le même temps les députés et sénateurs de la majorité et de l’opposition ont été informés de notre démarche par le biais de courriers et de lettres électroniques. Plus d’une dizaine d’élus a posé des questions au gouvernement entre mars et mai. Le président du Sénat a montré un intérêt positif et a écrit en ce sens au ministre des anciens combattants, lequel nous a fait recevoir par son cabinet.

En ce qui concerne le parlement, le 1 juin, 49 députés de la majorité ont déposé une proposition de loi pour renforcer les 11 novembre, 8 mai, 14 juillet. Une nouvelle réunion du Comité d’entente votait début juin une motion de soutien assortie de commentaires pour que la journée du 11 novembre soit clairement dédiée aux morts pour la France. A ce sujet les armes de la France sont faites pour le combat c'est-à-dire aussi neutraliser, blesser ou tuer son adversaire, son ennemi et il faut faire attention à ne pas banaliser cette responsabilité unique du combattant par rapport aux autres actions en faveur de la communauté nationale.

Les réponses aux parlementaires faites par le gouvernement ont été de plus en plus explicites et les deux dernières en aout expliquent que le ministre de la défense et des anciens combattants est favorable à ce que la journée du 11 novembre devienne la commémoration nationale de tous les morts pour la France et dans tous les conflits.

M le Conseiller spécial vous m’avez dit en juillet qu’une telle décision relevait du Président de la République. Nous en sommes tous conscients, nous tous ici rassemblés. Mais qui sommes nous ?

Nous représentons près d’un million et demi d’adhérents, des hommes et des femmes de toutes sensibilités politiques, de gauche, de droite, des laïques comme des croyants, chrétiens, musulmans, juifs.

Des Français d’origine comme des ressortissants des anciens territoires français d‘Afrique et d’Asie, des étrangers de la Légion.

Des anciens combattants, prisonniers ou internés de la deuxième guerre mondiale, de l’Indochine, de la Corée, de l’Algérie. Des anciens combattants de tous les engagements de la France depuis 50 ans en Afrique, au Proche et Moyen Orient jusqu’à l’Afghanistan.

Nous représentons aussi une partie des officiers, sous-officiers, soldats, marins, aviateurs et gendarmes qui sont en opérations et qui se préparent à y partir. Parmi les 22 tués en Afghanistan de puis janvier je n’ose compter le nombre de membres de certaines associations ici présentes perdus sur cette terre étrangère.

Nous représentons beaucoup de ceux qui se sont battus ce dernier siècle, mais nous sommes sûrs que tous ceux qui ont combattus et tous les Français qui aiment leur pays se reconnaîtront dans ce projet qui rassemble, qui unit les morts des guerres passées, les morts des engagements du présent et aussi d’une certaine façon ceux qui vont tomber dans l’espoir d’un service rendu à la patrie.

Nous ne demandons pas pour eux de l’argent comme tant d’autres, nous demandons pour eux un hommage national. Qu’en feraient-ils d’ailleurs de cet argent, eux qui ont tout donné ?! Tout donné sur le sol de France ou si loin de leur patrie que jamais leurs familles n’ont pu aller se recueillir là où ils sont tombés là où ils tombent ou tomberont.

Monsieur le Conseiller spécial vous pouvez assurer le Président de la République de notre formidable rassemblement et de notre souhait de le voir annoncer, très bientôt, aux Français, une décision dont la portée historique, qui transcende les clivages traditionnels, ne nous échappe pas.

Souvenons-nous de cette loi du 24 octobre 1922, loi en date du sixième anniversaire de la reprise de Douaumont, qui célèbre partout en France, le 11 novembre, non pas l’armistice, mais la Victoire et la Paix !

Puisse maintenant le 11 novembre voir aussi la commémoration nationale de tous les morts pour la France au travers du temps!

Puisse le 11 novembre 2011 conforter la mémoire nationale autour de cette longue cohorte qui a permis au Président de la République de proclamer en juillet devant des cercueils rassemblés, je cite :

« Si la France a passé avec la liberté du monde «un pacte multiséculaire» elle le doit d'abord à son armée ».

* * *
M. Henri Guaino remercie dans sa réponse le Général Delort pour son intervention et observe que le projet exposé coïncide avec les préoccupations actuelles au sommet de l’Etat, au moment où les Français redécouvrent que l’Armée est un instrument au service de la politique de défense de la France. Cette prise de conscience des Français s’est notamment traduite pas l’émotion qui a entouré cet été la cérémonie d’honneurs rendus à nos morts dans la cour des Invalides. 

Le « tragique de l’Histoire » nous saute à nouveau au visage alors que les commémorations des épreuves du combattant étaient devenues de plus en plus aseptisées (« cérémonies pour la paix »). Ceux qui sont morts pour la France sont notre honneur à tous et, dans un monde où ce qui n’a pas de prix marchand ne semble plus avoir aucune valeur, il faut revenir à cette valeur : l’Honneur collectif dans le sang versé pour la Patrie.

A cet égard, donc, il salue cette initiative extrêmement féconde qui représente une belle et grande idée. Le Président de la République pourrait consacrer cette année le 11 novembre à donner corps à cette idée et à lui donner une forme légale, sans perdre le souvenir de 1914-1918 et sans supprimer d’autres journées existantes, qui prendrait une dimension très particulière et pourrait se transformer en projet de loi. Il précise qu’une éventuelle annonce est du niveau du Président de la République.

Le général Delort remercie Monsieur Guaino au nom des présidents d’association et lui soumet l’idée du port du Bleuet (symbole du 11 novembre et du 8 mai) par les autorités à cette occasion.

M. Henri Guaino estime que c’est effectivement une bonne idée à soumettre.

Le Général de Lapresle souhaite préciser qu’il faut éviter que cette commémoration tourne à la compassion et qu’il soit bien entendu que l’on honore des héros et pas des « victimes » et que ce soit là l’occasion d’insister sur le sens de cet engagement.

M. Henri Guaino confirme qu’il l’entend bien ainsi et que l’hommage rendu par le Président de la République aux Invalides s’adressait bien à des soldats morts pour la France et pas à des victimes.

Enfin, pour conclure et pour répondre à la question qui lui est posée par le Général Delort sur ce qu’il attend des associations pour le 11 novembre, Monsieur Henri Guaino souligne qu’il souhaite qu’elles fassent leur travail de la façon la plus enthousiaste possible, qu’elles se montrent et qu’elles agissent.

… en avant donc !
Général de corps d'armée (2S) Dominique DELORT
Président de la Saint-Cyrienne
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3 octobre 2011 1 03 /10 /octobre /2011 14:29

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3 octobre 2011 1 03 /10 /octobre /2011 14:19

 

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14 septembre 2011 3 14 /09 /septembre /2011 15:32


Comment rendre hommage aux militaires tués lors d’opérations extérieures, au nom de la France? « La mort au combat était autrefois une mort glorieuse, elle est en passe de devenir une simple mort violente, voire douteuse », s’était inquiété le général Israstorza, l’ancien chef d’état-major de l’armée de Terre (CEMAT), lors d’une journée d’études organisée aux Invalides par la revue Inflexions en avril dernier…

Au printemps dernier, le capitaine Bavoil, le président de l’Association de défense des droits des militaires (Adefdromil), avait adressé un courrier au maire de Paris, Bertrand Delanoë pour demander qu’un monument dédié à la mémoire des soldats morts en opex soit érigé dans la capitale. Selon l’association, cette requête aurait reçu un avis positif, bien qu’à l’époque, le financement et l’implantation de ce mémorial n’aient pas été précisés.

Le ministère de la Défense souhaite également la construction d’un monument de même nature à Paris. A cette fin, le général Thorette, ancien CEMAT et président de l’association Terre Fraternité, a été mandaté pour mener une mission de réflexion, laquelle doit rendre ses conclusions prochainement.

Mais le député UMP du Rhône, Philippe Meunier, membre de la « Droite populaire« , a pris tout le monde de court en déposant une proposition de loi visant à rendre obligatoire l’inscription des noms des militaires tombés au service de la France sur le monument aux morts de leur commune de naissance et de résidence. Même si certaines municipalités le font déjà , « il n’y a pas d’automaticité » a regretté le parlementaire sur les ondes d’Europe1, ce 13 septembre.

« Des milliers de soldats sont actuellement déployés sur différents théâtres d’opérations extérieures (OPEX). A ce jour, nous avons à déplorer le décès de nombreux morts pour la France, au Liban, en ex-Yougoslavie et en Afghanistan » peut-on lire dans l’exposé des motifs de la proposition de loi. « L’inscription sur une stèle des noms de ces soldats décédés serait une façon de montrer que nous ne les oublions pas et de se souvenir qu’ils ont été des hommes et des femmes bien décidés à honorer leur engagement quoi qu’il en coûte » y est-il encore écrit.

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