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8 janvier 2012 7 08 /01 /janvier /2012 07:36

cérémonie du 6 janvier 003Allocution prononcée par le Col (er) MICHEL Président des anciens TDM de Drôme Ardèche lors de la cérémonie pour la mémoire des 2 sous officiers légionnaires : l’adjudant chef Mohamed el GHARRAFI et le Sgt  Damien ZINGARELLI du 2ème régiment Etranger du Génie ,  le 6 janvier 2012

 

Merci au Souvenir Français de la Drôme, à l’initiative d’Yves GUILLOUD,  d’organiser une cérémonie d’hommage pour chaque soldat français disparu en opération.

Merci aux associations patriotiques qui ont répondu à cet appel. Ainsi elles montrent la solidarité du Monde Combattant avec les Armées.

Merci aux élus de toutes sensibilités politiques qui ont bien compris le sens de cette manifestation et qui s’y sont associés.

 Merci aux autorités militaires de la garnison de s’être associées à notre démarche, notamment à la délégation du Commissariat de l’Air. 

Merci enfin à tous ceux qui sont là ce matin pour témoigner leur reconnaissance à ce jeune soldat qui a donné sa vie pour son pays.

 

Aujourd’hui nous saluons la mémoire de 2 sous officiers du  2ème Régiment Etranger du Génie de ST CHRISTOL dans le Vaucluse, morts au combat au service de la France.   

Il sont donc les 77ème et 78ème  soldats tous grade et armes confondus, tombés au champ d’honneur en AFGHANISTAN depuis 2001. Au mois de novembre déjà nous avions salué la mémoire du Légionnaire Goran FRANJKOVIC du même régiment,  tué dans cette même région.

Voici les circonstances de leur mort et une  courte biographie officielle.

L'adjudant-chef Mohamed EL GHARRAFI et le sergent ZINGARELLI étaient arrivés en septembre en Afghanistan .. 

Leur mission consistait à conseiller les soldats du 33ème Bataillon (kandak) de l'ANA sur le terrain au cours des différentes opérations. Les deux sous-officiers étaient déployés au sein d’un Groupe français de Commandos Montagne du groupement de combat armé principalement par le 27ème Bataillon de Chasseurs Alpins.

Le 29 décembre, ils étaient engagés au sein d'un détachement, composé de  commandos français et de soldats afghans. Leur rôle était d'appuyer les unités de l'ANA. Héliporté pendant la nuit, le Détachement avait pris position sur les reliefs surplombant le poste de Jangali tenu par l'ANA. Les deux légionnaires terminaient l'aménagement de leur poste de combat quand un soldat de l'ANA a ouvert délibérément le feu sur eux, les blessant mortellement.

Cet homme a été immédiatement neutralisé. Son geste était prémédité. Il avait attendu que les 2 sous officiers retirent leur gilet pare balles pour tirer sur eux. Il avait d’ailleurs prévu de mourir, ce jour-là. En effet sous son uniforme, il était vêtu de blanc, et fraîchement rasé, selon le rite des martyrs islamistes. Les talibans ont d’ailleurs revendiqué cette action.


 

Contre de tels procédés quelle parade opposer ? partir ? continuer comme si de rien  n’était, en ayant la peur au ventre car ne sachant pas si le camarade de combat n’est pas en fait un ennemi ? Tel est le dilemme qui se pose désormais à nos soldats lors de certaines missions .

 

Agé de 39 ans, l'adjudant-chef Mohamed EL GHARRAFI était d’origine marocaine. Il avait rejoint les rangs de la Légion étrangère en décembre 1992. Il avait servi successivement au 1er REG à Laudun, et en Guyane au 3ème REI. Ses brillantes qualités de soldat et sa motivation lui avaient permis de réussir les tests de sélection pour intégrer les GCM du 2ème REG en 1999. Il avait été projeté trois fois en OPEX (Ex-Yougoslavie en 1993 et 1995, Tadjikistan pour PAMIR en 2009), il avait effectué une mission de courte durée en Guyane en 2004, des renforts à Djibouti en 2001, 2003, 2005 et 2007, au Liban en 2006 et deux missions au Tadjikistan et au Liban en 2010.

Promu adjudant chef le 1er décembre 2011, Mohamed EL GHARRAFI était marié et père de quatre enfants.

 

Originaire de St Claude dans le Jura, âgé de 27 ans, le sergent Damien ZINGARELLI avait rejoint la légion étrangère en 2005. Après sa formation initiale au 4ème RE de Castelnaudary, il avait décidé d'intégrer le 1er REC à Orange. Motivé, le sergent ZINGARELLI s'était porté candidat pour subir la sélection des GCM qu'il avait remporté avec brio, intégrant le 2ème REG le 21 janvier 2008.

En 2010, il avait effectué une OPEX en République de Côte d'Ivoire.

Le sergent ZINGARELLI était célibataire.

 

 

Le retour de leurs corps d’Afghanistan, a donné lieu à plusieurs cérémonies et manifestations.

A Paris tout d’abord, a eu lieu une cérémonie dans la cour des Invalides, et comme cela devient un usage, leurs fourgons mortuaires ont descendu les Champs Elysées encadrés par les motards de la garde républicaine et précédés par les gyrophares des pompiers de Paris. Enfin ils ont reçu l’hommage des associations rassemblées avec leurs drapeaux sur le Pont Alexandre3.

 Leurs obsêques ont eu lieu mardi au 2ème REG, à St Christol,  en présence du Ministre de la défense et du général CEMAT,

Ils ont été nommés  au grade supérieur. Ils ont reçu la Légion d’honneur, la médaille militaire et la croix de la valeur militaire.

Pourquoi vouloir en rajouter, diront certains, en organisant encore une cérémonie à Bourg les Valence. N’est ce pas trop ? N’en fait on pas trop ?

La réponse est simple. Non.

Il est important que nos soldats sachent qu’ils sont soutenus, qu’ils ne meurent pas dans l’anonymat, que leur disparition n’est pas un fait divers de plus de l’actualité et que dans toute la France des initiatives telles que la notre sont organisées.

Mais, au-delà de cet hommage, nous souhaitons que leur sacrifice ne soit pas oublié, comme ne doivent pas être oubliés tous nos jeunes disparus en opération extérieures. Oubli médiatique, après le bref couplet compassionnel auquel nous sommes habitués, mais surtout oubli par la population de notre pays.

L’inscription systématique de leur nom sur le monument aux morts de leur commune est bien sur la moindre des choses. Leur nom donné à une rue ou une place de la cité est une autre manière de  perpétuer leur souvenir et leur exemple. La construction d’un mémorial à Paris à la mémoire des soldats morts en OPEX est une autre initiative que nous ne pouvons qu’approuver

 

C’est surtout pour cela que nous soutenons avec insistance et détermination, l’instauration d’une journée nationale du souvenir, le 11 novembre pour honorer tous les soldats qui ont donné leur vie pour la France et notamment ceux des missions extérieures jusqu’à présent les grands oubliés de notre pays.

Nous verrons dans les prochaines semaines, si le projet de loi qui va être présenté au Parlement reçoit un accueil favorable de la part de nos élus de quelque bord qu’ils soient.

 

C’est pour cela que la démarche généreuse d’Yves GUILLOUD, relayée par d’autres associations patriotiques locales  doit être inlassablement  poursuivie. Elle a le mérite de nous interpeller  dans nos existences bien tranquilles.

Nous espérons que ces 2 nouveaux sacrifices de soldat ne seront pas vains et que l’action de nos unités dans ce pays déchiré par les guerres depuis si longtemps, contribuera à y ramener un état de droit et la paix.  

A l’épouse et aux 4 enfants de l’adjudant chef el GHARRAFI, à la famille du sergent ZINGARELLI, à toute la grande famille de la Légion étrangère et du Génie, nous présentons nos sincères condoléances.

Vive l’Armée française et vive la France.

cérémonie du 6 janvier 011

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30 décembre 2011 5 30 /12 /décembre /2011 09:07

adc-mohammed-el-gharrafi-29-12-2011 article demi colonneUn hommage particulier sera rendu aux 2 militaires français tués ce 29 décembre en Afghanistan, l'adjudant-chef Mohammed El Gharrafi et le sergent X ( sa famille souhaite que son nom ne soit pas rendu public) le vendredi 06 janvier 2012, à 11h00 au carré militaire du cimetière Gay Lussac de BLV, rendez-vous à 10h50 au square du Souvenir Français à l'entrée du cimetière.
le délégué départemental adjoint et président du Souvenir Français de BLV Yves-Henri Guilloud, le colonel Maurice Michel président des Troupes de Marine D.A, le colonel Michel Brault président des CV de la Drôme et président de l'amicale des anciens de l'aviation légére de l'armée de terre R.A invitent les adhérents et sympathisants ainsi que les associations patriotiques avec drapeau à assister à cet hommage et d'avoir une pensée pour ces soldats tués et leurs frères d'armes bléssés.

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30 décembre 2011 5 30 /12 /décembre /2011 09:00

el-gharrafiLe Sirpa Terre vient de communiquer la biographie de l'adjudant-chef (depuis le 1er décembre) Mohammed EL GHARRAFI, marié et père de quatre enfants, qui a rejoint les rangs de la Légion étrangère, le 3 décembre 1992, en souscrivant un premier contrat de 5 ans. En revanche, conformément aux voeux de la famille du sergent également tué ce matin en Kapisa, aucun élément biographique le concernant ne sera rendu public.

"Mohammed El Gharrafi effectue sa formation initiale au 4e Régiment étranger (4e RE - Castelnaudary) où il se fait d'emblée remarquer par sa motivation et sa rusticité. Il choisit alors d'intégrer le 1er Régiment étranger de génie (1er REG - Laudun) le 3 mai 1993.

Dès son arrivée dans son régiment, il montre de réelles qualités de soldat et confirme sa volonté de progresser en réussissant pleinement les stages de formation initiale à la fonction de sapeur de combat et de démineur. Toujours volontaire et discipliné, il donne entièrement satisfaction et est élevé à la distinction de 1ère classe le 3 octobre 1993. Bien intégré dans sa compagnie et maîtrisant tous les savoir-faire du sapeur d'assaut, il est naturellement désigné pour suivre la formation générale élémentaire et est nommé caporal le 1er octobre 1994.

Le 5 novembre 1996, il est désigné à sa demande pour servir au 3e Régiment étranger d'infanterie (3e REI) en Guyane française pour un séjour de deux ans.

A l'issue, le 1er juillet 1999, il se porte volontaire pour servir au 2e Régiment étranger de génie (2e REG) à Saint-Christol, qui est en cours de création, et s'investit dans toutes les formations montagne et groupe commando montagne. Il est nommé sergent le 1er novembre de la même année. Ses résultats lui permettent d'être promu sergent-chef le 1er avril 2005, adjudant le 1er octobre 2008 et, tout récemment, adjudant-chef le 1er décembre 2011.

Il a effectué trois opérations extérieures avant 2011 (FORPRONU en Ex-Yougoslavie en 1993 et 1995, PAMIR au Tadjikistan en 2009), une mission de courte durée en Guyane française en 2004, des renforts temporaires à l'étranger en République de Djibouti en 2001, 2003, 2005 et 2007, au Liban en 2006 et deux missions au Tadjikistan et au Liban en 2010.

En septembre, il est envoyé en Afghanistan, en Kapisa, au sein des Operational mentoring and liaison teams (OMLT) auprès du Kandak 33 de l'armée nationale afghane (ANA).

Le 29 décembre 2011 en début de matinée, alors que la Task Force LA FAYETTE (TFLF) et la 3e brigade afghane sont engagées en vallée de Tagab, il est mortellement touché en compagnie d'un autre sous-officier du Groupe commando montagne (GCM) de son régiment.

Les deux sous-officiers étaient déployés au sein du GCM du Battle Group TIGER. Ils étaient engagés au sein d'un détachement de liaison d'appui et de soutien (DLAS), armé conjointement par des forces françaises et afghanes, dont le rôle est d'appuyer les unités de l'ANA. Héliporté pendant la nuit, le DLAS avait pris position sur les reliefs surplombant le poste de Jangali tenu par l'ANA. Les deux militaires français terminaient l'aménagement de leur poste de combat quand un soldat de l'ANA a ouvert délibérément le feu sur eux. Le tireur a immédiatement été neutralisé.

L'adjudant-chef EL GHARRAFI est détenteur d'une citation du niveau brigade avec attribution de la croix de la valeur militaire, de la médaille d'outre mer avec agrafe « Liban », des médailles commémoratives françaises « Ex-Yougoslavie » et « Afghanistan », de la médaille d'or de la défense nationale avec agrafes « Légion étrangère » et « mission d'assistance extérieure » et du titre de reconnaissance de la nation.

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13 décembre 2011 2 13 /12 /décembre /2011 19:25

30aaa3c720c1c54496b9a8c45e0d0edbLe 27 octobre dernier, le colonel des Troupes de Marine Robert Jambon s’est tiré une balle dans la tête au pied du monuments aux morts d’Indochine érigé à Dinan. Ce n’est que plusieurs semaines plus tard que l’on appris les raisons de ce geste, qui, selon la lettre qu’il a laissée, n’est pas un suicide, mais un « acte de guerre ».

Cet ancien de la guerre d’Indochine, alors âgé de 86 ans, a voulu, par cet acte, dénoncer le sort de la minorité Hmongs, avec laquelle il combattit et qui est actuellement durement réprimée par le Laos communiste, qui ne leur a jamais pardonné de s’être rangée aux côtés des Français, puis des Américains lors de la guerre du Vietnam.

En tirant sa « dernière cartouche », le colonel Robert Jambon, promu au grade de commandeur de la Légion d’Honneur le 5 mai dernier, a ainsi voulu exprimer « sa part de honte » devant « la lâche indifférence de nos responsables face au terrible malheur qui frappe nos amis » Hmongs.

En 2010, cet ancien officier avait été choqué par la décision de la Thaïlande consistant à renvoyer au Laos 4.200 Hmong qui avaient fui les persécutions du régime laotien et surtout indigné par la relative indifférence de la France et des Etats-Unis.

« A part deux ou trois brefs communiqués, que personne n’a repris mais qui pourront, plus tard, servir d’alibi, et ce sont toutes les ‘belles consciences brevetées’ qui sont restées muettes, enveloppant dans un linceul de silence les 4.200 H’mongs partis pour leur dernier voyage » a-t-il écrit dans sa lettre expliquant son geste.

Un exemple de cette ingratitude parmi d’autres envers cette minorité : au début de cette année, le Pentagone a refusé de rendre les honneurs militaires lors des obsèques du général Van Pao, qui prit la tête d’une armée secrète Hmong, levée pour les besoins de la CIA….

« Quant à vous, les gouvernants sans honneur, vous, les grands ‘médias’ sans courage et vous, les ‘collabos’ sans vergogne, je vous crache mon sang et mon mépris à la gueule! » a encore écrit cet ancien colonel, pour qui les mots « honneur » et « fidélité » avaient encore un sens.

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10 décembre 2011 6 10 /12 /décembre /2011 21:33

AAALAT le 5 décembre 2011 à ValenceLes combattants volontaires de la Drôme ont participé comme chaque année aux cérémonies du 5 décembre commémorant la fin des combats en AFN. Tony Michanol, un ancien du 1ier Spahis, portait le drapeau. Le président, le LCL(er) Michel Brault, était présent accompagné de Marcel Roch, de Jean Pierre Veyret, de la secrétaire de la section, Mireille Lambert, et de quelques autres.

L'aviation légère de l'armée de terre, qui a combattu avec professionnalisme, courage et efficacité en AFN, était représentée par l'amicale des anciens de Rhône Alpes et par le lieutenant colonel Previsiani du GAMSTAT de Chabeuil. Pour l'occasion l'étendard de l'amicale faisait sa première sortie et une gerbe fut déposée par le président, le LCL(er) Michel Brault et par Jean Claude Marchand, le secrétaire. Quelques adhérents étaient venus pour commémorer la mémoire de ceux qui ont laissé leur vie là-bas, beaucoup de bérets bleus pour cette cérémonie, quel fierté d'être des leurs.

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21 novembre 2011 1 21 /11 /novembre /2011 20:33

385790 2159301062861 1256574082 31828678 1443473519 nAujourd'hui nous avons accompagné notre camarade Michel Mousseeff à sa dernière demeure. Il était né en 1928, avait été résistant, combattant volontaire et père/grand père exemplaire aimé et apprécié. Il avait souhaité que le drapeau des combattants volontaires de la Drôme, drapeau qu'il avait porté de nombreuses années, soit présent à ses obsèques, sa fille Yvette a fait le nécessaire pour que cela soit réalisé. C'est important d'accompagner un camarade à son dernier voyage et de soutenir sa famille. C'est le devoir de chacun de faire le nécessaire pour le bonheur de la famille et le respect de la volonté du défunt, il n'y a pas de plus belle récompense.

J'étais donc présent avec Stéphane Lambert qui portait le drapeau et Mireille Lambert notre secrétaire générale.

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21 novembre 2011 1 21 /11 /novembre /2011 20:06

A PROPOS DU FILM L’ORDRE ET LA MORALE

 

Pour en finir avec le mythe Legorjus

 

Témoignage de Jean Bianconi, otage à Ouvéa

 

 

Dans une interview publiée dans le journal Nice-Matin du 11 septembre 2011, Mathieu Kassovitz, réalisateur du film « L’Ordre et la Morale » sur l’attaque, en avril 1988, de la gendarmerie de Fayaoué (Nouvelle-Calédonie) au cours de laquelle quatre gendarmes étaient tués et 27 autres pris en otages, admettait « avoir choisi de raconter l’histoire du point de vue du négociateur du GIGN le commandant Legorjus.»

Après avoir vu le film de Mathieu Kassovitz tiré du livre de Philippe Legorjus « La Morale et l’action », et pris connaissance des débats, articles de presse et commentaires qui ont entouré la sortie de ce film, il me semble nécessaire de porter à la connaissance de tous ceux qui s’intéressent encore à ces événements quelques éléments d’information qui leurs permettront, je l’espère, de se faire une plus juste opinion des circonstances exactes de cette tragédie et de celui qui s’en veut le ‘personnage central’.

Les faits…

Philippe Legorjus et moi-même avons été retenus prisonniers dans la grotte d’Ouvéa dans la matinée du 27 avril 1988 dans les circonstances suivantes.

Envoyé sur place par le Procureur général qui voulait être tenu directement informé des opérations de recherche entreprises à la suite de l’attaque de  la gendarmerie de Fayaoué au cours de laquelle quatre gendarmes étaient tués et 27 autres pris en otage je rencontrais Philippe Lergorjus au PC du Général Vidal à Gossanah. Après une première tentative infructueuse d’approche de la grotte, suivant la prise en otage du lieutenant Destremeau dans l’après-midi du 26 avril 1988, Philippe Legorjus décidait de revenir sur les lieux le lendemain matin.

Parvenus aux abords de la grotte nous étions accueillis par des coups de feu. Philippe Legorjus essayait vainement d’entrer en contact avec les ravisseurs au moyen d’un porte-voix. Face au blocage de la situation, je demandais à Legorjus de me laisser parler aux Kanaks, prenais le porte-voix et proposais de venir jusqu’à eux pour écouter leurs revendications et amorcer un dialogue avec les autorités. Alphonse Dianou, qui était le chef du groupe de ravisseurs, après quelques hésitations, donnait son accord et autorisait deux anciens de la tribu de Gossanah à me conduire jusqu’à lui. Il demandait qu’à cette occasion de l’eau, dont ils étaient pratiquement privés depuis plusieurs jours, leur soit apportée.

Contrairement à la version donnée par Philippe Legorjus - et reprise dans le film -, cette entrée dans la grotte ne s’est pas faite de ma part de façon spontanée et irréfléchie mais après un dialogue assez long et tendu avec Alphonse Dianou qui nous tenait sous la menace de ses armes. Pour une raison inexpliquée, et à laquelle seul Philippe Legorjus peut répondre, celui-ci décidait brusquement de nous suivre alors que nous étions déjà engagés sur le chemin conduisant à la grotte tout en me disant que c’était « une connerie ». Il prétendra, et écrira plus tard, que son « instinct l’avait poussé à me protéger à tout prix ». Je pense pour ma part que cet homme, à l’ego démesuré, a tout simplement craint de se faire ‘voler la vedette’ d’un premier contact avec les ravisseurs. En voulant imposer sa présence à Alphonse Dianou, en méconnaissance totale de la coutume mélanésienne, Philippe Legorjus a commis une erreur de jugement qui aurait pu être fatale à six de ses hommes. Gilbert Picard, dans son livre ‘L’affaire d’Ouvéa’ (page 44) n’a pas manqué de relever cette erreur d’appréciation de Legorjus qui lui sera reprochée par la suite par ses hommes. Quant au capitaine Barril, dont nul ne peut mettre en doute le courage et la compétence en la matière, dans son ouvrage ‘Guerres secrètes à l’Elysée’, il écrit (pages 296 et 297) que : « Philippe Legorjus s’est fait capturer bêtement …. il a réussi ce que nous (lui et Prouteau) avions toujours su éviter : faire prendre des gendarmes en otages.» La vue de Philippe Legorjus vêtu d’un treillis militaire déchaînait la colère d’Alphonse Dianou qui faisait extraire de la grotte un gendarme et menaçait de le faire exécuter si celui-ci ne faisait pas venir à ses cotés les hommes qui l’accompagnaient.

A  l’appel de leur chef six hommes décidaient de le rejoindre, dont son adjoint, le capitaine Jean-Pierre PICON. Les six GIGN étaient conduits, menottés deux par deux, au fond de la grotte.  Alors que nous étions retenus, menottés à l’entrée de la grotte, à l’écart des autres otages, Philippe Legorjus retournait habilement la situation en sa faveur en exploitant au mieux un incident survenu dans la nuit du 27 au 28 avril. Des coups de feu tirés par des militaires aux abords de la tribu de Gossanah mettaient en émoi  les ravisseurs qui menaçaient de s’en prendre aux otages. Philippe Legorjus déclarait alors à Alphonse Dianou qu’il avait des contacts au plus haut niveau de l’Etat et qu’il pouvait intervenir auprès du général Vidal afin qu’il retire ses troupes positionnées entre la grotte et la tribu de Gossanah. Alphonse Dianou se laissait convaincre et relâchait Philippe Legorjus  qui partait dans la nuit rejoindre le PC du général. Il revenait dans la matinée pour aviser Alphonse Dianou du succès de son intervention auprès du général et lui proposait de poursuivre ses efforts de médiation. Alphonse Dianou acceptait cette proposition et Philippe Legorjus repartait porteur d’un message rédigé à la hâte par moi-même à l’intention de mon ami Frank Wahuzue à qui je demandais de venir sur place et d’intervenir auprès de ses amis indépendantistes pour qu’une solution pacifique soit trouvée. Alphonse Dianou désignait pour sa part Nine Wea, responsable politique FLNKS, comme contact et intermédiaire à la tribu de Gossanah.

De ce jour, et jusqu’à  la libération des otages, Philippe Legorjus ne devait plus jamais revenir à la grotte et n’avait plus, par conséquent, aucun contact personnel et direct avec Alphonse Dianou si ce n’est de façon ponctuelle par radio.

Ce premier geste de bonne volonté d’Alphonse Dianou était suivi d’un autre le même jour. Alphonse Dianou acceptait que je transporte à l’extérieur de la grotte avec l’aide d’Antonin - jeune kanak violemment maltraité la veille pour avoir conduit le lieutenant Destremeau jusqu’à la grotte -, un gendarme victime d’un malaise. Conformément à  ma promesse  je revenais  porteur d’eau et de nourriture pour les ravisseurs et otages. Antonin, craignant pour sa vie, s’enfuyait pour ne plus revenir, en dépit de la parole donnée.

Après le retrait des troupes à Saint Joseph, où le général Vidal avait installé son PC, la tension s’apaisait quelque peu dans la grotte.

Un va- et -vient quotidien s’instaurait entre la grotte et les gens de la tribu de Gossanah, qui nourrissaient ravisseurs et otages à midi tandis que moi-même me rendais chaque après-midi au PC du général d’où je ramenais, pour tous, médicaments et nourriture pour le repas du soir.

Cette situation aurait pu durer quelques temps si un événement imprévu et particulièrement inquiétant n’était venu troubler la quiétude ambiante.

A l’occasion d’une visite à la grotte de gens de la tribu de Gossanah certains  reconnaissaient parmi les GIGN menottés au fond de la grotte l’un d’eux, Jean-Guy Pichegru, comme étant l’auteur de coups portés à des anciens de la tribu pendant les opérations de recherche. Il était aussitôt conduit, menotté à son binôme, en haut de la plate-forme donnant accès à la grotte, mis en joue par Hilaire Dianou, ivre de fureur, qui menaçait de le tuer.

Je m’interposais et suppliais Hilaire Dianou de n’en rien faire en lui faisant valoir le caractère sacré des lieux. J’étais aidé en cela par les anciens de la tribu, Samy Hihage, gendarme mélanésien pris par deux fois en otage, qui sera d’un précieux réconfort pour les otages tout au long de leur détention, et Martial, plus spécialement chargé de la surveillance rapprochée des GIGN, qui s’est toujours conduit correctement à leur égard.

L’incident se terminait heureusement mais la crainte inspirée aux otages du GIGN par Hilaire Dianou, qui descendait régulièrement au fond de la grotte les menacer de mort et les bousculer, était telle qu’à compter de ce jour plusieurs d’entre ne devaient plus ressortir de la grotte - même pour leurs besoins naturels - jusqu’à leur libération.

La découverte par les ravisseurs, dans un sac abandonné par un militaire du GIGN au moment de sa reddition - outre une quantité impressionnante de matériels ultramodernes : lunettes de vision nocturne, révolvers de tireurs d’élites sur trépied…- d’une liste de membres du GIGN sur laquelle figurait le nom de Jean-Pierre Picon, qui avait commandé le peloton chargé d’éliminer Eloi Machoro en janvier 1985, ne leur laissait plus aucun doute sur la qualité de ces nouveaux otages parmi lesquels ils pensaient détenir Picon, et ajoutait encore à la menace pesant sur leur tête tant le risque était grand de voir celui-ci exécuté s’il venait à être identifié.

Sur l’instrumentalisation de Philippe Legorjus et le fait qu’il était sur le point d’aboutir à la libération des otages par la négociation…

Contrairement à ce qu’affirment Mathieu Kassovitz et Philippe Legorjus, qui s’efforcent de faire passer Bernard Pons et le général Vidal pour des bellicistes forcenés, l’autorisation de prendre contact avec  Franck Wahuzue était aussitôt donnée à Philippe Legorjus par Bernard Pons qui donnait également instruction au général Vidal de suspendre momentanément les opérations d’intervention. Un hélicoptère était mis à disposition de Legorjus pour se rendre à Lifou où il rencontrait Franck Wahuzue qui promettait de faire de son mieux mais se montrait très réservé sur une intervention des membres du Bureau politique du FLNKS.

Franck Wahuzue me dira plus tard « qu’il n’avait pas eu l’autorisation de se rendre à la grotte, le Bureau politique du FLNKS considérant que chaque comité de lutte était maître de ses actions et décisions. »

Cette position, que j’ignorais bien évidemment au moment où j’ai fait appel à Franck - tout comme j’ignorais que celui-ci avait fait partie de la délégation indépendantiste chargée de repérer les lieux quelques jours avant l’attaque de la gendarmerie -, condamnait par avance toute possibilité pour Legorjus de libérer les otages par le dialogue et la négociation.

Le rejet par Alphonse Dianou, en des termes qui ne peuvent être rapportés ici, de rencontrer l’archevêque de Nouméa qui s’était proposé comme médiateur, le fait que le lieutenant Destremeau et moi-même ayons été retenus prisonniers dans la grotte après y être entrés avec son accord pour amorcer le dialogue alors que la loyauté aurait voulu qu’il nous relâche après avoir exprimé ses revendications, le refus catégorique d’Alphonse de faire un nouveau geste d’apaisement en libérant les gendarmes mobiles, très fatigués après leur enlèvement à Fayaoué, et que je lui réclamais tous les jours, mes propres démarches auprès des coutumiers de la tribu de Gossanah et de Nine Wea - qui souhaitaient sincèrement une solution négociée - pour qu’ils interviennent en ce sens auprès d’Alphonse, ne peuvent que renforcer cette conviction.

Parmi nos ravisseurs, si tous regrettaient le massacre des gendarmes à Fayaoué, qu’ils n’avaient pas voulu, ni même envisagé, beaucoup rejetaient l’idée de se rendre et d’aller en prison - m’opposant ‘le verdict du procès de Hienghène’-, et considéraient qu’ils n’avaient rien à attendre d’une justice aussi ‘pourrie’,

Ce blocage de la situation n’échappait pas à Philippe Legorjus, qui, très vite conscient de l’inanité de ses efforts et du refus du FLNKS de répondre à ses appels, me suggérait, dès notre première rencontre à Saint Joseph, en présence du colonel Benson, peu après la menace d’Hilaire Dianou d’exécuter Pichegru, d’introduire dans la grotte un moyen de défense des otages.

Je repoussais tout d’abord cette suggestion, considérant cette demande comme contraire à mon éthique de magistrat. Ne voulant en aucun cas participer à une action de force contre les kanaks, j’acceptais seulement de faire passer une montre et deux clefs de menottes pour soulager les souffrances des GIGN qui étaient sévèrement menottés et gardés au plus profond de la grotte.

Cette demande d’armer les otages était reprise par Philippe Legorjus dans l’après-midi du 3 mai. Il me faisait valoir, toujours en présence du colonel Benson, que j’étais le seul en mesure d’agir pour protéger la vie des otages pendant l’assaut militaire qu’il me présentait désormais comme inéluctable.

Je précise qu’à aucun moment Bernard Pons ou le général Vidal ne sont intervenus dans le cours de ces discussions.

Conscient du risque encouru par les otages en cas d’assaut de la grotte, je me résignais à cette solution tout en prenant ma part de responsabilité et de risque, une fois l’assaut décidé, en restant à leur côté jusqu’au bout. Fort heureusement ces deux armes servaient uniquement à repousser les tentatives de nos ravisseurs de se saisir de comme boucliers humains alors que nous étions réfugiés dans un coin obscur de la grotte pendant tout le temps de l’assaut. Quatre balles sur les dix contenues dans les barillets des deux petits révolvers étaient tirées par les deux GIGN mis en possession de ces armes.

Sans remettre en cause la volonté sincère de Philippe Legorjus de négocier j’ai peine à croire qu’il ait pu s’impliquer autant dans la préparation de l’assaut de la grotte sans avoir été intimement convaincu de la nécessité de cette intervention dont il soulignait l’urgence une fois les armes rentrées dans la grotte.

En réalité Philippe Legorjus n’a jamais été en mesure de résoudre la libération des otages par la négociation et il est tout à fait faux d’énoncer, comme le fait Mathieu Kassovitz dans l’interview qu’il donne au journal Nice-Matin, le 11 septembre 2011, que Legorjus «croit dur comme fer qu’il va arriver à résoudre le problème par la négociation, alors que la décision de donner l’assaut a déjà été prise, et qu’on ne fait que l’instrumentaliser. » Pour s’en convaincre il suffit de se référer à ses propres écrits où il parle « d’ultime déception … » après qu’il ait vainement cherché à joindre, une dernière fois, avant l’assaut final, les responsables du mouvement indépendantiste, pour leur demander de convaincre Alphonse Dianou de se rendre.

Quant à la médiation Pisani, qui peut croire un instant qu’elle aurait reçue l’accueil enthousiaste d’Alphonse Dianou et de ses amis indépendantistes alors que celui-ci est à leurs yeux le responsable politique de ‘l’assassinat’ d’Eloi Machoro.

 

 

 

 

 

Les exécutions sommaires après l’assaut…

Plus graves sont les allégations « d’exécutions sommaires » après la reddition des preneurs d’otages proférées par Philippe Legorjus.

Contrairement au rôle qui m’est prêté dans le film je ne suis jamais intervenu pour « arrêter le massacre ». Je suis sorti de la grotte par la cheminée latérale en même temps que tous les otages et après la fin des opérations d’assaut. Plus aucun coup de feu n’a été tiré en ma présence et celle du général Vidal aux cotés duquel je me trouvais à compter de cette sortie. Je suis par contre intervenu auprès des militaires qui avaient rassemblé indistinctement dans un coin du cratère ravisseurs, porteurs de thé et anciens de la tribu de Gossanah, et même s’en prenaient à leur collègue mélanésien Samy Ihage, pour faire mettre à part ces derniers. J’intervenais à nouveau, au cours de l’après-midi, pour faire cesser des brimades à l’encontre des ‘porteurs de thé’ alors qu’ils étaient gardés, mains sur la tête et à genoux, dans une salle de l’école à Saint Joseph.

La mort d’Alphonse Dianou pose par contre un problème d’une toute autre gravité. Dans les minutes qui ont suivi notre sortie de la grotte je me suis longuement entretenu avec lui alors qu’il était allongé sur une civière, perfusé, un pansement au genou, son casse-tête fétiche entre les bras. A ma  question de savoir pourquoi il n’avait pas rendu les armes dès le premier assaut, ce qui aurait préservé la vie de plusieurs de ses compagnons, Alphonse m’a rappelé sa détermination totale à aller « jusqu’au bout de son engagement». J’ai pu constater, avant de le quitter pour rejoindre les officiers de police judiciaire chargés des premières constatations, qu’il avait toute sa lucidité et que sa blessure, pour grave qu’elle soit, ne semblait pas mettre sa vie en danger. Il n’est pas contesté, et l’enquête de commandement l’a établi, que des actes d’une extrême violence ont entraîné sa mort pendant son transport vers l’hôpital, après qu’il ait reçu les premiers soins que nécessitait son état.

Hormis ces faits condamnables je n’ai pas constaté d’exécutions sommaires après la fin des opérations d’assaut et ne peut donc me prononcer sur la véracité de ces allégations.

J’observe toutefois que les récentes déclarations de Philippe Legorjus, qui met en cause « des hommes du 11 ème choc et un gradé de l’EPIGN » dans ces exécutions, (journal Le Monde du 3/11/2011) sont en totale contradiction avec celles qu’il tenait le 12 mai 1988 dans une interview au journal Les Nouvelles Calédoniennes où il rendait un pseudo hommage aux « morts kanaks, tous tombés les armes à la main. »

Si, comme il le déclare aujourd’hui, « les débriefings ont bien montré qu’il y avait eu exécutions », il se devait de dénoncer immédiatement les auteurs de ces exécutions – GIGN ou autres - et ne peut regretter hypocritement aujourd’hui un défaut de sanction des « dérapages des forces de l’ordre » auquel il a contribué par son silence (voir interview du 3/6/2011aux Nouvelles-calédoniennes.)

 

 

La Morale de ce film…

 

Je ne reproche pas à Mathieu Kassovitz de mêler dans son scénario faits avérés et fiction, et de prêter au ‘héros’ de son film,  et ‘pour sa plus grande gloire’ une stature morale et héroïque qui ne peut que faire sourire ceux qui ont servi sous ses ordres à Ouvéa.

Je lui reproche, en revanche, dès lors qu’il prétend avoir voulu « approcher de la vérité » (Paris Match du 2/11/2011), de n’avoir pas pris plus de distance avec la version des faits qui lui a été servie par Philippe Legorjus.

Où est la morale lorsque la version des faits qui nous est donnée aujourd’hui est aussi éloignée de la vérité. Faux la libération des otages sur le point d’aboutir par la négociation. Mais faux, également, le révolver pointé sur la tête de Philppe Legorjus et les coups portés par Lavelloi et Hilaire pour l’obliger à faire venir six de ses hommes ; c’est un gendarme qui était face au fusil d’Hilaire, mais ni Legorjus ni moi n’avons été directement menacés. Le discours d’accueil d’Alphonse Dianou a été particulièrement rude et exalté mais il n’est pas nécessaire d’en rajouter. Hilaire Dianou, comme tous ses compagnons, s’est toujours comporté correctement à mon égard comme à l’égard de Legorjus pendant le peu de temps où il est resté dans la grotte. Faux le transport par Philippe Legorjus d’un gendarme à l’extérieur de la grotte. Faux encore les allers et retours de Philippe Legorjus entre le PC du général et la grotte. Faux les critiques portées à l’encontre des politiques. Faux la proposition par Alphonse de faire venir des journalistes dans la grotte ; ce n’est pas Alphonse Dianou mais Legorjus qui a proposé par radio la venue de journalistes par hélicoptère dans la grotte pour, soi-disant, lui permettre d’exprimer ses revendications mais, en réalité pour masquer l’arrivée des forces de l’ordre. Faux, enfin, l’interdiction par Bernard Pons à Legorjus de retourner dans la grotte. Ce n’est pas le ministre (Gilbert Picard ‘L’affaire d’Ouvée4, page 128) qui a pris cette initiative mais Legorjus qui l’a sollicitée « craignant pour sa vie s’il retournait dans la grotte. »

Mathieu Kassovitz qui prête avec talent sa voix à l’évocation de grands moments de l’histoire de la deuxième guerre mondiale devrait savoir qu’il est du rôle de l’historien de se démarquer des assertions non corroborées par les faits.

Si les scènes jouées par les acteurs mélanésiens, la coutume en particulier, sonnent justes et retracent bien l’état d’esprit qui était celui des gens de la tribu, soucieux de trouver une issue pacifique, et même celui de nos ravisseurs, dépassés par l’ampleur de l’événement, le film pousse jusqu’à la caricature l’opposition bons kanaks, gendarmes respectueux de la loi, méchants militaires. Les menaces quotidiennes contre les otages GIGN, la fatigue et l’angoisse des gendarmes détenus depuis plus de dix jours, sont soigneusement oubliées. De même les coups de feu tirés dans notre direction pendant l’assaut et les vociférations d’Alphonse, plusieurs fois répétées, que nous mourions tous avec lui au fond de la grotte.

Quant aux supposées tactiques politiciennes de Mitterand  et Chirac, qui seraient la raison profonde de la décision de donner l’assaut, elles n’ont jamais effleuré l’esprit des otages. Pour ma part je n’ai jamais eu le sentiment que cette décision  avait été l’enjeu d’un combat politique, et que Bernard Pons et le général Vidal n’avaient d’autre préoccupation que de trouver - avec le moins d’effusion de sang possible - le moyen de libérer au plus vite les otages, compte tenu de l’impasse dans laquelle se trouvaient les négociations et le danger permanent qu’encouraient les GIGN. Le film ne prend pas assez en compte, également, un aspect primordial à mes yeux, la détermination absolue d’Alphonse Dianou à libérer les otages au jour de la signature de l’indépendance kanake socialiste. Il n’était pas question pour lui de se faire « bluffer » comme Eloi Machoro, à qui Jean-Marie Tjibaou avait demandé de lever les barrages au prétexte que des négociations allaient s’engager. Seul le rapport de force pouvait, selon lui, obliger les gouvernants à signer l’indépendance.» Livré à lui-même, incapable d’apprécier la gravité de la situation faute d’informations extérieures, enfermé dans son délire d’indépendance, persuadé qu’il ferait « plier la troisième armée du monde » et « obligerait Mitterand à venir signer l’indépendance de la kanakie dans la grotte », Alphonse Dianou, qui se sentait lâché par le FLNKS, n’était plus accessible à l’idée de négociation. Prêt à mourir pour ses convictions, il l’a prouvé en refusant de se rendre jusqu’aux derniers instants de l’assaut et ne l’a fait qu’à la demande, plusieurs fois renouvelée, de ses compagnons.

L’histoire d’Ouvéa - la vraie, pas celle réécrite par Legorjus, n’est pas aussi simple et méritait mieux qu’une critique préconçue et à charge des seuls responsables politiques et militaires de cette opération. Quelle que soit la sympathie que l’on porte à la cause canaque la vérité oblige à dire que les kanaks, le bureau politique du FLNKS - comme tous ceux qui y ont été impliqués à un titre ou à un autre -  ont aussi leur part de responsabilité dans cette tragédie.

Mathieu Kassovitz aurait été mieux inspiré de suivre le conseil du professeur Jean Guiart qui, à la suite de la parution de l’ouvrage du général Alain Picard ‘Ouvéa quelle vérité ?’, écrivait à l’auteur, « après un commentaire acéré du livre », que son récit « aidera à rééquilibrer les jugements futurs sur l’affaire d’Ouvéa…Je le recommande à la lecture de la nouvelle génération indépendantiste, afin qu’elle apprenne que tout n’est pas toujours, seulement en blanc et noir (page 335).»

On pouvait, par contre, attendre un plus de rigueur morale, de discrétion et de modestie de la part de Philippe Legorjus qui, contrairement à ses grands anciens ou successeur : Prouteau, Barril, Favier, n’a pas assumé son rôle d’officier, en se mettant à la tête de ses hommes. Contrairement au rôle qu’il se donne dans le film ce n’est pas lui, mais le lieutenant-colonel Doucet qui dirige le premier assaut, et c’est le lieutenant Thimothée qui est à la tête du GIGN à cet instant.

Dans l’interview du 3 juin 2011 donnée aux Nouvelles calédoniennes Philippe Legorjus déclare « qu’il a « des sentiments confus sur cette partie du film, sur la façon dont j’accompagne l’assaut… » On peut comprendre ‘la gêne’ qui est la sienne à s’exprimer sur ce point, lorsqu’on sait qu’il s’est prudemment tenu à l’arrière du front lors de cette première tentative de délivrance des otages.

Quant au deuxième assaut, le général Vidal, moins confus, écrit dans son ouvrage ‘Grotte d’Ouvéa’ (page 130) qu’il n’avait « jamais su ce qu’il avait vraiment fait à Saint Joseph sauf qu’il avait pris une longue douche… et que son sentiment, partagé par d’autres, est qu’il ne souhaitait pas participer à un deuxième assaut. »

Les commandants Doucet et Jayot du 11ème choc et du commando Hubert, le colonel Laurent Thimothée, à l’époque lieutenant, qui a conduit le premier assaut à la tête des GIGN et a été gravement blessé à la tête, le chef Grivel, aujourd’hui capitaine, lui aussi sérieusement blessé, et bien d’autres encore, GIGN ou militaires des forces spéciales qui ont participé à ces deux assauts, auraient sans doute beaucoup à dire, s’ils n’étaient tenus au devoir de réserve, sur ‘la façon’ dont le capitaine Lergorjus - qui aura été, quand même, le seul à gagner des galons dans cette affaire -, a effectivement ‘accompagné’ l’assaut. Le témoignage du chef Michel Lefevre, qui a conduit le deuxième assaut, est à cet égard édifiant (Fayaoué magazine n° 85).

Lors des différents ‘débriefings’ qui ont suivi le retour à Satory du GIGN Philippe Legorjus refusera toujours de s’expliquer sur ses choix de ne pas faire reculer le groupe lors du premier contact avec les ravisseurs - qui aura les conséquences que l’on sait pour Picon et ses cinq compagnons -, de ne pas faire venir en renfort leurs camarades en attente à Nouméa, son ‘absence’ pendant l’assaut, se contentant de dire à ceux qui demandaient des explications « si vous n’êtes pas d’accord vous pouvez venir signer votre démission dans mon bureau. »

Il est consternant de constater que cet homme, assoiffé de notoriété, qui se rêvait dès les premiers instants de notre captivité, ‘en préfet, décoré de la légion d’honneur, qui allait écrire un livre’, qui se veut la conscience morale de cette opération militaire, cherche à exploiter pareille tragédie, dans le seul but de revenir sur le devant de la scène et régler ses comptes personnels.

C’est faire peu de cas de la mort de l’adjudant-chef Georges Moulié et des gendarmes Edmond Dujardin, Daniel Leroy et Jean Zawadzki, et des blessures graves portées au lieutenant Jean Florentin lors de l’attaque de la brigade de gendarmerie de Fayaoué ; de la mort au combat de l’adjudant Pedrazza et du soldat Veron, et de tous ceux qui ont risqué leur vie pour libérer les otages.

J’ose espérer qu’il aura la décence de reverser aux familles des victimes – toutes les familles – les royalties qu’il ne manquera pas de tirer de cette exploitation honteuse.

Sous les apparences d’une opération « Vérité sur Ouvéa » ce film ne donne qu’une vision partiale et inexacte des faits qui ne servira pas la cause de la réconciliation entre les communautés et portera un coup terrible à toutes les familles des victimes : gendarmes, militaires du 11ème choc tombés lors de l’assaut, kanaks, qui voient ainsi ravivée une douleur que seul le temps peut apaiser.

Il aura malheureusement fallu ce drame, qui marquera à jamais l’histoire de la Nouvelle-Calédonie, pour faire prendre conscience - à tous - que des concessions étaient nécessaires et rétablir le dialogue entre  les communautés. Puissent ce dialogue et la réconciliation entre les communautés persister quel que soit le devenir du Territoire.

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18 novembre 2011 5 18 /11 /novembre /2011 21:27

Aujourd’hui nous saluons la mémoire du Légionnaire de 1ère classe Goran  FRANJKOVIC sapeur au 2ème Régiment Etranger du Génie de ST CHRISTOL dans le Vaucluse, mort au combat au service de la France,.   

Il est le 76ème soldat tout grade et armes confondus, tombé au champ d’honneur en AFGHANISTANT depuis 2001.

Voici sa courte biographie officielle.

Comme vous le savez les légionnaires servent sous statut spécial et les éléments personnels disponibles donnés par l’autorité militaire sont parfois très limités.

Le Légionnaire Goran FRANJKOVIC avait 25 ans. Il s’était engagé en mars 2010 en souscrivant un contrat de 5 ans au titre de la Légion..

 Il effectue sa formation initiale au 4ème RE de CASTELNAUDARY. .

Il se fait d’emblée remarquer par sa motivation et sa rusticité. ce qui lui permet de choisir à la fin de cette formation, le 2ème REG basé sur le plateau d’Albion à Saint Christol, en aout 2010.

Dés son arrivée, il montre de réelles qualités de soldat  et confirme sa volonté de progresser, en réussissant sa formation technique de « sapeur de combat et de démineur. » 

Toujours volontaire et discipliné, il donne entière satisfaction et s’affirme comme un sapeur solide en obtenant notamment le brevet d’alpiniste et de skieur militaire.

Il est élevé à la distinction de légionnaire de 1ère classe le 1er février 2011.

Bien intégré dans sa compagnie,  et maitrisant tous les savoir faire du sapeur d’assaut, il est tout naturellement désigné en mars 2011 pour servir à partir de  novembre 2011 en AFGHANISTAN.

Il entame à partir de mars 2011 une formation minutieuse et rigoureuse de 6 mois pour préparer cet engagement opérationnel.  Au cours de cette période, il n’a de cesse de renforcer  son aguerrissement, notamment lors des exercices opérationnels auxquels il participe. C’est ainsi qu’il obtient la difficile qualification de « fouille opérationnelle », terme qui revêt sur le territoire afghan une signification toute particulière et dangereuse.  Une fois de plus, sa vivacité et d’esprit et son professionnalisme, font merveille.

Il rejoint donc l’  AFGHANISTAN il y a quelques semaines.  

   Le 14 novembre 2011, en milieu de matinée, un détachement du GTIA agissant dans la province de KAPISSA (armé depuis quelques semaines par un Bataillon de chasseurs Alpins), mène une opération au profit de l’armée afghane sur un axe important  de sa zone, afin de sécuriser le passage d’un convoi logistique  franco Afghan  Il doit notamment s’assurer que l’axe n’est pas piégé. Alors que l’élément génie dont fait partie Goran FRANJKOVIC est en tête du convoi, ce sapeur  légionnaire, est atteint, par balles tirées par des insurgés. .

Grièvement blessé, il est évacué vers l’hôpital français, où il décède des suites de ses blessures. Un autre légionnaire est également blessé dans cette action. 

C’était probablement l’une des premières missions de Goran en AFGHANISTAN. Le destin ne lui aura permis de mener plus loin sa jeune aventure. Il était célibataire.

Lors de ses obsêques militaires qui ont lieu aujourd’hui même au 2ème REG  en présence du Ministre de la défense et du général CEMAT, il sera nommé caporal et recevra la Légion d’honneur, la médaille militaire et la croix de la valeur militaire.  

Mais ensuite lorsque toutes les cérémonies seront terminées la vie reprendra ses droits et Goran FRANJKOVIC sera oublié, comme le sont tous nos jeunes disparus en opération. Oubli médiatique, après le bref couplet compassionnel auquel nous sommes habitué, mais surtout oubli par la population de notre pays.

 

Pourtant, ce soldat, comme tous nos soldats présents sur ce théatre d’opération,  oeuvrait au sein de la Force Internationale d’Assistance à la Sécurité (FIAS) mandatée par l’ONU pour contribuer au retour de la stabilité, au rétablissement de la paix et au développement dans ce pays. Si je dis tout cela,  c’est pour rappeler que nos soldats n’agissent pas dans n’importe quel contexte. Ils agissent en vertu d’un engagement pris par les dirigeants de notre pays, au sein d’une coalition internationale. Cet engagement commencé il y a maintenant plus de 10 ans, fait partie de notre quotidien et nous risquons de  le banaliser, voire d’oublier que des soldats français ont été et sont toujours chargés de l’exécuter, y compris lorsque une évolution, voire un désengagement est annoncé, voire programmé dans le temps. Même dans ce cas, pour eux la mission continue.

 C’est toute la grandeur, mais aussi toute la difficulté, l’abnégation de  ce métier de soldat, comparable à nul autre. C’est dans ce contexte, que nous devons considérer la disparition de Goran FRANJKOVIC.

Pourquoi ne pas honorer leur mémoire et les citer en exemple ?

Ne serait ce pas un message fort à faire passer au sein de la population et des plus jeunes ? Leur faire savoir qu’il existe des jeunes capables de tout donner pour leur pays à l’image de leurs grands anciens ? Le sacrifice de nos soldats n’aurait-il plus valeur d’exemple pour les générations actuelles ?

C’est pour cela que nous demandons avec insistance, l’instauration d’une journée nationale du souvenir, le 11 novembre pour honorer tous les soldats qui ont donné leur vie pour la France et notamment ceux des missions extérieures jusqu’à présent les grands oubliés de notre pays.

Pour nous la déclaration solennelle du Président de la République et l’hommage solennel rendu aux morts des opérations extérieures, et en particulier à ceux disparus en Afghanistan  en 2011, à l’occasion du dernier 11 novembre, est porteuse d’espoir.

Toutefois, nous verrons dans les prochaines semaines, si le projet de loi qui va être présentée au Parlement reçoit un accueil favorable de la part de nos élus de quelque bord qu’ils soient.

En effet comme le dit le général  de Corps d’Armée Dominique DELORS , Président du comité d’entente regroupant 47 fédérations ou Associations et  représentant prés d’un million et demi d’adhérents, dans un communiqué qu’il vient de nous faire parvenir à destination de tous les élus de toute sensibilité politiques :

« Les 47 Associations espèrent qu’un consensus se dégagera rapidement au Parlement. Comment en effet refuser à tous les - morts pour la France - de tous les conflits, dont, bien évidemment ceux des opérations extérieures menées depuis 50 ans, cet hommage national.

Puisse aujourd’hui, l’ancien combattant de 20 ans, de retour d’Afghanistan, honorer ses camarades, aux cotés de l’ancien combattant d’Algérie, d’Indochine, de Corée, de la 2ème guerre mondiale.

Puisse demain la mémoire de tous les morts pour la France ne pas s’estomper ;

Puisse enfin leur engagement pour la défense de la patrie, celle de la Liberté et tout simplement, pour l’exécution des missions reçues de la République, rester à l’avenir un exemple pour les jeunes générations de français ! ».  

 

C’est pour cela que la démarche généreuse d’Yves GUILLOUD, relayée par d’autres associations patriotiques locales  doit être inlassablement  poursuivie. Elle a le mérite d’interpeller nos concitoyens en leur rappelant que des jeunes continuent à donner leur vie pour le pays

Nous espérons que ce nouveau sacrifice de soldat ne sera pas vain et que l’action de nos unités dans ce pays déchiré par les guerres depuis si longtemps, contribuera à y ramener un état de droit et la paix. Nous les assurons de notre soutien. 

Aux proches de Goran FRANJKOVIC, à toute la grande famille de la Légion, nous présentons nos sincères condoléances.

Vive l’Armée française et vive la France.    

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18 novembre 2011 5 18 /11 /novembre /2011 15:58

17 novembre 2011 – 9:55

A l’occasion des cérémonies dédiées au 93ème anniversaire de le l’armistice qui mit fin aux combats du premier conflit mondial, le président Sarkozy a fait part de son intention de faire du 11 novembre « la date de commémoration de la Grande Guerre et également de tous les morts pour la France », à l’image de ce qu’il se fait aux Etats-Unis (Memorial Day, en mai de chaque année) et dans les pays du Commonwealth (Jour du souvenir).

Cette initiative a été notamment dénoncée par plusieurs candidats à la prochaine élection présidentielle, comme le socialiste François Hollande, qui ne souhaite pas « mélanger les commémorations », l’écologiste Eva Joly, qui voudrait faire du 11 novembre une « journée européenne de la paix », ou encore Marine Le Pen, qui a dénoncé « l’américanisation de la société française ».

Seulement, la proposition présidentielle semble avoir séduit une grande majorité de Français. Selon un sondage IFOP pour le JDD.fr, 64% d’entre eux sont favorables à l’instauration d’un Memorial Day à la française. Les sympathisants de l’UMP y sont favorables à 88%. De même que ceux du Front National, à hauteur de 59%.

A gauche, 48% des sympathisants y adhèrent. Et, surprise, 53% des personnes proches d’Europe Ecologie – Les Verts (EE-LV), mais aussi de Lutte Ouvrière, du NPA et du Parti de gauche, se prononcent également pour l’initiative du président Sarkozy. Seuls les sondés ayant une proximité avec le Parti socialiste y sont majoritairement dévaforables, à hauteur de 52%.

Si l’on considère l’âge des personnes interrogées, ce sont les plus de 65 ans qui sont les plus favorables à l’instauration de ce Memorial Day, à hauteur de 74%, tandis que 55% des moins de 35 ans y adhèrent.


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15 novembre 2011 2 15 /11 /novembre /2011 07:16

Y.H Guilloud président du comité de BLV et délégué départenental adjoint du Souvenir Français, le colonel M.Michel président D.A des Troupes de Marine et le colonel M.Brault président départemental des C.V et de l'amicale des anciens de l'ALAT-R.A 
invitent et prient, les adhérents, sympathisants, représentants d'associations patriotiques avec drapeaux de bien vouloir honorer de leur présence la cérémonie d'hommage au sapeur Goran Franjkovic, légionnaire du 2ème Régiment Etranger de Génie de St Christol, mort en Afghanistan ce lundi 14.
 Vendredi 18 novembre 2011 à 11h00 au carré militaire du cimetière Gay Lussac de Bourg-lès-Valence. Rendez-vous à 10h50 au square du SF à l'entrée du cimetière.

 

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